Vue du ciel du polygone des Archives Nationales
Le Marais regorge de lieux exceptionnels. On le dit sans relâche, les berges de la Seine, du pont de Sully aux Tuileries, sont le plus beau paysage urbain du monde. Il y a d'autres merveilles : l'Île de la Cité avec Notre-Dame et la Sainte Chapelle (hors du Marais mais dans Paris-centre), la place des Vosges, l'Hôtel de Sully. Et le polygone des Archives Nationales, pour ne citer que les plus prestigieuses.
On trouve là, sur quatre hectares environ, une foison d'Hôtels monumentaux construits sur des espaces aménagés en cours d'honneur et jardins à la française ou dans le style anglais : les Hôtels de Soubise et de Clisson, l'Hôtel de Rohan, les Hôtels d'Assy, de Breteuil, de Fontenay et de Jaucourt. Il faut mentionner aussi le CARAN (centre d'accueil et de recherches des archives nationales), un bâtiment récent qui se fond assez bien dans l'architecture XVIIIème de l'ensemble. Dans ses salles climatisées et protégées les documents les plus précieux de notre histoire nationale sont conservés et consultés.
Hôtel de Soubise, façade, cour d’honneur et tourelles de l'Hôtel de Clisson (à gauche)
Au printemps 2011, le ministère de la Culture nous faisait un beau cadeau, l'ouverture des jardins au public. De haute lutte car 90 personnes du ministère y travaillaient et entendaient occuper la place de manière exclusive. Cette concession a été le fruit de l'action opiniâtre de Jean Maurin, membre très actif de notre association, à qui nous rendons hommage car il nous a quittés depuis. Sa démarche bénéficia du soutien du Maire de l'époque, Pierre Aidenbaum, qui mit un point d'honneur à obtenir le droit pour ses administrés de flâner, admirer le cadre et méditer dans le plus grand et le plus bel espace vert du Marais.
Décors de la Chancellerie d'Orléans
Ce droit nous a été partiellement retiré cependant il y a cinq ans pour permettre le déroulement de travaux de conservation et de réaménagement de l'Hôtel de Rohan avec un double programme, l'installation au rez-de-chaussée des décors de la Chancellerie d'Orléans (article E. Le Mitouard - Le Parisien) qui attendaient un sort meilleur dans des caisses depuis 1923 et l'aménagement des Hôtels voisins et bâtiments annexes pour étendre de 90 à 300 la capacité d'accueil du personnel du ministère. A cette occasion il est prévu et nous nous en réjouissons de rétablir l'accès 87 rue Vieille du Temple (IIIe) pour qu'on puisse désormais accéder par là aux cours et jardins et ressortir par l'Hôtel de Soubise rue des Francs-bourgeois en parcourant tous les jardins.
Les travaux ont pris du retard. L'Hôtel de Rohan devait rouvrir en 2018. Une inauguration a eu lieu en décembre 2021 seulement, avec tout le Gotha. On ne nous y a pas conviés et nous savons de source proche d'Ariel Weil que le Maire de Paris-centre ne l'a pas été non plus... On parle maintenant d'une ouverture partielle les week-end à partir de fin janvier 2022. Sera-t-elle aussi "discriminante" ?
Hôtel de Rohan, façade sur jardin. Construit de 1705 à 1708 pour le cardinal Armand-Gaston de Rohan par Pierre Alexis Delamair. Trois étages, surmontés d'un fronton sur un avant-corps à colonnes ioniques. (Photo VlM)
Nous ne sommes pas les seuls à nous plaindre d'un manque de savoir-vivre. Didier Rykner qui anime "La Tribune de l'Art" publie un brulot sur son site pour dénoncer le ministère de la Culture accusé le 20 décembre 2021 dans son magazine en ligne de "vandaliser un Hôtel particulier du Marais".
Il se réfère à l'aménagement des Hôtels adjacents à l'Hôtel de Rohan au bénéfice des employés du ministère de la Culture. Il n'est pas tendre : "les travaux... sont en train de donner lieu à un vandalisme d'autant plus inadmissible qu'il est dû à ceux qui sont en charge de la protection du patrimoine en France." Il donne des précisions sur la destruction d’éléments meublants tels que escaliers de services, porte, cheminée, frises, niches...
On peut craindre en effet qu'étant juge et partie dans cette affaire, le ministère de la Culture, qui exerce la tutelle de la DRAC (direction régionale des affaires culturelles), se soit octroyé des libertés qu'il refuserait à d'autres. Il faut néanmoins accorder une valeur raisonnable aux éléments concernés. A en juger par les photos qui illustrent l'article, il ne s'agit peut-être pas d'éléments de grande valeur patrimoniale et un jugement bénéfice/dommage peut le cas échéant se justifier.
Gérard Simonet
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