Rue du Temple (IVe) : des motos à foison (Photo VlM)
La moto, en effet, plus généralement les deux-roues motorisés, a toute sa place à Paris et même beaucoup plus que sa place. Les trottoirs en sont envahis, qu'il s'agisse de parkings aménagés ou d'espaces livrés au stationnement sauvage.
Anne Hidalgo nous avait séduits en déclarant en janvier : "les motos doivent payer leur place sur l'espace public, comme tout le monde". Nous nous sommes dit qu'elle avait du bon sens et du courage. Le lendemain, l'association "Les Motards en colère" (ceux-là ne décolèrent pas même quand tout va bien) annonçait une grande manifestation dans Paris. Dans la foulée, Mme Hidalgo publiait une mise au point pour dire qu'il n'était pas prévu de taxer leur stationnement.
"Les Motards en colère" font la loi à Paris. Ils ont obtenu en 2007 la signature par Bertrand Delanoë et Denis Baupin d'une charte, "scélérate" car le Préfet de Police a refusé de la valider, qui les autorise à rouler et à stationner sur les trottoirs et à remonter les files de voitures. Leur force est dans leur capacité à mobiliser des centaines d'engins bruyants et polluants qui bloquent la circulation et créent un charivari avec leurs vrombissements et leur klaxons. Chaque fois qu'une autorité a des velléités d'introduire une mesure d'égalité, de sécurité ou simplement de bon sens, qui leur déplait, il leur suffit de brandir la menace et tout le monde se couche.
Il en est ainsi du contrôle technique. Obligatoire pour les voitures depuis longtemps, il est systématiquement rejeté par les motards en colère au motif que leurs accidents, qui sont nombreux, ne sont pas majoritairement dûs à des défaillances techniques. C'est un peu comme si on refusait de prévenir disons la tuberculose au motif que les gens meurent plutôt de cancers ou d'accidents cardio-vasculaires.
Résultat : la mise en place d'un contrôle technique réservé aux deux-roues motorisés est une question récurrente depuis le début des années 2000 chez les différents acteurs de la sécurité routière en France. Il y a eu en 2010 un décret du gouvernement Fillon, mais son application est toujours en suspens en 2014. Tant pis pour les accidents, tant pis pour les nuisances sonores, tant pis surtout pour la pollution aux particules qui s'ajoute aux autres causes connues, comme le Diésel.
A l'évidence Mme Hidalgo a voulu plaire aux utilisateurs de motos à la veille des élections. Elle a même poussé la flagornerie jusqu'à faire une virée à moto à travers Paris à l'arrière d'une grosse cylindrée, en compagnie de Tatiana de Rosnay, égérie de "Toutes en (sic) moto", une association de femmes motardes ("Le Parisien" du 9 février 2014).
Reconnaissons que si le nombre de voix qu'Anne Hidalgo a gagnées en faisant ce geste dépasse celui des voix perdues du fait de parisiens mécontents de la prolifération anarchique de ce moyen de transport, elle a eu raison, de son point de vue, de le faire. Vos commentaires nous diront si, à notre échelle au moins, elle a vu juste ou s'est simplement fourvoyée.
Gérard Simonet
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