L'Hôtel de Ville après l'incendie
Le récent et important incendie de l’immeuble du 38 boulevard de Sébastopol (IVe) nous rappelle qu’à Paris les sinistres peuvent être violents et dramatiques. Heureusement pour celui du 20 décembre, il n'y a eu que quelques blessés légers.
Tout près de là, voilà un peu plus de 142 ans, au lendemain du 24 mai 1871, l’Hôtel de Ville n’est plus qu’une ruine fumante ayant entraîné la mort de 600 personnes incapables d’échapper au brasier. L’armistice avec la Prusse, signé 4 mois plus tôt, n’avait pas été accepté par les parisiens qui s’étaient battus pour que l’ennemi ne puisse pas atteindre la capitale. Ces derniers établirent alors leur propre gouvernement obligeant les dirigeants en place à s’établir à Versailles. Le gouvernement en place n’a pas accepté cette situation et lança des troupes contre les « insurgés ». Furieux et se sentant perdus, les communards se défendent bec et ongle et arrosent de pétrole le siège de la municipalité pour y mettre le feu, ainsi qu’aux Tuileries. Ces deux édifices sont devenus deux monuments « martyrs ».
Etat de la salle des fêtes après l'incendie
Des témoins de l’époque rapportent, outre le drame humain, l’importance des dégâts, le feu s’étant propagé à une vitesse fulgurante. Les pierres toute noires sont devenues friables. Les murs encore debout menacent de tomber à tout moment. Il ne reste plus grand-chose des magnifiques pièces, de la bibliothèque et des archives (dont l’état civil antérieur à 1860) réduites en cendres.
Ce n’est que deux ans plus tard que la décision de reconstruction est arrêtée. Un jury de 30 membres a dû choisir parmi près de 70 projets. Dix ans seront nécessaires pour terminer le chantier dont les architectes seront Edouard Deperthes dont l'autre garnd chantier fut la basilique de Sainte-Anne d'Auray et Théodore Ballu à qui l'on doit l'église de la Trinité (IXe).
Le bâtiment, imposant, est le plus grand d’Europe abritant une municipalité. Il est de style renaissance et reproduit l’ancien édifice en sa partie centrale. Les façades sont ornées de niches abritant les nombreuses statues de célébrités parisiennes (136) ayant compté dans l’histoire de la capitale. La salle des fêtes est très imposante, elle est souvent présentée comme la réplique de la Galerie des Glaces du château de Versailles. Elle est ornée de peintures représentant les provinces françaises (l’Alsace devenue allemande n’y figure pas, en revanche l’Algérie s’y trouve).
Il est difficile d’imaginer aujourd’hui sinon par des photographies et des témoignages, la ruine qui pendant deux ans s’est offerte aux parisiens qui passaient à cet endroit.
Dominique Feutry