Mur-pignon du 18 rue des Quatre-Fils (IIIe) (Photo VlM)
Qui se hasardera à prétendre que ces barbouilleurs ont un sens de l'esthétique ?
Ce mur, comme bien d'autres, est régulièrement nettoyé des sévices qu'il subit. Depuis des années, la Ville paye des sociétés qui dans le cadre de l'application "DansMaRue" sont chargées de nettoyer les tags. Elles le font plus ou moins bien et sous un délai qui a été court (3-4 jours) il y a deux ans à peine mais qui, devenu aujourd'hui très long, trop long (4-6 semaines), quand il n'atteint pas l'éternité, laisse leurs auteurs parfaitement satisfaits de la durée d'exposition qui est ainsi consentie à leurs "œuvres".
Il est étonnant que les responsables de la Ville et de l'Etat n'aient pas tenté ces dernières 20/30 années que sévit le phénomène, de résoudre le problème. Il aurait fallu d'abord vaincre le déni d'incivilité qui veut que certains penseurs considèrent ce fléau comme une expression artistique, associée au concept d'art de la rue ou street art.
Le street art est une réalité qui a suscité de vrais talents mais il se dévoie dans les dérapages qu'on connait quand il s'exerce sans encadrement. Il est vrai qu'il y a antinomie entre cet art qui est l'expression d'une inspiration débridée et le respect de règlements donc de contraintes qui auraient la volonté de le domestiquer. Mais c'est la responsabilité des gestionnaire de la Cité de gérer au mieux ce paradoxe. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il ne l'est pas aujourd'hui à Paris.
Quelles sont les mesures qu'il faudrait prendre ? Décider d'abord de s'attaquer au mal par une propagande intelligente. On a prétendu longtemps qu'on ne viendrait pas à bout à Paris des crottes de chiens abandonnées sur les trottoirs. La communication, initiée au début des années 2000 par le Vert Yves Contassot, en est pourtant venue à bout si on veut bien pardonner ceux et celles qu'un lumbago tenace et douloureux interdit encore de se plier vers le sol pour ramasser la déjection de leur animal préféré !
Une action auprès des fabricants de bombes de peinture ne serait peut-être pas inutile. Certaines villes l'exercent. Paris n'a jamais voulu le faire depuis que la mesure lui a été suggérée en 1992. Certains d'ailleurs se demandent ingénument si ces bombes servent à autre chose qu'à armer les tagueurs...
Enfin c'est vers nos Députés qu'il faut se tourner. Un commissaire central nous racontait récemment qu'ils leur arrive de pincer des tagueurs en flagrant délit. Amenés au poste quelques fois, ils subissent un douloureux rappel à la loi, tellement pénible qu'ils s'en flattent ensuite auprès de leurs congénères et postent l'aventure comme un trophée sur leur site Internet.
Nous adressons un message à nos députés : "Mesdames, Messieurs les Députés, qui nous faites l'honneur de lire nos chroniques, rédigez un texte et trouvez le véhicule législatif qui convient pour faire voter par l'Assemblée Nationale une infraction ou un délit de "taguage" et d'incitation à la pratique de cette manie désastreuse, punie d'une amende dissuasive qui en fera réfléchir plus d'un. Rappelez vous que le respect des personnes et des biens (les murs ont un propriétaire...) est inscrit dans la déclaration des Droits de l'Homme de 1789, article 2 !"
La Ville de son côté et les prétendants à sa gestion pour 2020 doivent revoir la copie actuelle... et la rendre plus efficace. Une réduction sensible du délai d'intervention, combinée avec une pratique du mode LIFO (last in, first out) aurait de bonnes chances déjà d'affaiblir significativement cette manie détestable.