Anne Hidalgo (Photo Le Monde)
"Le Monde" rapporte l'interview du 23 janvier que la Maire de Paris Anne Hidalgo a accordée à Stéphane Mandard sur la place de la voiture dans Paris et sa volonté de lutter avant tout contre la pollution.
Le réseau "Vivre Paris !" dont "Vivre le Marais !" est membre, a décidé d'y répondre par une lettre ouverte qui reprend les thèmes de l'interview pour attirer l'attention de la Maire sur les questions qu'elle a jusqu'à présent éludées à propos de la lutte contre le bruit. En voici un condensé :
Madame la Maire,
Nous avons lu avec beaucoup d’attention votre interview dans le journal "Le Monde" concernant votre politique de lutte contre la pollution.
Vous avez raison de lutter contre la pollution des villes.
Mais le fléau ne se limite pas à la seule pollution atmosphérique ; le deuxième en importance est la pollution sonore (source Organisation Mondiale de la Santé). Elle a un impact important sur le quotidien des habitants et leur santé, par le stress et les troubles nocturnes du sommeil qu’elle engendre. Cette pollution sonore est mal vécue par les habitants comme le montre l’enquête récente conduite par le CREDES (Centre de Recherche, d’Études et de Documentation en Économie de la Santé - devenu l'IRDES)
Pour lutter contre cette pollution sonore, votre Plan de Prévention du Bruit et de l'Environnement (PPBE) est très insuffisant car il prend principalement en compte le bruit généré par le trafic routier. (Nous avons développé ce point dans un article daté du 25 janvier).
La nuit, la pire gêne pour le sommeil des habitants ce sont les bruits générés par les établissements qui s'abstiennent de respecter la législation concernant les niveaux sonores et qui refusent de réguler le comportement de leurs clients lorsqu’ils sortent dans la rue. Ce sont aussi les vacarmes induits par la désinhibition des comportements liée à la consommation d’alcool et autres substances addictives et dangereuses.
Non seulement votre politique de lutte contre ces incivilités n’est pas clairement définie, affirmée et mise en pratique, mais vous les favorisez par votre politique de développement de la vie nocturne, totalement asymétrique au bénéfice des alcooliers et industriels de la musique et de la nuit.
Nous sommes 35 associations parisiennes réunies dans "Vivre Paris !" qui vous demandons d’avoir pour le bruit la nuit, la même détermination, le même discours que celui que vous avez pour la pollution atmosphérique. Nous vous rappelons votre déclaration à ce propos :
Le sujet de la pollution est tellement grave ! Les questions de santé publique sont cruciales pour moi. Peut-être parce que j’ai été inspectrice du travail, que j’ai vu les maladies professionnelles, l’amiante… J’ai une sensibilité particulière, comme beaucoup de Parisiens et de Parisiennes d’ailleurs. Si bien que je me suis dit : « OK, tu vas prendre des coups, mais tu n’as pas le droit de ne pas y aller »
Les troubles du sommeil et autres pathologies induites par le bruit ont aussi des conséquences graves en matière de santé publique : aussi nous vous demandons d’avoir exactement les mêmes préoccupations de protection de la santé des habitants.
Vous avez dit :
"Un acteur éminent d'un des lobbies est venu me voir au début de mon mandat en me disant : « Vous allez changer de discours. Et si vous ne changez pas de discours, je vous rendrai responsable de la baisse de l’emploi dans le secteur automobile. J’ai répondu à ce monsieur : « Vous êtes sans doute très puissant. Mais moi, je préfère être du bon côté de l’Histoire car vous aurez sûrement affaire un jour à tous ces gens qui vont mourir des particules. Je ne veux pas être celle qui, en connaissance de cause, laisse un scandale de santé publique se développer".
Nous répondons que c’est exactement le même discours que nous attendons de vous concernant les alcooliers et les responsables d’établissements de nuit peu scrupuleux qui ne respectent pas la législation.
Vous ne luttez pas efficacement contre les méfaits de l'alcoolisation la nuit, véritable fléau notamment pour les jeunes. Combien de comas éthyliques, combien de morts, combien d’accidents et de viols induits par la consommation d’alcool la nuit. Comment pouvez-vous laisser des sites comme le canal Saint Martin avec 2,5 tonnes de bouteilles, canettes et autres déchets à ramasser le matin ? et des rues à bars et autres lieux où une foule tapageuse accapare la voie publique et crée des désordres dont souffrent ceux qui vivent là ?
