Enlèvement par "La Fonctionnelle" des affiches Courrèges
La mission d'intervention sur les affiches sauvages est dévolue à une structure de Propreté de Paris qu'ils appellent "La Fonctionnelle". Elle est en réalité très "opérationnelle" comme elle vient ces dernières semaines d'en apporter la preuve en dégageant les murs de Paris des affiches indésirables et illégales qui les tapissaient. Sa directrice Nathalie Dessyn s'est juré en prenant la responsabilité de cette fonction qu'elle viendrait à bout de l'anarchie qui régnait à Paris avec des annonceurs sans scrupules et de opérateurs/colleurs sans foi ni loi qui font la promotion sur Internet d'un comportement qu'ils savent illicite.
Comment s'y est-elle pris ? Tout simplement en appliquant les sanctions que le code de l'environnement autorise. La marque Courrèges du groupe Kering vient d'en faire les frais avec un "constat de recouvrement administratif" (remboursement des frais de remise en état du support) qui se monte à 15.000 € auquel il convient d'ajouter la somme - dérisoire - de 68 € au titre d'amende pénale (qui devrait augmenter prochainement à 135 € si la mairie de Paris est écoutée).
Ce qui nous satisfait tout autant c'est de constater qu'il y a une vraie motivation à la mairie autour de Colombe Brossel pour ne plus tolérer l'intolérable et la légèreté avec laquelle les intérêts marchands se jouent de la qualité de l'environnement et du respect du patrimoine collectif. On en voit les résultats sur nos murs qui n'ont jamais été aussi peu agressés par la publicité de marques.
Nous avons à cette occasion découvert l'existence d'un acteur sur Twitter qui se désigne "association des utilisateurs de DansMaRue (AUDMR)". Intrigués par la démarche, car on se demande qui pourrait bien adhérer à une telle association, nous avons joint son animateur que nous avons soupçonné un temps d'être un faire-valoir de la mairie de Paris. Il s'en défend énergiquement et nous en prenons acte en retenant qu'il milite pour une Ville propre et qu'il est en cela proche de nous. Nous sommes ravis de plus qu'il s'agisse d'un homme de 25 ans, étudiant en droit qui prépare l'ENA et ne serait pas mécontent d'entrer ensuite à la mairie de Paris où il connait déjà beaucoup de monde, s'il est animé du désir sincère de protéger notre cadre de vie.
Il reste le fléau des tags. On nous dit que c'est plus complexe car les interventions sont sous-traitées à des sociétés privées. La belle affaire ! A une époque où on envisage des voyages interplanétaires de six mois pour aller en villégiature sur la planète Mars, alors qu'on sait jouer les Dr Frankenstein en fabriquant de l'ARN Messager qui ressemble bien à quelque chose de vivant, on ne saurait pas s’organiser pour effacer les sévices de songe-creux qui pourrissent le milieu urbain ?
C'est en tout cas ce que nous attendons de ceux que nous avons élus. Sans doute faut-il revoir les budgets mais surtout attaquer le problème à la base pour l'éradiquer et faire autre chose que courir derrières ses méfaits. Nous avons plusieurs fois émis des propositions dans ce sens : transférer une partie des subventions aux associations (300 Millions d'€/an) vers l'amélioration de la propreté. Quand on apprend que la Ville subventionne et emploie le responsable de Technopol, une association présente à la rave-party de Lieurron (Ille-et-Villaine), on se dit qu'il y a pas mal d'économies à faire de ce côté-là !
Autre mesure suggérée : décourager les tagueurs en intervenant en mode LIFO (last in, fist out). En effet, si on se contente du mode de gestion actuel avec file d'attente, chaque tagueur est assuré de l'exposition de son "œuvre" pendant deux ou trois semaines. A ce régime il y trouve son content et peut sagement attendre son enlèvement pour en produire une nouvelle. Si au contraire son méfait est enlevé le jour même, voire le lendemain, il a de quoi être découragé d'y avoir consacré du temps, de la peinture (12 € la bombe) et pris un (léger) risque de se faire interpeler par une escouade de police. Le découragement peut être définitif s'il récidive et reçoit le même traitement.
Il s'agit là de deux propositions qui méritent que les responsables s'y arrêtent. Il faut sans doute aller plus loin avec un plan d'action global qui devrait recevoir l'aide du Parlement, notamment pour revoir le montant des sanctions encourues. Mais c'est aux maires d'être moteurs d'une démarche de "salut public" à l'égard du cadre de vie de leurs administrés.
Il nous semble nécessaire à cette occasion de rappeler que le pouvoir judiciaire (le Parquet) envoie systématiquement au panier les procès-verbaux d'infraction lorsqu'il s'agit de tags/graffitis. Ceux que le sujet intéresse peuvent se référer à une note du Parlement qui traite du sujet. Décider d'un "non-lieu" est choquant quand on sait à quel point cette pollution nous touche. Aussi, nous plaidons pour que ces infractions ne soient plus du ressort d'une autorité qui les nie et qu'elle rejoignent le domaine administratif pour que les autorités locales, qui en souffrent, puissent sévir comme elles viennent de le faire avec succès avec l'affichage sauvage à Paris.
GS