Une des photographies exposées actuellement au Pavillon de l'Arsenal dans le cadre de "Paris-Haussmann, le pari d'Haussmann"
Nous vous avions annoncé dans un article du 30 janvier 2017 la trés intéressante exposition "Paris-Haussmann, le pari d'Haussmann" qui se tient actuellement au Pavillon de l'Arsenal. Dans ce cadre une conférence particulièrement documentée et étayée "Paris Haussmann-Modèle de Ville" a été donnée le 8 mars par les deux architectes Umberto Napolitano et Franck Boutté, commissaires de l'exposition. Ils ont passé « au crible » devant une salle comble les réalisations d’Haussmann et de son équipe pour en tirer des grands principes pouvant être appliqués dans le contexte et les normes d'urbanisation et de construction actuels.
Il a tout d’abord été rappelé qu’en 60 ans (1853-1914), période sur laquelle s’est étendue la puissante dynamique haussmannienne, 60% du territoire parisien a été construit ou reconstruit de 60 000 immeubles nouveaux.
Se fondant sur les tracés des enceintes anciennes qui entouraient Paris, sur des repères définis souvent pas les monuments existants, « la transformation de Paris par Haussmann peut se lire comme une manipulation des cinq éléments constitutifs du paysage urbain : les voies, les limites, les nœuds, les points de repère et les quartiers.
L’idée de la ville selon Haussmann s’étend à tout l’environnement construit, depuis les percées et le mobilier urbain jusqu’aux façades des immeubles, à leurs éléments de langage et au vocabulaire de leur ornementation qui marquent de leur identité tant l’espace public que la sphère privée. »
L’étude présentée montre que malgré une densité du bâti de 66%, le maillage haussmannien en termes d’accessibilité donne “un périmètre marchable » sur 400 m de 1er ordre comparé à d’autres villes et il en est de même de l’accessibilité des services.
La ville est qualifiée de résiliente en ce sens qu’elle est durable puisqu’elle peut absorber les changements tout en gardant sa structure (avec une grande cohérence de la ville du dessus et de la ville du dessous) et un surdimensionnement initial qui facilite mutations et évolutions.
« Le tissu parisien est constitué de 3385 îlots « … bâtiments uniques dans lesquels ont été évidées des cours qui sont très hétérogènes en forme et en taille mais similaires dans leurs typologies du fait de constituants identiques. »
“En planifiant la ville par le vide – rues, repères urbains et espaces publics –, Haussmann découpe des « plaques urbaines » de superficies et d’échelles variables... L’îlot est le véritable outil de la densité, de cette incroyable compacité qui place Paris parmi les villes les plus denses au monde et en fait la singularité.”
Enfin il est rappelé que « les immeubles destinés à la location varient de cinq à sept étages avec un rez-de-chaussée pour les commerces s’il est sur un boulevard, la loge de gardien. Puis on trouve un entresol, le 2ème étage bénéficie d’une hauteur sous plafond plus importante et d’un balcon. Les 3ème et 4ème étages identiques ont une hauteur inférieure, le 5ème étage est pourvu d’un balcon, le 6ème étage est plus bas de plafond et abrite en soupente les chambres des domestiques. »
En conclusion, il ressort que le Paris d’Haussmann apparait encore aujourd’hui, malgré bien des évolutions, comme une référence tant aux plans de la résilience, de la densité, de la connexité, que porteur d’identité, d’intensité de mixité et d’attractivité. Une belle leçon du passé.