"Les maires étrangers avec lesquels je travaille sont confrontés à des pressions similaires. Peut-être que ces lobbies ont compris que les édiles des grandes métropoles sont des prescripteurs. Si Paris, New York, Montréal, Los Angeles ou Mexico disent stop au diesel, cela change la donne".
Pourquoi Paris ne serait pas justement en pointe pour la lutte contre la pollution sonore ? Pourquoi Paris ne fait-elle pas comme New York qui vient d’investir des centaines de millions de dollars pour identifier et traiter les sources de bruits parce que c’est un enjeu majeur ? Pourquoi Paris ne s’inspirerait pas de ce que fait la ville de Rotterdam : une politique de développement de la vie nocturne équilibrée, très attentive et respectueuse des riverains, pour éviter la désertification possible de certaines rues devenus invivables du fait des nuisances.
Ma bataille n’est pas contre la voiture, mais contre la pollution. C’est un changement de modèle. Certains le voient comme une contrainte, comme s’ils perdaient une part de leur confort. Or c’est une opportunité, y compris économique. On ne peut pas s’accrocher à un modèle du passé au nom de l’amortissement d’investissements massifs dans le diesel et au détriment de la santé. Je sais que c’est compliqué car cela nécessite des changements de modèle économique et industriel, de comportements personnels. Et ça ne se fait pas naturellement pour certains. Donc il faut les accompagner.
Oui et c’est exactement transposable, mot pour mot, pour la lutte contre le bruit. Il existe un grand potentiel économique dans le développement du secteur de la lutte contre le bruit avec certainement l’émergence de nouveaux matériaux, de nouveau outils de mesure et de régulation intégrant des nouvelles technologies. Les centres de recherche sur la ville de demain ne s’y trompent pas : tous intègrent la recherche d’une ville plus silencieuse dans leurs objectifs prioritaires avec de nouveaux modèles économiques : il faut juste une vision politique privilégiant la santé des habitants et ne pas rester dans une logique à court terme fortement influencée par les lobbies de l'alcool et de la nuit.
S'attaquer à la pollution des villes en ne traitant que la pollution atmosphérique peut avoir des conséquences paradoxales désastreuses. Le plus triste exemple est la transformation de la place de la République. En organisant vous-même des concerts gigantesques, en refusant toute régulation efficace du bruit, vous avez rendu cette place invivable pour les riverains. Et la très grande majorité d’entre eux regrette le temps ou la voiture était beaucoup plus présente !
Madame la Maire, nous les 35 associations du réseau "Vivre Paris !" vous demandons d’engager résolument la Ville de Paris dans une politique affirmée de lutte contre le Bruit.
Nous vous demandons, enfin, de rééquilibrer votre politique de développement de la nuit en prenant en compte la nécessité de respecter la qualité de nos nuits. A cet effet nous demandons que soit complétement mises à plat, avec la Préfecture de Police, les modalités de constat et de résolution des situations à problème que nous identifions ; c’est aujourd’hui beaucoup trop compliqué, avec trop d’interlocuteurs, beaucoup d’opacité et beaucoup trop lent. Nous voulons, comme à Rotterdam, un circuit court, totalement transparent, reposant sur des mesures objectives de niveau sonore avec des degrés de sanctions progressifs inspirés de ce qui existe à Genève.
Concernant ce dérive qu'est l'hyper alcoolisation, nous vous demandons que soient publiées les statistiques regroupées de l'APHP, des Pompiers, de la Préfecture de Police concernant les hospitalisations, les accidents, les arrestations sur la voie publique. C'est indispensable pour que chacun prenne la mesure de ce fléau beaucoup trop banalisé et tellement plus grave que les mégots jetés sur la voie publique.
Réseau "Vivre Paris !"
