Les Journées du Patrimoine se dérouleront cette année les 14 et 15 septembre. Elle seront placées sous le signe d'un centenaire car bien que crées il y a 30 ans, les journées 2013 célèbreront l'anniversaire de la loi de Protection des Monuments Historiques. Voilà en effet bientôt 100 ans que celle-ci a été votée, le 31 décembre 1913.
Il est important de souligner combien ce texte, que certains qualifient de monument juridique, a permis de protéger nos plus beaux témoins du passé même récent, puisque ce sont 44 000 monuments qui sont ainsi classés ou inscrits. Notre histoire se trouve de cette manière préservée. La loi a d'ailleurs été complétée 30 ans plus tard pour que soit aussi protégés les abords des monuments et des sites.
L' architecte des bâtiments de France (ABF) est souvent mal perçu à ce titre par les collectivités locales car c'est lui qui se prononce sur le champ de visibilité des 5 00 m autour du monument et cela bien qu'il existe des périmètres de protection modifiée (PPM). Aujourd'hui la protection des monuments doit prendre en compte les innovations et les besoins notamment en matière écologique. La loi est aussi en "concurrence" avec d'autres textes définissant les secteurs sauvegardés, les sites classés, les labels (Patrimoine UNESCO...)...Le texte de 1913 a donc évolué au cours des années est c'est sans doute sa grande force. Ainsi le patrimoine industriel du XIXe siècle ou l'architecture du XXe siècle peuvent être classés faisant progresser le motif du classement non seulement aux éléments historiques mais aussi, d'un certaine manière, sociaux au regard ne serait-ce que de la population qui a travaillé dans les bâtiments incriminés.
Théodore Reinach le rapporteur persévérant et engagé du projet de loi de 1913 sur la protection du patrimoine
Mais à l'heure des coupes budgétaires et compte tenu du nombre de monuments et de sites classés (et ceux qui le seront à l'avenir), il est indispensable de trouver d'autres moyens pour entretenir ces lieux. Le mécénat prend tout son sens bien entendu et doit être développé davantage encore. Il en est de même pour les associations de sauvegarde ou autres qu se battent pour éviter une triste fin à une église, un château ou un lieu qui a fait notre histoire. Ce sont souvent des bénévles qui les animent et forcent notre admiration par leur énergie, leur entêtement et leur volonté. N'oublions pas non plus l'existence de la Fondation du Patrimoine qui constitue une aide et un appui précieux pour ceux, particuliers ou communes qui souhaitent restaurer leur "petit patrimoine" par exemple.
Sans cette loi de 1913, qui faisait suite à des textes existants mais beaucoup moins vastes, le premier datant de la Révolution, les autres ignorant le patrimoine du XIXe siècle, puis les apports législatifs postérieurs, le Marais ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui et ne présenterait pas l'attractivité que nous lui connaissons du fait de la concentration de bâtiments et de lieux restaurés avec intelligence qui témoignent de notre riche passé.
C'est une chance finalement que le baron Haussmann n'ait pas eu l'envie de détruire ce quartier pour le transformer, une chance ensuite que des passionnés aient permis d'attirer l'attention des pouvoirs publics et plus spécifquement d'André Malraux...Nous connaissons la suite.
Dominique Feutry