Rue du Grenier St Lazare (IIIe) : des constructions métalliques imposantes qui font déjà couler beaucoup de salive !
On sort à peine d'une phase de rénovation de cette rue exceptionnellement large, l'un des maillons, avec la rue des Quatre-Fils, d'une tentative du baron Haussmann de créer une percée dans Paris de la rue Étienne Marcel au boulevard Beaumarchais. Il y a deux ans, ses trottoirs étaient débarrassés de containers disgracieux et recouverts de dalles en granit du meilleur effet quoique passablement minéral.
On savait que la municipalité n'en resterait pas là. Depuis plusieurs années, l'idée avait germé de reconvertir un parking souterrain vacant, concession de VINCI, qui se trouvait là. On n'en voyait à l'extérieur qu'un édicule de quatre mètres de haut, dont chacun se souvient, qui donnait accès par un ascenseur à six niveaux en sous-sol. C'était une tristesse de se dire que cette installation ne servait à rien mais dénaturait le paysage avec une verrue en surface devenue la proie des tagueurs de tout poil.
Les réflexions de l'Hôtel de Ville ont conduit, dans le cadre d'une démarche dite "Réinventer Paris", à choisir un projet parmi quatre. Le Conseil de Quartier compétent (Ste Avoye) fut consulté au nom de la démocratie participative chère à nos élus. On a même sollicité son vote, après l'avoir prévenu que trois des projets en compétition étaient inacceptables par la Ville pour diverses raisons. C'est dire avec quel enthousiasme les rares habitués de ce conseil ont été invités à adopter le seul et unique candidat en lice, la société SOGARIS et son projet "d'immeuble inversé" !
SOGARIS s'est coulé dans l'opinion ambiante qui considère que les cœurs des villes doivent être désormais interdits à la circulation de véhicules encombrants et polluants. De là l'idée de proposer la création d'un centre logistique destiné au stockage des marchandises pour leur livraison sur "le dernier kilomètre" à l'aide de cyclos/ triporteurs/vélos-cargo réputés propres, à assistance électrique.
Dans le but d'instiller une dose d'humanité, une conciergerie dans le kiosque extérieur, et au 1er sous-sol un espace d’accueil et une salle réservée aux associations du quartier, ont été programmés. Les autres sous-sols, soit 6.000 m² au total, seront réservés à l'entreposage de marchandises pour les commerçants ou les habitants qui le désirent.
A priori, le schéma est rationnel : on dispense les gros camions diésel d'effectuer leur trajet final vers les détaillants en les déchargeant dans un "HUB" où des véhicules légers et non polluants viendront chercher les marchandises pour les acheminer vers leur destination finale ("SPOKE"). (*)
La réserve qu'on formule tous, à l'image de Didier Désert propriétaire de l'Ambassade d'Auvergne qui jouxte le chantier, c'est la crainte de voir converger rue du Grenier St Lazare une noria de gros camions qui devront stationner à longueur de journées pour être déchargés de leur cargaison (grosses palettes, containers...?).
Comment se fera l'opération ? Les présentations de la mairie sont pudiques à ce propos. Sans doute y aura-t-il des élévateurs (descendeurs en l'espèce, monte-charges...) de palettes qui devront fonctionner de façon permanente. Est-ce leur construction qui nécessite la structure impressionnante voire inquiétante des lourdes poutres métalliques qu'on voit sur la photo ?
Il y a manifestement une attente des riverains et des observateurs sur le volet "arrivée des marchandises" dont on ne perçoit pas du tout à ce stade comment il est envisagé !
Gérard Simonet
(*) On parle à ce propos chez les anglo-saxons de structure en HUB and SPOKE (moyeu et rayons)