Le coche et la mouche. Fable de La Fontaine. Illustration "La Croix"
Au risque d'être accusés de jouer la mouche du coche, nous nous demandons chaque jour davantage si le combat épistolaire que nous menons depuis quelques années sur les sujets qui intéressent la société, la politique quelques fois, la vie de la cité plus couramment, ne finit pas par influencer ceux qui font l'opinion publique (les médias) et ceux qui en recherchent le soutien (les politiques).
Le 30 novembre 2016, un membre de l'association découvrait que des rats s'ébattaient aux yeux de tous dans le jardin de la Tour St Jacques. L'information publiée sur le champ fit le tour de la Terre avec des reportages sur le vif de la Télévision danoise, de la BBC, du New-York Times, de la chaine CNN et de tous les médias français.
Nous dénoncions la malpropreté de Paris. La nouvelle fit écho à notre plaidoirie pour une ville plus propre et le sujet s'est désormais imposé dans les salons de l'Hôtel de Ville où il met sous tension la Maire et ses Adjoints.
En 2010, alors qu'il était à mi-parcours, Bertrand Delanoë lançait les "États Généraux de la Nuit" à l'instigation d'un certain Ian Brossat, président du groupe communiste au conseil de Paris, plus connu aujourd'hui pour son rôle dans la politique logement de la Ville. C'était l'évènement qui devait transformer Paris en capitale mondiale de la fête et des nuits débridées...
Nous répondions alors en créant "Vivre Paris !", un collectif ouvert d'associations dont l'objectif est la protection de l'espace public face à l'invasion des terrasses, la tranquillité des parisiens et leur droit à dormir la nuit. Les médias y sont devenus attentifs et il est révolu le temps où les riverains, considérés comme des grincheux, étaient gentiment priés d'aller vivre à Rodez !
Il ne se passe plus une semaine sans que des journalistes nous contactent pour une interview ou un reportage sur le tapage nocturne et les litiges avec des établissements qui se soucient peu de leur environnement et des lois en la matière. De véritables institutions comme le Zénith, qui s'est cru longtemps en marge de la loi, se voient contraintes par les tribunaux à respecter les résidents et à payer de lourdes amendes avec dommages-intérêts.
Dès que Paris fit acte de candidature pour l'organisation des Jeux Olympiques de 2024, nous avons exprimé notre réserve en soulignant le fait que plusieurs grandes villes, mieux inspirées, s'étaient désistées, par crainte du désastre financier qui les attendaient. L'opinion, endormie un moment par la communication grisante qui en fut faite, et les médias qui savent brosser dans le sens du poil, ont manifesté dans un premier temps un enthousiasme béat.
Il est quelque peu retombé. Une enquête du JDD du 4 février sur un panel de 1.821 personnes montre qu'elles sont à 40% défavorables aux JO de Paris. C'est considérable car les lecteurs du JDD (1.800.000 revendiqués), sont répartis sur la France entière. Seuls les parisiens ont de sérieuses raisons d'être contre et Paris ne représente que 3% de la population française. Il est fortement probable, au vu de ce chiffre, que nous soyons une forte majorité silencieuse à Paris à ne pas vouloir des JO. Si la Maire de Paris avait accepté, comme ses homologues à Hambourg, Boston, Budapest ou Rome l'organisation d'un référendum, le résultat aurait sans doute été sans appel.
D'autres combats nous mobilisent encore : le traitement inégalitaire des deux-roues motorisés qui ne veulent ni du contrôle technique ni du stationnement payant, défendus en cela par l'association des "motards en colère", prompts à manifester agressivement dans les rues avec leurs engins bruyants et polluants, la circulation et la place de la voiture, les tours à Paris et la politique d'hyper densification, les tags et le street art, le logement social qui n'en est pas, les locations touristiques, les idées reçues sur la pollution, la baisse regrettable des moyens et prérogatives des ABF, les conseils de quartiers et le budget démago-participatif, et pour finir la gabegie des subventions aux associations.
Ces sujets ne sont pas au cœur de l'actualité mais forts de notre expérience et de notre vécu, nous ne serions pas étonnés qu'ils le deviennent à leur tour...
Gérard Simonet
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un coche.
Femmes, Moine, Vieillards, tout était descendu.
L'attelage suait, soufflait, était rendu.
Une mouche survient, et des chevaux s'approche ;
Prétend les animer par son bourdonnement ;
Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment
Qu'elle fait aller la machine...
Jean de La Fontaine