Aquarelle de Christine Albertin-Simonet : "abeilles et pollinisation"
Quand la chauve-souris sourit au pangolin,
Nul ne pouvait prévoir qu'un funeste destin
Naitrait de ce couple improbable.
Et pourtant il advint qu'à Wuhan en Chine
Un virus inconnu apparut tout à coup.
Il se répandit vite, le monde devint fou.
Les gens tombant malades prirent de l'aspirine
Qui protégeait bien peu des souffrances intimes.
Il mourraient par milliers, par millions, par milliards.
Les pays isolés qui se croyaient à part
Comptaient aussi hélas de nombreuses victimes.
Il semble que sur terre des animaux divers
Survécurent au virus et tous s'orientèrent
Vers des villes meurtries, abandonnées, dont l'air
Devenait enfin pur.
Des abeilles audacieuses construisirent des ruches
Dans les tours de Notre Dame.
Ouvrières du miel, qui dans ce lieu antique
Appréciaient le son du bourdon erratique.
Le Louvre devint vite un repaire de rongeurs
Qui restèrent peu de temps songeurs
Devant tant de mets mirifiques.
Les rats, grands scélérats, dévorèrent sans excuse
Le célèbre tableau : Radeau de la méduse.
Les souris ont le goût de l'art. Pour se nourrir
Elles mangèrent la Joconde ainsi que son sourire !
Dans les cadres bien vides les araignées tissèrent
Des toiles magnifiques, chef d'oeuvres de notre ère.
Dans Venise, esseulée, sur la place Saint Marc
Se doraient au soleil langoustes et homards.
Partout de par le monde la vie se modifiait
N'étant plus celle qu'on connaissait.
Le jour se levait épuisé.
Un survivant marchait, nu, perdu, affamé.
Une femme passait, belle, nue, harassée.
Ils se virent, s'éprirent, marchèrent d'un même pas
Et le monde recommença!
Daniel Sée