"La fête à Paris". Une façon de qualifier ce qui est trop souvent une vaste alcoolisation (Photo VlM)
Sans doute pressés par les professionnels de la nuit, l’élection du "maire de la nuit", différents articles et reportages des médias … deux des candidats aux élections à la Mairie de Paris ont fait part au fil de leurs déclarations de leur position quant à la "vie nocturne dans la capitale".
La mesure la plus ahurissante, qu'on prête à Anne Hidalgo serait, et nous la reprenons in extenso, de "sanctuariser les quartiers dédiés à la fête comme les Champs Elysées, la Bastille et le Marais… Dans les prochaines révisions du PLU dès 2014, les établissements de ce secteur devraient bénéficier d’une clause d’antériorité empêchant ceux qui achètent dans ces quartiers de contester leur comportement" !
Oui vous avez bien lu, une idée plus qu’électoraliste, une trahison à l'égard des parisiens, car les habitants qui sont installés depuis longtemps se retrouveraient tels les dindons d’une farce. Bien entendu cela ne serait pas seulement un avantage à l’égard des établissements de nuit mais du favoritisme antidémocratique et disons le anticonstitutionnel. Le facteur temps n'a jamais permis, sauf prescription qui ne s'applique pas ici, de changer une infraction en un acte licite. Une infraction est un acte répréhensible en soi. S'il était confirmé que Mme Hidalgo a prononcé ces mots, au-delà de leur stupidité, ils susciteraient des craintes sur l'égalité de traitement qui serait réservée aux parisiens si Mme Hidalgo était élue Maire de Paris.
Les habitants du Marais ont été sidérés en prenant connaissance de ces propos. Il en est certainement de même pour les riverains de la Bastille. Quant aux Champs Elysées il s’agit d’un quartier de bureaux. Pour les "rebelles" si une telle décision voyait le jour, leur sort est scellé : la députée PS Sandrine Mazetier a concocté un projet d’estocade finale consistant à faire condamner par la justice l’abus de recours au numéro d’urgence pour tapage nocturne. Elle refuse à ceux qui subissent la possibilité de se défendre contre ceux qui agressent. Elle nous expliquera ensuite qu'elle défend les faibles contre les forts !
De son côté Nathalie Kosciusko-Morizet s'oppose à l'idée d'un "Maire Adjoint à la Nuit" souhaitant plutôt réduire l’équipe si elle était élue, considérant qu’il s’agit d’une strate supplémentaire qui coûte aux contribuables parisiens la bagatelle de 600.000 € par an. Elle souhaite "trouver de nouveaux espaces, des lieux de transition en attente de requalification qu’on occuperait sur de courtes durées… ". Elle pense que certaines lignes du Métro devraient fermer à 02h00 du matin et non à 01h00 en semaine avec une ouverture toute la nuit le week-end.
Faire la fête pour oublier les tracas...
La décision qui consisterait à « ghettoïser », un mot plus adapté que "sanctuariser", des quartiers entiers de Paris en quartiers nocturnes labellisés "fête" est un non-sens total alors que l’on sait que Paris est la capitale d’Europe où la densité de population est la plus élevée. Au contraire il faut répartir et excentrer ces activités. A. Hidalgo parle de la Porte de Versailles des voies sur berge. N. Kosciusko-Morizet prône l’installation d’établissements dans des stations de Métro désaffectées ou des gares de la Petite Ceinture inutilisées, le sous-sol de La Défense disposerait d’espaces libres en nombre.
Ne nous leurrons pas, faire la fête la nuit est un business lucratif pour les établissements de nuit. Les consommations à 20 € sont monnaie courante qui excluent d’ailleurs ceux qui ont des revenus modestes. Vouloir sacrifier des quartiers entiers, pénaliser leurs habitants, pour des questions électorales face à une minorité agissante et, au final, satisfaire des fêtards dont une faible proportion habite Paris laisse pantois. Ne vaudrait-il pas mieux agir pour que puissent être ouverts plus tardivement aux parisiens nombre de piscines, de bibliothèques, de commerces autres que les bars et les restaurants.
Photo "Collectif des riverains du XIe"
Lorsque l’on sait par exemple combien il est difficile de trouver un taxi à la sortie des spectacles… Mais finalement les décideurs habitent–ils les quartiers qu’ils lâchent à la fête sans concertation avec ceux qui s’y sont installés souvent depuis longtemps pour son attrait qui peu à peu se délite et peut-être plus radicalement encore si l’état de « getthoïsation » est décrété. A-t-on oublié aussi que la majorité des touristes qui les visitent et consomment le font le jour et non la nuit ? Veut–on faire du Marais un désert vidé peu à peu de ses habitants, de ses commerçants, de ses artisans et de ses professions libérales et le remplacer par une activité duale, les musées le jour, la fête la nuit. Les candidats doivent bien réfléchir pour s’engager sur une telle voie dont les conséquences peuvent être ravageuses.
