C'était l'intention de la Ville, de protéger les commerces existants. Qu'en aurait-il été des commerces de gros ?
Tout le monde s'accorde à louer les mérites des commerces de proximité. Cette attitude est encore plus manifeste dans les zones où les grossistes importateurs se sont assurés le monopole de l'occupation des locaux au bas des immeubles.
La Mairie de Paris avait cru bon d'introduire dans le PLU (plan local d'urbanisme), une clause visant à protéger 260 kilomètres (18% de la longueur totale des rues parisiennes) contre la transformation de boutiques existantes 'en locaux éclairés uniquement par des baies ou en logements non conformes aux règles de confort et de sécurité en vigueur'. Comprenez, des aménagements qui correspondent à un changement de destination des lieux.
Suite au dépôt en début d'année d'un recours du Préfet Bertrand Landrieu contre plusieurs dispositions du PLU, le Tribunal Administratif de Paris, dans son délibéré du 2 août 2007, a décidé d'annuler celle qui concernait la protection des commerces, au nom du respect du droit de propriété.
S'agissant du Marais, que doit-on en penser ?
Rappelons tout d'abord que le PLU ne s'applique pas au centre historique de Paris dont les règles d'urbanisme contenues dans le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) ont été fixées par décret en 1996. La Mairie de Paris et l'Etat ont bien lancé un processus de révision mais les plus optimistes ne le voient pas aboutir avant cinq ans et rien ne garantit que les dispositions du PLU y seront intégrées.
Quant à la préservation des commerces de proximité, il faudrait avoir enfin le courage ou la lucidité de sortir des sentiers battus. Disons le sans détour : nous ne souffrons pas de leur absence ou de leur rareté. Il y a quatre boulangers dans la seule rue Rambuteau, six traiteurs (dont quatre asiatiques), trois primeurs, deux bouchers à cent mètres de distance, un autre rue des Gravilliers, un éventail complet des commerces de bouche rue de Bretagne et au marché des Enfants Rouges, au marché Baudoyer, près d'une douzaine de supérettes au total, et cet inventaire en oublie plus d'un.
En vérité, dans certains quartiers et singulièrement dans le IIIe entre Temple et Beaubourg, les grossistes importateurs ont occupé tout l'espace vacant laissé souvent par des commerces traditionnels ou des artisans victimes, non pas des grossistes eux-mêmes, mais de l'évolution de nos modes de vie et de nos habitudes en matière de consommation. Veut-on pérenniser cette situation ou au contraire oeuvrer pour une véritable diversification ? Il n'y a aucune chance qu'un commerce traditionnel vienne remplacer une boutique de gros et ses entrepôts. On peut imaginer, en revanche, l'implantation de micro entreprises dans les domaines de la technologie, de la création, du conseil, des services aux habitants ou de la culture. A première vue, les dispositions du PLU pourraient constituer un frein puisque la diversification implique inévitablement un changement de destination.
Pour toutes ces raisons, nous avons dit au Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, qu'il n'y a pas lieu de regretter la décision de justice. Les propositions que nous avons faites pour changer le caractère du quartier concerné, si elles sont retenues comme nous l'espérons (le Maire nous a promis une réponse pour fin septembre), auront une bien meilleure efficacité. Pourquoi chercher ailleurs ce qui est entre nos mains ?