Le carrefour Charlot-Quatre-Fils (IIIe) pendant les travaux de transformation de la chaussée et des trottoirs. Le conseil du quartier concerné n'était pas au courant !
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On ne peut pourtant pas dire qu'il s'agissait de travaux mineurs. La rue Charlot est restée fermée pendant un mois environ. Irène, qui est membre du conseil de son quartier et qui vit là, n'en a pas cru ses yeux. Notre association, toujours prompte à réclamer des transformations quand elles correspondent aux voeux des riverains, n'avait rien demandé. Pas plus que nos cousins de "Marais-Temple", dont le siège est précisément rue Charlot.
Sur le fond, nous ne critiquons pas ce qui a été fait. La sécurité des piétons, en particulier celle des parents des enfants et des élèves de l'école primaire des Quatre-Fils, est améliorée grâce à un aménagement approprié des trottoirs et la mise en place d'un ralentisseur. A plus forte raison, pourquoi avoir laissé le conseil de quartier dans l'ignorance du projet ?
C'est l'occasion de s'interroger sur le rôle de ces fameux conseils, créés par la loi "démocratie de proximité" du 27 février 2002. Obligatoires pour les villes de plus de 80.000 habitants mais laissés totalement à l'initiative des maires, ils connaissent des sorts divers.
A l'extrême, comme à Marseille où l'agglomération ne compte pas moins de 200 "comités d'intérêt de quartiers" (CiQ), le Maire, avec le ton débonaire qu'on lui connaît, a annoncé sentencieusement que sa ville n'avait pas besoin des nouveaux conseils de quartiers. Les CiQ fonctionnent depuis le début du XXème siècle et sont devenus là-bas une institution.
A Paris, 121 conseils de quartiers ont été créés depuis 2002. Chaque arrondissement a sa charte de constitution et de fonctionnement. On trouve des disparités gigantesques de l'un à l'autre. Dans le IVe, la Maire Dominique Bertinotti, a fixé pour postulat que la composition des conseils devait refléter la majorité politique de la municipalité. Pour s'en assurer, la charte dispose que 2 collèges sur trois, pour faire court, sont directement sous son influence.
Chez Pierre Aidenbaum, dans le IIIe, c'est le hasard en totalité qui détermine le choix des conseillers, tous volontaires donc tous militants, mais pas forcément de la sensibilité du Maire. Cette relative impartialité n'a pas empêché toutefois des psychodrames qui se sont souvent terminés par le limogeage pur et simple du président du conseil voire du bureau tout entier.
Les conseils sont ouverts au public, à l'exception du quartier St Gervais qui travaille à huis clos, style politburo.Cette façon de concevoir la démocratie de proximité est une perversion. Les conseils de quartiers n'ont ni représentativité ni pouvoir. Se donner de l'importance en se refermant sur soi-même relève du syndrome de la grenouille qui voulait être plus grosse que le boeuf !
La seule démocratie qui vaille aujourd'hui, c'est celle que nous donne nos institutions, celle qui fait de nos élus nos représentants. La loi de 1982 (dite loi PLM) qui instituait les CICA (comités d'initiatives et de consultation d'arrondissements) a ouvert les Conseils d'Arrondissements (où seuls les élus ont voix au chapitre) aux associations habilitées qui peuvent dans cette circonstance être entendues et écoutées. C'était sans doute le pas le plus volontariste vers une démocratie de proximité qui n'en altérait pas les fondements. Les conseils de quartiers actuels n'ont pas ce mérite et rendent désormais confus le rôle des CICA, que les maires ont tendance à négliger, ce que nous n'acceptons pas.
La lecture de ces lignes peut laisser croire que nous voulons la disparition des conseils de quartiers. En réalité, nous les fréquentons assidûment car il s'y dégage un parfum de Comédie Humaine qui réchauffe le coeur. On s'y fait des amis et le quartier devient un village où tout le monde ou presque se connaît. Il faut et il suffit à notre bonheur que cette instance reste à la place qui est la sienne.