Dominique Feutry
La Ville de Paris s'embarque dans une démarche bien différente. Celle qui brigue la Mairie de Paris, avec toutes les chances d'y parvenir, veut créer des "quartiers festifs" où tout sera permis (pour la fête) mais où les habitants n'auront pas le droit de se plaindre du bruit et des nuisances dont ils sont victimes.
Pourquoi Anne Hidalgo veut-elle chasser les parisiens de leur domicile en rendant leurs quartiers invivables ?
Un parisien qui souhaite le rester.
Rédigé par : parisien | 02 décembre 2013 à 20:33
Le terme "sanctuarisé" utilisé par Mme Hidalgo est pour le moins étrange ; dans la définition du dictionnaire Larousse "sanctuaire" (de sanctus, « sacré») signifie : lieu saint en général ; et par extension : lieu protégé contre toute agression.
Veut-elle signifier que les gentils fêtards seront ainsi protégés des agressions des méchants riverains ? Il semblerait que cela soit la cas puisque ceux qui achèteront un appartement dans le Marais n'auront plus le droit de contester les comportements abusifs des fêtards.
Dans cette hypothèse, il deviendra impossible de vendre un appartement comme habitation dans un quartier "dédié à la fête" ; les appartements deviendront des bureaux et le Marais, vidé de ses habitants, pourra être rebaptisé "Soho Paris", un quartier où l'on ne dort jamais.
En toutes hypothèses, heureusement que l'association existe pour informer et protéger les habitants du Marais des projets aberrants des candidats à la Mairie de Paris.
Rédigé par : marie-catherine Weil | 29 novembre 2013 à 13:18
Il faut que la candidate qui siège encore actuellement à la Mairie de Paris, A. Hidalgo, rejette tout çà en bloc. En outre le PLU qui, "dès 2014, soutiendrait une "clause d'antériorité... epêchant de contester leur comportement": çà ressemble fort à l'impôt rétroactif qui fût préconisé pour l'Assurance-Vie, çà devient une manie!
Rédigé par : jean-pierre | 29 novembre 2013 à 00:13
Les propos de certains hommes (et en l'occurrence de certaines femmes) politiques sont consternants, car ils sont dans des positions de responsabilité, prennent des décisions qui impactent le plus grand nombre et votent des lois qui s’imposent à tous.
Mmes Hidalgo et Mazetier, l’une en proposant la création de « quartiers festifs » et l’autre en voulant une loi interdisant aux victimes de se plaindre, sont beaucoup plus dangereuses. Car elles s’attaquent à notre droit à nous loger où bon nous semble, à y rester, à nous plaindre si nous sommes victimes. Elles bafouent nos droits humains et constitutionnels.
Ceci est d’autant plus paradoxal que ce sont des élues de « gauche » qui devraient défendre le faible contre le fort.
Rédigé par : Gilles Pourbaix | 28 novembre 2013 à 22:38
Nous habitons dans le Marais depuis plus de 40 ans. Nous y sommes arrivés jeune mariés! Nous avons adoré ce quartier...Nous sommes horrifiés par votre article! Il faut respecter la quiétude de ses habitants et l'âme de cet endroit merveilleux ,si non,Paris ne sera plus vraiment Paris...
Si c'est ça, nous ne voterons pas pour elle!
Rédigé par : isabelle perrine | 28 novembre 2013 à 20:39
Comme Esten le souligne, la vacuité et l’arrogance des propos tenus par les « fêtards » est consternante.
Mais les propos des politiques le sont encore plus. Plus consternants, car ils sont dans des positions de responsabilité, car ils prennent des décisions qui impactent le plus grand nombre, car ils votent des lois qui s’imposent à tous.
Mmes Hidalgo et Mazetier, l’une en proposant la création de « quartiers festifs » et l’autre en voulant une loi interdisant aux victimes de se plaindre, sont beaucoup plus dangereuses. Car elles s’attaquent à notre droit à nous loger où bon nous semble, à y rester, à nous plaindre si nous sommes victimes. Elles bafouent nos droits humains et constitutionnels.
Ceci est d’autant plus paradoxal que ce sont des élues de « gauche » qui devraient défendre le faible contre le fort.
