Christine Lagarde Présidente de la BCE. Ultime niveau de solidarité. Qui au-dessus d'elle pour nous protéger ?
Je vous engage à lire l'article de Patrick Artus, du Cercle des Economistes, Economiste à Natexis, paru dans Le Monde du 2 mai 2020.
Il est intéressant dans sa manière de décrire les solidarités dont nous bénéficions dans un système économique comme le nôtre au sein de l'Europe et de l'Euro-groupe.
Le premier niveau de solidarité c'est celui qui s'exprime dans l'environnement immédiat de l'individu, famille et premier cercle d'amis.
Vient ensuite l'entreprise "dans le sens où, lors de fluctuations économiques ordinaires, les salariés conservent leur emploi et leur salaire, et où la perte de revenu est supportée par les entreprises parce que celles-ci disposent d’une plus grande capacité que le salarié à gérer son revenu."
Patrick Artus souligne cependant que les entreprises dans la crise que nous traversons ne parviennent pas non plus à maintenir leurs revenus, et ne peuvent donc pas jouer le rôle d’assureur. Dans la récession qui s'en suit, les entreprises n’ont pas un accès suffisant au crédit ou aux marchés financiers pour compenser la perte de chiffre d’affaires.
C'est là qu'intervient l'Etat en apportant aux entreprises la solidarité de la nation. "Il finance le chômage partiel, donne des garanties publiques aux dettes des entreprises, les subventionne, annule leurs impôts…."
La capacité des Etats à s'endetter n'est cependant pas sans limite. Notre appartenance à l'Euro-groupe nous permet d'accéder à un niveau très haut de solidarité, garanti par sa puissance économique et sa gestion collectivement vertueuse. Ce niveau a lui aussi des limites car les arbres ne montent pas jusqu'au ciel mais on ne perçoit pas de risque à ce stade que les marchés financiers se ferment à la deuxième économie mondiale derrière les Etats-Unis.
On peut en revanche redouter l'inflation dans la mesure où la recherche de capitaux frais fait volontiers appel à la planche à billets. L'inflation est la façon la plus sournoise pour les Etats de rembourser leurs dettes sans douleur. Les Etats-Unis impriment des dollars "sans compter". Y a-t-il un risque que nous en connaissions les méfaits ?
Voici ce que Patrick Artus en pense : "On ne voit plus, dans les économies contemporaines, de lien entre croissance de l’offre de monnaie et inflation. La monétisation des dettes publiques ne conduit plus à la taxe inflationniste. "
C'est merveilleux ! Il y a quelque part un prestidigitateur qui change l'eau en vin à la façon d'un thaumaturge. Le citoyen moyen a tendance à se dire : Il y a un truc ! A cet égard, la chute de l'article du brillant économiste est savoureuse. Il dit en substance qu'il n'a pas d'explication et que les théories économiques actuelles sont dépassées. Ce sentiment est exprimé dans cette phrase laconique : "A-t-on trouvé une méthode non coûteuse pour restaurer la capacité d’assureur de l’Etat, une monétisation non inflationniste des dettes publiques ? Il reste probablement à compléter la théorie monétaire sur ce point."
C'est là que je me permets d'intervenir en citoyen libre qui ne brigue aucune responsabilité. J'ai affirmé une opinion sur ce débat et je ne crains pas que l'avenir me démente car j'ai le droit de me tromper et personne du reste n'y prêtera attention. Je n'ai pas changé d'avis depuis mon article du 15 avril sur ce blog où j'écrivais : "La dette de la France, mutualisée avec celles des autres membres de l'Euro, ne sera jamais apurée mais jamais annulée non plus. Les intérêts seront payés. De ce point de vue, la force de l'Euro lui confèrera un statut comparable à celui du dollar. On ne doit pas s'attendre non plus à des effets inflationnistes sensibles car la situation des économies ne les y prédispose pas et l'Euro est géré par une banque centrale dont l'objectif premier est de prévenir les dérives inflationnistes".
Gérard Simonet