Vue de la façade 106-108 rue du Temple (IIIe) de l'immeuble concerné par l'opération de logements sociaux et ayant abrité de 1920 à 1925 un central téléphonique
La mairie du IIIe, constatant la baisse du nombre des habitants de l'arrondissement (l'article du Parisien du 02 janvier 2017 intitulé "Paris perd des habitants : Airbnb pointé du doigt" avance, s’appuyant sur les chiffres de l'INSEE, - 0,30% contre - 1,00% pour le IVe), estime sans doute détenir la solution miracle et pouvoir endiguer le phénomène qui touche aussi les autres quartiers du centre de Paris en augmentant de façon significative le parc de logements sociaux. Pourtant la loi SRU-renforcée par la loi ALUR- qui a instauré des quotas de logements sociaux, n'a jamais précisé que ceux-ci devaient l'être aussi par arrondissement.
Après l'annonce de l'importante opération d'aménagement de 70 logements sociaux dans la caserne des Minimes (notre article du 28 novembre 2017), une nouvelle opération vient d'obtenir l'agrément de la Direction de l'Urbanisme (Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris du 12 décembre 2017) aux 106-118 rue du Temple (non loin de l'aménagement d'un hôtel de luxe, notre article du 04 septembre 2017), 61-67 rue des Archives et 23-35 rue Pastourelle (IIIe) dans des locaux "Art Déco" dus à l'architecte François Le Cœur, occupés par France Telecom, attenant à la Poste des Archives.
Une partie des logements feront face aux Hôtels de Villeflix, de Montescot, de Tallement, Le Pelletier de Souzy (notre article du 24 juillet 2017) et, en diagonale, à l'Hôtel de Tallard (voir notre article du 19 août 2014).
En l'espèce l'annonce stipule (page 4591): " Restructuration avec changement de destination partielle d'un bâtiment de bureaux de 3 étages sur 2 niveaux de sous-sols, sur rue et cour, en habitation (29 logements sociaux créés), avec construction de mezzanines du rez-de-chaussée au dernier étage, démolition partielle du bâtiment côté arrière pour agrandissement de la cour dédiée aux logements, modification des liaisons verticales, création de rampes d'accès aux sous-sol avec diminution de places de stationnement (14 au lieu de 21), modification de la façade du rez-de-chaussée côté rue pour création d'accès aux logements , local poubelles et bureau avec habillage de la façade des bureaux et dépose des équipements techniques en toiture-terrasse avec implantation de souches de cheminées. Surface supprimée : 676 m2. Surface créée : 460 m2. Surface totale : 9 3712m2.- Date d'enregistrement 03-11-2017."
Vue des bâtiments concernés par l'aménagement prochain de logements sociaux 61-67 rue des Archives (IIIe)
Cette volonté de favoriser les logements à tout prix n'est-elle pas devenue une chimère compte tenu des coûts, donc de l'endettement (jusqu'à 60 ans pour certains emprunts) et de la charge de la dette ainsi générés que supporte la collectivité, sans oublier le coût futur des immanquables travaux périodiques d'entretien qui seront effectués ? Lire l'analyse qu'en fait RT France. Il s'agit même, alors que l'on en connait tous les désagréments pour notre pays, de faire porter une partie du remboursement de la dette aux générations futures !
Nous l'écrivions il y a peu encore, cette situation ajoutée à l'ambiance perpétuelle de fête nocturne encouragée par les élus parisiens, notamment dans nos quartiers, combinée à la mainmise des meublés touristiques sur un partie significative du parc immobilier génère la fuite des habitants traditionnels. Ces derniers sont excédés de subir les nuisances que l'on sait, ils ont du mal à se loger et sont tout à fait conscients de contribuer par leurs impôts à favoriser, bien malgré eux, cette évolution qui détériore leur qualité de vie.
Aussi, il est évident que nous ne croyons pas un seul instant que la multiplication des logements sociaux qui alimente la pénurie de l'offre de logements soit la panacée pour reconquérir les arrondissements en perte de vitesse en matière d'évolution démographique. Cela relève en fait d'une mauvaise stratégie et d'une vision à courte vue.
Dominique Feutry
Au sujet de la comptabilité municipale, un nouvel article édifiant :
http://www.atlantico.fr/decryptage/31-millions-euros-cout-sureffectifs-mairie-paris-3260259.html?yahoo=1
Rédigé par : Adrien | 22 décembre 2017 à 01:44
Vous avez tout à fait raison, M.M. : la bibliothèque Portefoin étant trop petite,le Carreau du Temple aurait été la bonne décision.
