Les bouquinistes des quais de Seine et leurs "boites"... (Photo VlM)
Les parisiens sont profondément attachés à leurs bouquinistes des bords de Seine. Ils sont une signature de leur ville, au même titre que les monuments car ils attestent d'un art de vivre indissolublement attaché à notre pays et à sa capitale. Il n'est pas nécessaire de les inscrire au patrimoine immatériel de l'UNESCO pour qu'ils comptent dans nos cœurs.
En 2010, ces boites étaient dans un état déplorable, victimes du manque de soins et des tags. "Vivre le Marais !" a trouvé une écoute à l'Hôtel de Ville en la personne du Maire-adjoint à la propreté de l'époque, François Dagnaud, aujourd'hui Maire du XIXe. Il lui a fallu quelques mois pour déclencher une opération salutaire de remise en état, associant les bouquinistes et leurs représentants. Depuis lors, les coffres sont généralement propres, en dépit de quelques crétins-tagueurs qui s'attaquent périodiquement à eux avec leurs bombes maudites.
Tenir ces commerces n'est pas une activité particulièrement lucrative mais les propriétaires des boites n'en ont cure : il font ce travail par plaisir, en dilettante.
On vient de porter atteinte à leur tranquillité : la mairie de Paris et la Préfecture leur enjoignent de dégager leurs boites pendant les JO, car ils font écran à la parade de l'inauguration sur la Seine et posent un problème de sécurité.
Cette mesure se comprend, évidemment, mais elle ne va pas faciliter l'existence et le devenir de la profession. Nous n'y avons pas pensé, quand nous commentions il y a six ans la candidature de Paris pour les JO de 2024, en nous prononçant pour la décision sage d'y renoncer, comme l'avait fait Boston, Hambourg, Rome et Budapest.
Anne Hidalgo avait affiché son opposition dans un premier temps mais le Président François Hollande, en mal de popularité, avait demandé à la Maire de Paris qu'elle s'engage. Les observateurs suggéraient à l'époque qu'elle avait obtenu en contrepartie le vote par l'assemblée nationale, majoritairement socialiste, d'un décret lui permettant de capitaliser 30 ans de loyers des bailleurs-sociaux de la Ville pour améliorer le bilan de la mairie de Paris !
Si arrangement il y a eu, les bouquinistes ne seront pas les seuls à en payer le prix. Les parisiens vont majoritairement fuir leur ville pendant les jeux. Certains, plus malins, se consoleront en louant à prix d'or leur logement sur une plateforme de location saisonnière....
GS