La rue Pastourelle au débouché de la rue des Archives. Au fond l'intersection avec la rue Charlot
La rue Pastourelle (IIIe), longue de 135 m, commence rue Charlot et finit rue du Temple face au débouché de la rue de Gravilliers.
Elle porte en fait le nom du seigneur de Groslay, Jean Pastourel, membre du Parlement qui possédait au début du XIVe siècle une maison dans cette rue. Cette appellation lui fut donnée lors de la réunion, en 1877, de deux rues situées de part et d’autre de la rue des Archives, la rue d’Anjou-au-Marais et la rue Groignet. Cette voie s'appelait rue Groignet car un mesureur des blés du Temple portant ce nom y occupait une bâtisse. Cette dénomination avait remplacé celle de rue Jehan de Saint Quentin un autre habitant de l'époque, ce qui prouve qu'autrefois les rues se voyaient attribuer le nom de certains de leurs occupants.
Cette rue située à l'origine hors de l'enceinte de Philippe Auguste est intéressante car nous y trouvons plusieurs témoignages de notre histoire. Le premier d'entre eux assez inattendu concerne le N° 23 où résidait le culottier Bérard, auteur en 1793 de la chanson «La Carmagnole».
La coutellerie Apollonox installée rue Pastourelle (carte ancienne notrefamille.com)
Le N° 7 a appartenu à Pierre d'Hozier qui fut généalogiste de la cour et à qui la généalogie doit d'être devenue une science. Il avait notamment pour tâche au XVIIe siècle d'être « commis pour certifier la noblesse ».
Au N° 5, l'Hôtel de Montauglan se caractérise par son escalier et ses ferronneries.
Au N°10 débouche la très étroite rue de Beauce qui rejoint la rue de Bretagne et permet d'accéder au Marché des Enfants Rouges.
L'hôtel de Saban (voir notre article du 17 octobre 2012) se trouve au N° 17, il fait l'angle avec la ruelle Sourdis. Entièrement restauré il est depuis 1920 le siège de la Société Nouvelle Janvier Gruson Prat S.A.R.L. qui pratique encore l'emboutissage de pièces en métal et en cuivre destinées aux secteurs de la mode, de la bijouterie et de l'ameublement. Cet exemple plutôt rare rappelle combien ces rues devenues si bourgeoises de nos jours (des personnages politiques et du monde du spectacle y habitent) ont vécu un passé plus industrieux fait d'ateliers, d'artisans (il reste encore quelques bijouteries, un enfileur de perles et un argenteur en étage) et même de petites usines telles la coutellerie Apollonox (au N° 31) ou le lunetier Lissac, ex Société des Lunetiers devenue Essilor...
Dominique Feutry