Photographie de l'époque de l'intérieur du Bazar de la Charité en cours d'installation
Chaque semaine qui passe semble apporter son lot de catastrophes de par le monde et aucun pays n'est épargné ni à l’abri. Cette dure réalité n’est pas seulement actuelle, l’histoire est faite aussi d’événements douloureux. Certains restent très présents, notamment les deux dernières guerres mondiales mais il ne faut pas oublier des faits divers qui ont eu un grand retentissement à leur époque qui ont été peu à peu oubliés au fil du temps.
C’est le cas notamment de l’incendie du Bazar de la Charité qui voilà 118 ans jour pour jour, le 4 mai 1897 a provoqué la mort de 129 personnes, des femmes pour la grande majorité. Le Marais compta 4 victimes des familles Haudecoeur et Rabery habitant aux 23, 55 et 58 rue des Archives et Potdvin domiciliée 19 rue de Sévigné.
Fondée en 1885 par des aristocrates, cette vente de charité qui s’était installée à différents endroits de Paris avait lieu chaque année. En 1897 un terrain disposant d’un hangar en bois de 80 m de long est loué 15-17 rue Jean Goujon (VIIIe). Chaque œuvre de charité représentée disposait d’un comptoir pour vendre au profit des orphelins et des pauvres notamment, des objets collationnés par l’association.
Pour attirer les visiteurs et rendre la manifestation originale une vieille rue de Paris avait été reconstituée faite de la réutilisation de décors de théâtres. Un vaste vélum goudronné servant de plafond surmontait l’ensemble, d’autres toiles goudronnées étant utilisées comme cloisons, notamment celle qui permet d’abriter une des attractions, le cinématographe fonctionnant à avec une lampe à éther. Le film de l’arrivée d’un train en gare de La Ciotat tourné par des frères Lumière est inscrit au programme.
La Bazar de la Charité le lendemain du sinistre
Une mauvaise manipulation lors du rechargement de la lampe en plein après-midi et l’incendie se propage à une vitesse fulgurante sur les matériaux inflammables, le vélum en particulier. La panique gagne les centaines de personnes présentes qui tentent de fuir souvent en vain car il y a peu de sorties et la bousculade empêche d'avancer. Un quart d’heure suffira pour tout détruire et faire plus de 120 morts et disparus, la sœur de Sissi, la duchesse d’Alençon étant parmi les victimes. En apprenant la mort de sa nièce, le duc d’Aumale à qui l’on doit la reconstruction du domaine de Chantilly et ses immenses collections d’objets d’art succomba des suites d’une crise cardiaque.
Les journaux de l’époque ont polémiqué sur cette affaire, les hommes plus forts ayant pu s’enfuir plus facilement que les femmes… En réalité aucune règle de sécurité n’existait et cet évènement est à l’origine de la réglementation en la matière tant pour faciliter l'évacuation que pour l’emploi de matériaux ininflammables.
Chapelle Notre Dame de la Consolation 23 rue Jean Goujon (VIIIe)
La chapelle Notre Dame de la Consolation a été édifiée sur les lieux précis du drame. Elle appartient à l’association « Mémorial du Bazar de la Charité ». La Ville de Paris a financé de son côté un monument à la mémoire des victimes visible au cimetière du Père Lachaise.
Pendant un temps, et heureusement la technique a évolué, les projections de cinéma ont été interdites.
Dominique Feutry
Sources : Articles de journaux relatant l’événement.