Rédigé par : Gilles P. | 28 novembre 2013 à 19:05
Si ce scandaleux programme est confirmé, cela reviendrait dans ces quartiers à chasser les Parisiens de chez eux, pour les remplacer par des touristes en location temporaire, seuls susceptibles pendant quelques jours de vacances de supporter le vacarme ambiant. Nous sommes nombreux à habiter le Marais depuis 10 ans, 20 ans, quelquefois 2 ou plusieurs générations. Nous vivons et travaillons à Paris. Au nom de quoi serions-nous chassés de chez nous, au seul profit d'intérêts mercantiles ? Je fais un rêve : et si on votait une loi pour imposer le respect du Parisien travailleur et père/mère de famille ? Nous demandons en tout cas instamment à Mme Hidalgo de clarifier sa position.
Rédigé par : Anaïs | 28 novembre 2013 à 17:31
Une mesure terriblement DISCRIMINATOIRE! Une forme de rejet primaire de la majorité de la population!
Premièrement, nous avons les élections pour sanctionner ce genre de proposition tout à fait démagogique. Deuxièmement, cette proposition antagonise les lois françaises actuellement en vigueur, et, donc, est-ce seulement constitutionnel?
En outre, on peut aisément imaginer si tant est que si cette Mme.Hidalgo-Delanöé était élue (ce qui, en l'espèce, serait un drame pour les riverains concernés), qu'il y aura soit à doubler les forces de police ou à faire travailler au moins 2 fois plus celles actuellement en charge; de même on peut s'attendre à ce que les bus ou les métros soient sollicités au-delà de la charge de travail des salariés actuels -même le dimanche (en heures sup.?). Et qui demande à la population de se prononcer par référendum sur une telle initiative (référence à la fameuse démocratie participative)?
Faudra-t-il descendre dans la rue? En bonnet tricolore?
Rédigé par : jean-pierre | 28 novembre 2013 à 16:49
Depuis 12 ans avec Delanoë , la priorité ça a toujours la TEUF, et
l 'économie méprisée, délaissée , le monde du travail maltraité et les transports publics pas du tout améliorés ( métro si sale ) ! La TEUF, toujours la TEUF !!! Et le commerce ? Aucun effort vers la commercialité de Paris ! Honte et écœurement sont mes sentiments !
Rédigé par : Jacques A. | 28 novembre 2013 à 16:19
Un café ou bar discret, voire même une disco qui sait tenir ses bruits, d'accord. En tant que résident du 3e depuis 30 ans, j'aime bien cette animation discrète. Mais le bruit des fêtards, sans parler de leur occasionnel feux des stands vélos, est inadmissible. Dans la rue comme dans la boîte, on doit rester inaudible pour le voisinage.
Rédigé par : John Davidson | 28 novembre 2013 à 15:48
Tout cela est en totale contradiction avec la volonté de la même majorité PS-EELV d'avoir 30% de logements sociaux dans le Marais, et la construction de nouvelles crèches dans le quartier.
"Sanctuariser" un quartier pour la fête, et y mettre en même temps plus de familles avec de jeunes enfants, c'est tout simplement absurde.
Rédigé par : Franck Boulin | 28 novembre 2013 à 15:37
Pour ce qui est d'une loi ou d'un décret invoquant l'antériorité, elle ou il devrait logiquement bénéficier au moins aux habitants installés AVANT l'établissement, dans le moins pire des cas ! Mais au point d'indécence où nous en sommes, le projet ne bénéficierait sans doute qu'aux "débits de boisson"...Ben voyons ! On est dans le trop banal discours pervers, où les victimes sont les bourreaux, le harceleur harcelé, l'arroseur arrosé...
Rédigé par : Monique B-F | 28 novembre 2013 à 15:37
Un article excellent qui montre à quel point les parisiens habitant depuis longtemps ou depuis peu souvent pour leur travail vont devoir lutter pour leur survie dans la capitale. Quelle que soit l'élu(e) il va falloir devant les électeurs que le(a) candidat(e) précise dans son programme si il(elle)écoute les sirènes du lobbies des noctambules ou si il(elle)compte protéger les habitants 1°en appliquant les règlements déjà existants 2° en interdisant la création de "quartiers festifs" qui seraient le signe d'une dictature galopante de la part d'une minorité. Comme le dit l'article, Paris est très dense et il vaut mieux excentrer les activités. De surcroît, la plupart des "fêtards" n'habitent pas Paris!
Rédigé par : Esten | 28 novembre 2013 à 14:12
Entièrement d'accord ! Nous devons nous battre contre toute forme de "zonage" : on doit pouvoir dormir, travailler et se distraire dans tous les quartiers de Paris. Avec 120 000 demandeurs de logements à Paris, il est hors de question de sacrifier ne serait-ce qu'un logement en le rendant inhabitable du fait de son environnement.
Rédigé par : Elisabeth Bourguinat | 28 novembre 2013 à 11:56