Harold Lloyd dans le film de 1923 "Monte là d'ssus" (Safety Last !) se raccroche à l'horloge...
Dans un essai récent, "La Dernière Utopie Urbaine : La Ville de 15 minutes", Alain Bertaud, Urbaniste International directeur de recherches au New-York University Marron Institute, auteur du livre qui fait autorité dans le monde de l'urbanisme "Order Without Design - How markets shape cities", s'attaque à cette nouvelle lubie. Il en a la qualification pour avoir été notamment directeur de la planification à la Banque Mondiale. Sa réflexion s'intéresse à titre d'exemple significatif au grand projet de la Maire de Paris Anne Hidalgo et de son adjoint Vert David Belliard de transformer la capitale pour la rendre conforme à ce modèle.
Il s'agit de principes militants défendus par Carlos Moreno, le gourou urbaniste d'Anne Hidalgo (sa profession de foi où il cite Anne Hidalgo). Il prône comme objectif de ramener à un quart d'heure le temps nécessaire à atteindre de manière écologique tout ce qui relève de la vie urbaine (logement, travail, alimentation, éducation, santé, culture. loisirs...). On pourrait croire qu'on a droit au vélo et autres mobilités douces ainsi qu'aux transports en commun mais il insiste sur l'obligation de limiter les 15 minutes à la marche à pieds. Le vélo est toléré, mais 5 minutes seulement, comme il le précise dans un de ses nombreux manifestes !
En contrepoint à son étude, Alain BERTAUD est désireux de lire les commentaires et points de vue de la population parisienne. La rubrique <commentaires> de ce blog est à la disposition de nos lecteurs pour les recueillir. Le phénomène est contagieux, commente-t-il, "deux candidats à la mairie de New York font allusion à la "Ville de quinze minutes" et en bonne logique recommandent que les emplois de New York soient réservés aux gens du quartier ! Par bonheur ces candidats n'ont aucune chance d'être élus, mais l'idée absurde chemine !"
GS
ESSAI :
"La Dernière Utopie Urbaine : la Ville de 15 minutes"
par Alain BERTAUD
Juin 2021
Résumé
Les maires et les urbanistes sont constamment à la recherche de nouveaux slogans pour démontrer leur créativité. Les maires doivent maintenant avoir une «vision» au lieu d’être simplement prévoyants et bons gestionnaires du capital représenté par l’infrastructure et les équipements urbains.
Cette confusion dans la mission des maires est souvent promue par les urbanistes qui considèrent que la ville est un objet qui doit être conçu à l’avance par des spécialistes géniaux et imposé au nom de l’efficacité aux habitants qui n’ont, eux, ni vision ni génie !
Ces dernières années la vision des maires s’est exprimée par des qualifiants qui changent comme la mode : le développement durable, la ville intelligente, la ville résiliente, la ville vivable, et plus récemment, la ville post-pandémique.
Ces slogans avaient l’avantage d’avoir une connotation positive sans engager une obligation quantifiable de la part du politicien. Personne ne peut être contre le développement durable ou la ville intelligente. Mais aucun indicateur n’existe pour prouver qu’une politique urbaine assure le développement durable plus qu’une autre.
Nous verrons qu’une utopie initialement risible peut se transformer peu à peu en une tyrannie mesquine qui étouffe progressivement l’économie d’une ville. Cela n’est pas nouveau. Déjà Alexis de Tocqueville parlait d’un gouvernement démocratique qui «étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ;
il force rarement à agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger».
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