Servant d'espace culturel à moindre coût aux enfants, ados et pour tous, ce qui dépasse largement son but initial, elle répond vraiment à un besoin.
Enfin un espace convivial commun dans le quartier !
Hélas, nous avons un Carreau qui est un gouffre financier : déjà une mauvaise évaluation des besoins des habitants au profit...de quoi ? de ce que certains imaginait être le développement souhaitable de Paris ?
Raté ! La ville déborde d'espaces d'exposition, pas de services aux habitants. Est-ce qu'in fine ça allège les finances publiques ? pas vraiment, ça nous coûte cher d'une autre façon mais pour rien, avec le casse-tête d'une commercialisation qui n'est pas la mission des élus.
C'est toute une façon d'appréhender notre Ville qu'il faut changer
Rédigé par : CatherineII | 21 décembre 2017 à 10:41
La densité du quartier Temple, ou sont prévus les nouveaux logements sociaux, est la deuxième plus importante densité de Paris alors que l'arrondissement est faible en équipements collectifs, terrains de sport , centre médicaux, bibliothèques etc.... voir la capacité des écoles a faire faire de la musique aux élèves ....allez chercher un fauteuil le samedi a la bibliothèque de la rue Portefoin vous comprendrez. Je me souviens du projet de médiathèque au carreau du Temple, on a vu le résultat.
Et malgré tout on continue a empiler les gens , et a laisser les anciens ateliers se transformer en logements parfois condamnés a la lumière zénithale. Actuellement un immense local artisanal partiellement sous verrière est a l'étude pour une autorisation de transformation en logements.
Double discours et spéculation font bon ménage.
Rédigé par : m m | 19 décembre 2017 à 10:06
A ceux qui imaginent que mon texte est contre les logements sociaux, non :j'habite le Marais depuis 50 ans: j'ai donc vu la transformation d'un quartier où la mixité sociale était normale et conviviale à la grande joie des habitants en un grand espace commercial de luxe et d'habitat pour nantis ou touristes.
Artistes, artisans, anciens, communautés diverses, jeunes créatifs pour qui l'argent n'était pas tout, familles modestes : tous se sont vus écartés par la non-intervention de la Ville.
Il fallait réhabiliter, mais pour d'autres.
Pourtant, en protégeant l'infrastructure économique spécifique du Marais, on pouvait lui garder son caractère.
Pourquoi les divers ateliers artisanaux n'ont-ils jamais été protégés? toute la chaîne des métiers d'art qui en dépendaient ont disparu en même temps qu'eux. Après un déplacement en banlieue, comment pouvaient-ils rester réactifs et travailler en synergie avec les autres?
La mixité ne se décrète pas, elle est liée à un environnement qui la rend possible et vivable et à un offre de travail adéquate: comme le faisait remarquer un intervenant, vu les prix de tout dans notre beau quartier, et l'absence criante d'équipements sociaux, quel accueil!
Et où sont les emplois proches? Je n'ai pas l'impression que cet habitat soit accessible aux infirmièr(e)s, jeunes profs/instits, internes,postiers et autres métiers où l'on gagne peu et travaille beaucoup à Paris( vérifiez les statistique, et demandez autour de vous!)
Il y a donc un gros travail de réflexion à faire sur ce que devient notre ville: favoriser le luxe semblait une bonne idée pour récupérer des devises, mais maintenant que nous savons que les paradis fiscaux absorbent comme des trous noirs ces bénéfices qui permettraient le développement de notre économie, est-ce toujours une bonne idée que nous vendre ainsi?
Est-ce que nous ne nous faisons pas un peu avoir?!
Et ces 20% de logements sociaux sont-ils la réponse adéquate ou une solution déjà dépassée pour une ville qui se meurt?
Quand on parle de logements sociaux, on parle d'accompagnement (crèches, écoles, services municipaux divers) sinon c'est indigne: les services de la Ville ont-ils prévu de se renforcer? ce n'est pas mon impression vu les coupes sombres de ces dernières années.
Alors?
Rédigé par : Catherine II | 18 décembre 2017 à 18:53
La politique actuelle du logement social est par principe en contradiction avec le marché libre de l'immobilier résidentiel.
Si la Mairie de Paris et l'Etat étaient cohérents avec leur politique dirigiste, ils devraient aussi créer des magasins "sociaux" : les nouveaux bénéficiaires de ces logements sociaux iront se vêtir chez Gucci, rue des Archives et se nourriront de macarons Pierre Hermé, n'est-ce pas ? Ma concierge va au Carrefour d'Aubervilliers car Monop, Franprix et compagnie sont trop chers !
