Livraison des pièces de l'exposition (8 mars 2017)
Eva Meyer tient une galerie d'art au 5 rue des Haudriettes (IIIe). Elle était il y a 18 mois rue Michel le Comte et dans le Ve auparavant. Elle accueille en ce moment un artiste qui interpelle : Stéphane Bérard, qui présente ici une "sculpture d'intérieur" qui n'est rien d'autre qu'une carcasse de voiture, certes "re-travaillée", mais qui diffère peu de ce qu'on peut trouver dans une décharge.
La galerie et lui n'ont pas hésité à acheminer cette marchandise de grande taille dans une rue qui n'est pourtant pas très large et à l'installer dans un local qui voit généralement passer des objets moins encombrants. La manœuvre complexe a pris du temps. Personne ne s'étonnera d'apprendre qu'elle a déclenché un concert de klaxons nourri.
L'oeuvre installée : "Dream Machine, lampe d'ambiance dont l’orientation de ses oscillations sont indexées sur les ondes cérébrales à des fins de relaxation (Mobilier fantaisie 2017)"
Faites comme nous, entrez dans cette galerie et dialoguez avec ceux qui la tiennent car il faut essayer de comprendre ce qui sous-tend ce mode de création. Un indice, qui n'est pas visible sur la photo, la voiture renversée est un véhicule de police dont le gyrophare continue à clignoter sur le toit. Le thème de l'exposition nous éclaire un peu plus : "give violence a chance" (donnez une chance à la violence).
On comprend que Stéphane Bérard est à sa manière un révolté, qui a participé assidument à l'épisode de "Nuit debout" l'an dernier. Il revendique la recherche "d'une esthétique et d'une élégance qui contrastent avec la brutalité des matériaux utilisés". Soulignons qu'il est éclectique, ce que l'exposition ne dit pas, et qu'il est actif dans plusieurs disciplines qui incluent la poésie, la littérature, le cinéma et la musique.
Le moment est venu à l'évidence de reconnaitre que l'art d'aujourd'hui a cessé d'être à la recherche du "beau" pour devenir un moyen d'exprimer ce qu'on éprouve, et de chercher un écho, quitte à faire preuve d’arrogance et de présomption. Stéphane Bérard plaide qu'il développe "une pratique protéiforme et processuelle" dans toutes les disciplines qu'il a investies.
Nous voilà prévenus. Il reste à chacun à se prononcer sur la façon dont le message est reçu.
GS