Merci pour cette synthèse magistrale
Il y a deux paroles, deux mesures
Un alcoolier qui paye sa patente et sa TVA ( peut être pas en proportion de ce qui est réellement vendu) n'a pas le même poids qu un simple habitant dérange par le bruit
Le fait que dans Paris intra-muros les ventes d alcool soient plus le fait des magasins ne change rien à l'affaire ; dans le Marais entre minuit et deux heures la riche et pauvre jeunesse abusee par les alcooliers est servie dans des bars et faux resto ; il y a les consommateurs à domicile parfois solitaires, Les consommateurs en groupe à l extérieur et les consommateurs des bars
C est une hérésie de chercher à disculper les bars
Il y a des règles édictées concernant les décibels à ne pas dépasser, il y a des règles sur la possibilité ou non de servir des clients en état d ivresse, il y a
a Belleville, il y a des bars "à émigrés" qui s alcoolisent aussi mais cela file doux, personne ne prend le risque de gêner
Le café Chérie c est une autre affaire, il y a un brouhaha et pas de cris et les riverains immédiats sont partis ou ont vendu
Belleville est infiniment plus calme côté bruit nocturne que le Marais ( mais c est au moins aussi sale avec le transit occasionné par la prostitution de masse )
Cela pour dire qu il y a un laxisme a l l egard du bruit, des nuisances multiples générées par les alcooliers et les motos trafiquées
Nous ne demandons rien d'autre que l application de la loi et le retour à la normale - mise au Pas - des lieux qui se croient tout permis La nuit En particulier quand ils font partie d un lobby et qui ont pris des rues de New York pour modèle. Un quartier entièrement contrôlé ou l on peut agir à sa guise.
La beauté de la nuit, de La fête c est un goût partage par beaucoup mais cela ne va pas forcément de pair avec saoulerie, vomissements, cris, insultes ( mes enfants ont appris les gros mots parmi les pires en étant réveilles par Les soiffards issus d un lieu nocturne où fleurissent les " perles" du mauvais langage qui a fait des emules dans les rues adjacentes rendez vous des motards indélicats
J ai fait une enquête sur une dizaine de personnes en plus de celles m abordant à la recherche du lieu en question, 90 pour cent Ne viennent pas de Paris mais des banlieues huppées ou papa maman ne tolèrent pas le moindre bruit devant chez eux.
La Mairie avec sa débauche de personnel n à pas pris la mesure de la démesure du bruit et son insuffisance le dispute à la suffisance de certains des interlocuteurs qui ne jurent que par Paris by night...
Nos élus devraient être plus à l'écoute des associations représentatives pas de celles soutenues par les subsides que nous payons
Merci de l'entendre et de le comprendre
Rédigé par : HH | 10 février 2018 à 07:34
Bars/resto qui ne contrôlent pas leur clientèle, terrasses à tous coins de rues, personnes plus ou moins alcoolisées hurlant dans la rue, stationnement de 2 roues motorisés installés n'importe où, qui sont une source de nuisances sonores bien supérieure à celle des automobiles. Entièrement d'accord !
Sans oublier l'extraordinaire politique d'éventration systématique des chaussées et trottoirs, que ce soit pour l'installation puis le changement des Velib', la rénovation du chauffage urbain, l'installation de bornes autolib',l'installation de parking à 2 roues, la suppression de places de stationnement, la création de pistes cyclables, la diminution des voies de circulation et bientôt, le nettoyage totalement superfétatoire de tous les pavés du Village Saint-Paul (autant vous dire que les antiquaires se préparent à mettre la clé sous la porte, car qui ira se promener là désormais? )
Ainsi, marcher dans Paris est-il non seulement un slalom dangereux entre les trous et les barrières mais surtout une randonnée assourdissante. Les habitants de tous les quartiers du centre de Paris sont ivres de bruit : après les travaux pharaoniques de la Place de de République, c'est maintenant la réduction des voies du boulevard Voltaire, de la rue Oberkampf et de la rue de Rivoli; nous avons eu avant ça la modification des Grands Boulevards et du boulevard Magenta. Voilà schématiquement pour ce seul "petit triangle!". Nerveusement, c'est éprouvant.
Rédigé par : Marie | 31 janvier 2018 à 17:22
Je ne sais pas s'il y a plus d'alcool vendu dans les bars et vrais-faux restos ou dans des commerces autres. La réponse doit être variable selon que l'on pose la question globalement ou qu'on la pose dans tel ou tel quartier, très chargée ou pas en bars et vrais-faux restos.
Mais ce que je sais, c'est que, si la lutte contre l'alcoolisation entre dans les préoccupations des associations de riverains des quartiers chargés en de tels établissements, elle n'en est pas pour autant l'alpha et l’oméga.
Pour beaucoup de ceux qui habitent auprès des établissements, en effet, la qualité de la gestion de la clientèle apparait comme étant déterminante de ce qui se passe dans la rue.
De nombreuses associations de riverains concentrent donc leurs efforts sur l'objectif d'obtenir une gestion responsable de cette clientèle afin que les établissements génèrent le moins de bruit possible sur la voie publique et que l'ambiance générale du quartier ne soit pas propice à attirer des groupes qui, squattant cette ambiance en consommant de l’alcool acheté au super marché.
