La salle du théâtre Déjazet et son magnifique plafond peint (Photo TD)
La pièce actuellement à l'affiche, « Le malade imaginaire », salué par la critique, met sous les projecteurs le théâtre Déjazet situé à l'extrême limite du Haut Marais (IIIe).
Installé sur le boulevard du Temple au n° 41, non loin de la place de la République. Il est le dernier d’une longue série qui au cours du XIXe siècle attiraient de nombreux spectateurs. Avant d’être un théâtre ce lieu était une salle de jeu de Paume construit à la fin du XVIIIe siècle par Bélanger à la demande du Comte d’Artois. Transformé en établissement de bains à la Révolution puis désaffecté il devient pendant une courte période un café-concert avant que n’y soient donnée des opérettes. Des travaux sont entrepris ensuite, nous sommes en 1854, par deux associés qui achètent les murs et font transformer la salle de telle sorte qu’elle puisse accueillir plus de 800 spectateurs. Le nouvel ensemble est appelé « Folies Nouvelles »! De nombreuses pièces, souvent des créations, y sont joués, notamment semble-t-il, « Oyayaye ou la Reine des îles », une œuvre aujourd’hui oubliée d’Offenbach.
L'entrée du théâtre Déjazet 41 boulevard du Temple (IIIe)
C’est en 1859 que la comédienne Virginie Déjazet se voit autorisé à exploiter le a salle qui adopte son nom qui est toujours le sien aujourd’hui « Théâtre Déjazet » bien qu’après la Commune, la dénomination « Folies Nouvelles » ait été reprise, Puis celle « Troisième Théâtre-Français » pouvant accueillir alors jusqu’à 1 00 personnes suite à de nouveaux travaux. De faillites en changements et travaux de mise aux normes, de nombreux comédiens et directeurs se succèdent ensuite. L’électricité est installée en 1895. Au début du XXe siècle, le Vaudeville redonne des couleurs au théâtre où de de nombreuses pièces remportent de francs succès. La pièce « Le tire au Flanc » dépasse ainsi la millième représentation et bien plu après des reprises ultérieures ! La concurrence du cinéma va porter un coup fatal tel que le théâtre Déjazet devient un cinéma en 1939. Second balcons et loges sont alors supprimés.
Lorsque Jean Bouquin s’intéresse au lieu et rachète le bail en1977, la Banque de France étant alors propriétaire des murs, il est question de fermeture et de création d’un supermarché. Ce n’est qu’au prix de nombreuses démarches administratives couplées à d’importants travaux que Le France, nom donné en 1964 au cinéma redevient le théâtre Déjazet où se produit Coluche tout en maintenant un temps l’activité cinéma. Après un essai de Music-hall. Fermé pour des questions de sécurité, l’ensemble est loué en 1985 par des « amoureux de la chanson » et après de nouveaux aménagements le TLP-Déjazet ouvre en 1986. Nombreuses sont alors les célébrités qui s’y produisent de Léo Ferré en passant par Maurice Baquet, Leny Escudero, Mouloudji, Georges Moustaki, Claude Nougaro, Véronique Sanson et bien d’autres.
Aujourd’hui Jean Bouquin pilote toujours ce rescapé des théâtres du « Boulevard du crime » là où étaient concentrées une multitude de salles qui furent détruites lors des aménagements menés par Haussmann. Le théâtre, monument historique depuis 1999, tourne toujours et attire les talents.
Dominique Feutry
Sources diverses (Site du théâtre. Déjazet, Dictionnaire des rue de Paris J. Hillairet, Wikipedia...)