Au Mémorial de la Shoah, une exposition, « éprouvante, historique et pédagogique », comme le dit son texte de présentation, montre un ensemble de films tournés de 1941 à la Libération par l’Armée Rouge découvrant les massacres, les exactions, puis les horreurs des camps, épouvantables conséquences de l’idéologie nazie.
Si les opérateurs qui travaillaient sous le contrôle politique du pouvoir russe intervenaient au départ avec beaucoup de liberté, progressivement tout fut davantage encadré par la censure qui mettait en avant des impératifs militaires et politiques essentiellement.
Certains faits historiques terribles ont été passés sous silence. Des scènes ont été tournées sous forme de reconstitutions qui ne trompaient personne… Même des images réalistes montrant les soldats de l’Armée Rouge pourtant victorieux étaient occultées lorsque Staline les jugeait par trop négatives car ses troupes étaient à la peine. Il a été décidé aussi à cette époque de filmer sans management les exactions commises par les allemands en 1942-1943 afin de provoquer un choc dans les consciences russes et développer un sentiment de vengeance qui a compté ensuite lors de la Libération…
L’exposition montre aussi l’ouverture des camps mêlant de curieuses reconstitutions insistant sur l’accueil réservé aux militaires soviétiques. La fin du parcours propose des scènes relatives à la vengeance populaire et aux procès.
Des images rares, certes éprouvantes mais ô combien instructives qu’il faut absolument aller voir en ces temps de forte tension.
Filmer la guerre : les Soviétiques face à la Shoah (1941-1946), jusqu’au 27 septembre 2015 au niveau 1, 17, rue Geoffroy-l’Asnier (IVe)