La plaque imposante de la façade du 5 rue de Sévigné (IVe)
Au 5 de la rue de Sévigné (Ive) une imposante plaque en marbre apposée sur la façade de l'immeuble, non loin de la caserne de pompiers, porte la mention suivante :
« Dans cette maison François-Vincent Raspail promoteur du suffrage universel né à Carpentras le 24 janvier 1794, mort à Arcueil le 7 janvier 1878 donna gratuitement ses soins aux malades de 1840 à 1848 ».
Certes ces lignes sont explicites et sibyllines à la fois et peu de passants, même curieux, font attention à la plaque. Moins nombreux encore sont ceux qui connaissent ce personnage haut en couleurs de notre histoire. Qui était donc ce François-Vincent Raspail ?
Fils d'aubergiste Raspail se destinait à la prêtrise mais il fut renvoyé et après des études au collège d'Avignon, il rejoignit Paris afin d'y suivre des études de sciences physiques. Professeur dans plusieurs collèges, il fut remercié de l'enseignement pour avoir trop exprimé ses idées républicaines. Il se consacra alors à ses études de médecine. Fondateur du journal "Le Réformateur", il fut blessé lors des fameuses journées de juillet 1830, il fit de la prison à plusieurs reprises et écrivit dans sa cellule des ouvrages scientifiques dont l'Essai de chimie microscopique. En ce sens il est l'initiateur de la théorie microbienne.
Sa notoriété naîtra lors du procès retentissant de Mme La Farge, où il critiqua vivement l'expertise de son collègue le docteur Orfila. Grâce à son son "Manuel de la santé" il vulgarisa la médecine auprés des français modestes et plublia d'autres ouvrages du même type qui recontrérent tous beaucoup de succès. Il élabora même une recette d'elixir qui connu une grande notoriété.
Revenant à la politique en 1848, il fonde un nouveau journal , "L'ami du Peuple". Il est condamné à 6 ans d'empriosonnement à la suite d'une manifestation interdite de soutien à la Pologne. Ayant purgé sa peine il s'exile en Belgique et ne rentrera en France qu'en 1863. Elu député, il s'insurgea contre la répression de la Commune et fut condamné à nouveau. Réélu député en 1877, il mourut un an plus tard sans avoir obtenu l'amnistie des communards.
Esprit fort et soucieux des plus pauvres, éclectique dans ses savoirs F-V Raspail publia de nombreux ouvrages de sciences naturelles, de botanique, de zoologie, de médecine légale et de paléontologie. Il agaçait ses contemporains tant par ses positions politiques que par ses critiques à l'égard des savants de son époque.
La plaque de la rue de Sévigné ne mentionne donc pas tous ses savoirs et si Raspail donna des soins gratuits comme cela est écrit, c'est peut-être aussi parce qu'il disposait de larges revenus provennant de ses droits d'auteur.
Soulignons enfin que ce savant politique eut 5 fils qui furent tous des personnalités importantes en leur temps.
Dominique Feutry