L'espace a un nom : "Parvis Elise et Célestin Freinet", au carrefour des rues du Renard et Saint-Merri (IVe). Sur les piliers en béton de cette construction contemporaine qui soutient une école maternelle et élémentaire publique d'avant-garde et un centre sportif, ont fleuri une douzaine d'affiches porteuses de dessins et de messages qui feignent de viser les enfants mais atteignent plus surement les adultes.
On trouve sur les piliers ces affiches soigneusement encadrées qui portent ces messages :
- Construire une passerelle entre l'Afrique et l'Europe pour que les réfugiés puissent venir sans danger
- Punir les adultes pour leur montrer ce que ça fait !
- Faire des robinets avec du Coca et du Fanta en plus de l'eau.
- Construire une machine à remonter le temps pour nous prévenir du Covid
- Ne pas confier nos vies à l'IA même si dans le futur on pourra faire voler les voitures
- Faire que tous les pays se rassemblent pour détruire l'île de plastique
- Faire en sorte que toutes les villes en Afrique soient comme Paris
- Construire de vrais foyers pour les sans-abris
- Créer un "jour des ordures" où tous les adultes et enfants nettoient les rues
- Égalité salariale entre les femmes et les hommes
- Arrêter la faim chez les enfants
- Que chaque enfant ait un adulte qui le protège !
Cette campagne de communication mérite qu'on en fasse l'exégèse. L'auteur ne signe pas mais nous croyons l'avoir identifié. Il s'agit selon toute vraisemblance de Quentin Seven, un artiste peintre qui s'est fait connaitre en 2020 au moment de la percée du Covid, avec de l'affichage sauvage qui avait touché la place des Vosges et la rue du Temple notamment.
Il a depuis acquis des lettres de noblesse. Nous n'excluons pas qu'il ait agi ici dans le cadre d'une mission qui n'a plus rien de sauvage, commanditée et rémunérée par la Ville de Paris. Nous serions heureux que Karine Barbagli, Première Adjointe au Maire de Paris-centre, en charge de l'enfance et de la famille nous éclaire à ce sujet et nous précise quel est le message de fond que l'artiste a été chargé de véhiculer.
Il n'est pas aisé de le percer comme le souligne le titre de notre article. La naïveté et le truisme (*) font douter de la réalité de l'humanisme qui s'efforce d'inspirer la démarche, et du désintéressement politique de l'auteur. Il est intéressant de savoir comment les habitants du secteur et les familles des élèves réagissent à ce qui ressemble tout de même à une campagne. Laquelle ?.....
YLG/GS
(*) Vérité banale, si évidente qu'elle ne mérite pas d'être énoncée
Voici ce qu'on peut lire sur l'artiste :
"Semblant avoir été faites dans l'instant, les œuvres de Seven sont immédiatement reconnaissables tant leur forme, leur accessibilité et l'émotion qu'elles convoquent nous paraissent familières. Faire, refaire, imprimer du mouvement à la ligne pour inventer sa signature telle est durant 10 ans l'obsession de Seven. L'artiste travaille inlassablement son trait à la recherche d'une forme essentielle, presque élémentaire, pour faire naître ses personnages et inventer sa propre griffe narrative. C'est au début du confinement, alors que le monde s'enferme, que les peuples de Seven s'affichent hors les murs de la capitale."
"Artiste autodidacte, Seven explore différentes techniques de dessin et de peinture dans des squats d'artistes parisiens tel que le 59 Rue de Rivoli, le DOC ou plus récemment les ateliers de Paris. Il a durant trois ans accompagné dans des ateliers de dessin des réfugiés pour les aider à libérer leur parole. Depuis le confinement, les personnages de Seven se sont emparés des murs de Paris. Accompagnées d'un texte interpelant les passants, les figures de Seven s'incarnent tout aussi bien dans des scènes de vies du quotidien que dans celles des opprimés dont la vie a basculé dans l'horreur, qu'ils soient d'Afrique, de Syrie, d'Ukraine ou d'ailleurs."