Mon avis est que cette politique ne fait et ne fera (objectif 25%) qu'accroître les antagonismes entre les populations que l'idéal aveugle de la "mixité sociale" est censé rassembler: on ne peut pas forcer les gens à vivre ensemble.
Rédigé par : Georges | 18 décembre 2017 à 15:15
Quelques informations :
1) loi SRU ( 2000) qui fixé le seuil à 20% de logements sociaux par Commune puis la loi Duflot de 2013, qui a remonté le quota de logements sociaux à 25 % mais avec une date butoir repoussée à 2025.
2) Nombre de logement loués via AIRBNB et retiré du parc locatif
http://immobilier.lefigaro.fr/article/6-chiffres-pour-savoir-ce-que-pesent-airbnb-et-la-location-touristique-a-paris_858dd228-d269-11e6-a9e9-ec8855ae56b6/
3) Un excellent site pour connaître la progression de logements sociaux par Commune cliquer dans la 1ere rubrique à Gauche puis « je fais le test » et choisissez votre commune.
Exemple Commune de Paris Nombre d'habitants : 2 240 621
Nombre de logements locatifs sociaux en 2015 : 221 917
Taux de logements locatifs sociaux 19,9 %
http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/transparence-logement-social
Que faire pour éviter ces programmes de réhabilitation, idée généreuse, dépassée et couteuse, dont le déficit serait inévitable ? Faire « une pause » à cette loi votée, il y a déjà 20 ans, sous le gouvernement Jospin ?
Je n’ai pas la réponse si ce n’est de relire la décision du Conseil constitutionnel validant cette loi. « La recherche d'une mixité sociale aux différentes échelles de notre territoire, la solidarité nationale et l’inscription d'une échéance de mixité sociale à 2025. » Voir la position du Conseil Constitutionnel du 7 décembre 2000 et notamment les points 39 quant aux obligations relatives à la création de logements sociaux et le point 43 sur l’absence de rupture de l’égalité entre les citoyens.
http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2000/2000-436-dc/decision-n-2000-436-dc-du-7-decembre-2000.456.html
la mixité sociale est elle finalement une utopie, selon # Catherine II « Il est trop tard pour la mixité sociale d'une ville-musée/centre commercial de luxe: il y a eu un jour où il aurait fallu faire un choix, maintenant c'est trop tard, ils ont été faits : les habitants originaires ont été poussés dehors et le prix du m2 explose au profit des plus riches.»
Charles Fourier, (1772- 1837), le socialiste utopiste, prônait déjà dans son phalanstère la présence de différentes catégories sociales soigneusement répertoriées pour former le socle d’un nouvel Etat.
De son côté, François Miron, (1560-1609) Prévôt des marchands, s’adressant à Henry IV, pour lui faire part de son désaccord au sujet des aménagements dans l'île de la Cité, déclarait il y a quelques siècles :
« Cher Syre, permettez que je me retire; en jurant fidélité au Roy, j'ai promis de soustenir la royauté; or Votre Majesté me commande un acte pernicieux à la royauté...Je refuse ; je le répète à mon cher maistre et Souverain bien-aimé: c'est une malheureuse idée de bâtir des quartiers à l'usage exclusif d'artisans et d'ouvriers. Dans une capitale ou se trouve le Souverain, il ne faut pas que les petits soyent d'un côté et les gros et dodus de l'autre, c'est beaucoup et plus sûrement mélangés; vos quartiers pôvres deviendraient des citadelles qui bloqueraient vos quartiers riches. Or comme le Louvre est la partye belle, il pourroit se fait que les balles vinssent ricocher sur votre couronne... je ne veulx pas syre estre le complice de cette mesure. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Miron
JP 75003
Rédigé par : jp 75003 | 18 décembre 2017 à 09:40
A l'attention d' Alain :
Il n'est pas dans la vocation de notre blog et des commentaires qui sont ouverts à tous, de véhiculer des accusations en direction des uns ou des autres mais d'exposer un point de vue et de l'argumenter. Qui a parlé de chienlit à propos du logement social, si ce n'est vous ? Puisqu'il faut le faire, en espérant être compris de tous, nous tenons à préciser que n'avons jamais mis en cause les municipalités qui, conformément à la loi, mettent à disposition de leurs administrés un pourcentage de logements sociaux. Ces mêmes municipalités, cependant, sont mal inspirées si elles s'engagent dans des programmes somptuaires dont le déficit inévitable devra à son tour être financé par de nouveaux emprunts et de nouveaux impôts. De notre point de vue, la mairie de Paris s'est malheureusement lancée dans cette politique. Si vous disposez d'arguments pour nous rassurer à ce propos, nous sommes prêts à les entendre et à les publier.
