Cour intérieure de l'Hôtel de Beauvais, 68 rue François Miron (IVe)
Certains historiens ont écrit que "l’hôtel particulier est à la ville ce que le château est à la campagne."
L’hôtel particulier est souvent au cœur d’un îlot. Il est organisé autour d’une cour et souvent une succession de bâtiments de cours et de jardins. Il est réservé à des prélats et des seigneurs
C’est au XVIème siècle que l’hôtel particulier devient habitation de bourgeois et marchands aisés. A cette époque, avec le début du XVIIe siècle existe à Paris un fort élan urbanistique. Comme plus tard avec Haussmann un catalogue établi par Le Muet est publié et répertorie différents types d’édifices, du plus modeste au petit hôtel particulier, fonction de l’importance de la parcelle et des moyens des investisseurs. Types deportes, cheminées et autres éléments sont ainsi listés.
Outre le site prisé retenu (places, avenues larges, quais …) pour la construction, ce qui compte est le portail, sorte de pièce d’apparat qui montre le statut du propriétaire.
Puis le visiteur accède à la cour d’honneur et ensuite à l’entrée de l’hôtel située le plus souvent au centre du corps de logis principal. Il abrite l'escalier d’honneur.
La façade se signale par une décoration soignée, plus riche que celle côté jardin, elle est en effet celle que l’on entrevoit de l’extérieur.
Le grand escalier, fastueux, en pierre, à la moderne, porté par des voûtes - les trompes, pendentifs, demi-berceaux- soutenant les volées et les paliers. La rampe en fer forgé est apparue sous le règne de Louis XIII, remplaçant progressivement la rampe en pierre à balustres.
A l'intérieur les espaces sont compartimentés avec une partie réservée à la domesticité, l’autre aux maîtres. Les services de bouche (cuisine, garde-manger, fournil, buanderie, sommellerie, etc.) sont abrités dans les ailes. Le portier loge près du passage de la porte cochère. Un accès secondaire peut être réservé aux écuries et aux carrosses. Les domestiques logent sous les combles et les maîtres dans le corps de logis principal.
L’évolution de l’hôtel parisien est liée à un souci de luxe, de confort et de commodité qui se traduit par le fractionnement des espaces au quotidien, notamment les grands espaces de réception, se traduisant par une meilleure distribution. Ce doublement du corps de logis fut une véritable révolution, le nombre de pièces était ainsi multiplié en dissociant la distribution du rez-de-chaussée et de l’étage.
Disposer d'un hôtel particulier est assurément un luxe pour les particuliers (les espaces verts de la capitale, en dehors des jardins des rois et des princes ouverts au public, sont réservés aux seuls couvents), car il nécessite du terrain, fort coûteux en ville.
Des 2 000 hôtels particuliers qu'a comptés Paris et en particulier dans le Marais, il en reste aujourd'hui environ 400 appartenant à des administrations, des musées, des ambassades, à différents organismes, à des entreprises et à des particuliers.
Sources :
Marquer la Ville (signes, traces, empreintes du pouvoir XIIème au XVIème siècles), en particulier le chapitre de Frédérique consacré à l’Émergence de l’Hôtel particulier – entre ostentation et intimité. (Ed de la Sorbonne)
Exposition « l’Hôtel particulier, une ambition parisienne » Cité de l’architecture nov 2011- février 2012
« Les hôtels particuliers de Paris » Alexandre Gady (Ed Parigramme)