Ce ne peut que jouer en faveur de la protection contre l'alcoolisation des jeunes.
Rédigé par : Anne Penneau | 30 janvier 2018 à 20:36
On pourrait croire qu'à l'inverse d'autres grandes villes, Paris fait tout pour "laisser filer" et développer le bruit la nuit (cf. le "Conseil de la Nuit"), et surtout ne rien faire pour contrôler comment tout çà se passe!!! Pourquoi Paris ne peut pas faire comme Genève et New York? Mais la mairie s'en moque et préfére nous emmener en bateau, à quai ou sur la Seine! S'il vous plait, une stratégie contre la pollution sonore, une stratégie pour la propreté, une stratégie de transparence dans les dons aux associations......chiche.....
Rédigé par : Jean-Paul | 30 janvier 2018 à 19:21
Qu'est que je ne comprends pas Hugues L !!??
Ne serait-ce pas vous qui n avez pas bien compris la phrase ??
Je dis et pense que pour lutter contre l hyper alcoolisation l angle "d attaque" sur les bars et restaurants n est pas la bonne car ils ne représente que peu d alcools vendu
Vous ne reglerez pas le pblm au contraire , vous mettrez toute cette population très bruyante dans les rues ou dans les appartements
Vous déplacer le pblm mais ne le réglez pas du tout
Alain
Rédigé par : Alain | 30 janvier 2018 à 14:13
Merci de rappeler l'importance de lutter contre le bruit.Cela va de pair avec la lutte contre la pollution atmosphérique.
Promouvoir des mobilités plus douces respectueuses de l'environnement.Promouvoir le véhicule électrique...
- Appliquer des contraventions aux deux roues avec un pot d'échappement trafiqué.
- Expliquer aux usagers des transports publics de respecter les autres en baissant le son de leur écouteurs.
Je me promène dans les rues Paris et dans le métro avec des boules quies.
Retrouver une ville sereine.
Rédigé par : Yann | 30 janvier 2018 à 14:08
Alain ignore apparemment que les gens dont on parle achètent les boissons dans des magasins (certains restent ouverts la nuit) et vont les boire ailleurs
Rédigé par : Hugues L. | 30 janvier 2018 à 13:28
Entièrement d accord avec Nelly concernant les 2 roues motorisé celà devient n importe quoi.
Bémol concernant la lutte contre l hyper alcoolisation. C est un mauvais angle d attaque d après moi car 85% de l alcool en France est vendu en magasin divers et variés et non dans les bars et restaurants.
Alain
Rédigé par : Alain | 30 janvier 2018 à 11:59
dans le commentaire qui précède il faut lire
n importe où, malgré les protestations des riverains etc...
Rédigé par : Nelly Descubes | 29 janvier 2018 à 23:34
Bravo pour votre lettre à Madame Hidalgo
un regret : vous n avez pas évoqué la pollution sonore engendrée par les motos
Je rappelle que la Mairie du 4e a installé des parkings motos, nous importe où, malgré les protections des riverains condamnés depuis à être réveillés 15 à 20 fois par nuit
Rédigé par : Nelly Descubes | 29 janvier 2018 à 23:32
L'interview du Monde est d'une complaisance ahurissante, comme les nombreux articles du parisien. Pour le reste, s'adresser à Hidalgo c'est malheureusement une perte de temps. La vraie prise de parole se fera aux prochaines municipales.
Rédigé par : Adrien | 29 janvier 2018 à 23:13
Je dis bravo moi aussi!
Rédigé par : Marion Mouchot | 29 janvier 2018 à 19:36
Tout à fait en accord avec la réponse de Vivre Paris. Bravo.
Une remarque concernant la déclaration de Mme Hidalgo associant Paris avec des villes US et canadiennes ou Mexico : il n’y a quasiment aucun véhicule privé au diesel aux USA et Canada et je ne me souviens pas d’en avoir vu à Mexico. Une déclaration trompeuse dont elle aurait dû se dispenser.
Rédigé par : HPL | 29 janvier 2018 à 19:20
Merci pour votre réaction en notre nom à tous. C'est un problème à rappeler sans relâche.Comme vous le rappelez, d'autres capitales ont su faire face.
Rédigé par : Françoise Jollant Kneebone | 29 janvier 2018 à 19:03
Espérons que la Maire de Paris lira cette lettre pleine de vérité!
Rédigé par : AC | 29 janvier 2018 à 18:54