Rédigé par : Vivre le Marais ! | 17 décembre 2017 à 17:31
Ne perdez pas votre temps monsieur Merlin
Cela fait plusieurs articles mis en ligne par vivre le marais ou ça tape allègrement sur le logement sociale et la chienlit que cela représenterait pour certains membre du réseau
Alain
Rédigé par : Alain | 17 décembre 2017 à 15:50
S'il est vrai que la concentration urbaine n'a que des avantages, comme le dit Pierre Merlin, rasons le Marais et ses constructions obsolètes et construisons des tours pour y entasser la population. Et tant pis si les travailleurs doivent prendre chaque jour un RER surchargé pour aller travailler à la périphérie de Paris où les entreprises commencent à sagement se déporter. A ce propos, si le bonheur des gens croit avec la densité de population, sans qu'il y ait de limite à ce raisonnement, allons-y de bon cœur et bourrons tant et plus par tous les moyens.
Rédigé par : Hugues L. | 17 décembre 2017 à 12:22
Je suis consterné par cet article, qui au moins a le mérite d'être argumenté, et plus encore par les commentaires publiés, qui ne le sont pas du tout. Attention de ne pas devenir les défenseurs d'un ghetto social comme les "gate communities" des Etats-Unis et d'ailleurs.
Il faut du logement social à Paris, y compris dans le Marais pour des raisons bien établies de mixité sociale (pour le quartier) et de justice (pour la population). C'est ce qu'a voulu à juste titre la loi SRU 2000). Quant à la concentration urbaine, elle a de nombreux avantages : moins d'utilisation de l'automobile, donc réduction de la consommation d'énergie et des pollutions, proximité des équipements et des commerces variés, animation du quartier (à condition de ne pas tomber dans l'excès des résidences touristiques qui sont l'inverse ... du logement social.
Pierre MERLIN
Rédigé par : Pierre MERLIN | 17 décembre 2017 à 10:12
Encore un bâtiment tout à fait digne d'intérêt d'un point de vue patrimonial cannibalisé par la Mairie de Paris au prétexte de créer des logements sociaux. Stop à la densification de Paris, stop à la politique de prédation de la Mairie de Paris !
Rédigé par : Adrien | 17 décembre 2017 à 02:54
Merci Catherine, on ne peut mieux dire.
Rédigé par : TMH | 16 décembre 2017 à 20:18
Que font ceux qui ne veulent pas se remettre en cause par inertie, paresse ou intérêt? Ils dévalorisent la parole du contradicteur. C'est exactement ce qui se passe à Paris.
Il suffit de contester la volonté de densification de la Mairie qui apparemment ne lit pas ce que nos universitaires ont mis en évidence (à quoi servent-ils, on se le demande, avec leurs études approfondies et leur vision globale, les idiots!)pour être considéré comme un opposant politique de mauvaise foi.
Or il devient de plus en plus évident qu'on doit désenclaver Paris, ville trop dense, ouvrir cette ville vers une banlieue vivable et accessible au lieu d'empiler les gens jusqu'à les rendre fous alors qu'on n'a rien à leur proposer comme environnement.
Nos transports, malgré les promesses, sont lamentables sauf pour ceux qui n'y mettent jamais les pieds.
Il est trop tard pour la mixité sociale d'une ville-musée/centre commercial de luxe:il y a eu un jour où il aurait fallu faire un choix, maintenant c'est trop tard,ils ont été faits : les habitants originaires ont été poussés dehors et le prix du m2 explose au profit des plus riches.
C'est un fait, comme dans toutes les capitales touristiques.
Et qu'on arrête de nous raconter n'importe quoi : si on se préoccupait de ses habitants, il n'y aurait jamais eu de JO, vu notre endettement déjà considérable, et les investissements nécessaires non-faits dans d'autres domaines (inondations, réchauffement climatique, autosuffisance énergétique? nous n'en sommes qu'à des expérimentations)
On aurait pu se préoccuper avant de la désagrégation de notre cadre de vie (bruit, pollution,empiétement constant des activités commerciales sur le domaine public)mais non.
On l'oublie, nous sommes chez nous?!
Mais non, nous n'y sommes plus, puisque constamment des politiques sortent de leur mandat et décident à notre place comme si nous étions des enfants, ou servent d'autres intérêts.
Je dirais simplement que cette surdité est insupportable et promet une évolution délétère de notre vivre ensemble,ainsi qu'un beau coup de balais comme ce qui s'est passé au niveau national.
La précarité sera ainsi partagée par tous.
Rédigé par : Catherine II | 16 décembre 2017 à 16:55