A écouter les conférenciers, il nous est revenu à l'esprit une bande dessinée humoristique qui met en scène un pianiste de concert. Il s'assoit sur son siège, ajuste son habit, prend l'air inspiré et constate que ses mains n'atteignent pas le clavier. Il se tourne vers la coulisse et donne un ordre. Une grue arrive sur la scène, soulève le piano et le place à bonne distance de lui.
Il nous a semblé que la lutte contre le bruit, considéré par les franciliens comme la nuisance numéro 1, souffrait de ce genre de dérive.
Tout a commencé par la cartographie. Paris a donné l'exemple en sortant sa carte en 2004, bien avant l'échéance fixée par Bruxelles. Mais à regarder de près, cette étude était une simple déclinaison de la carte du trafic automobile, au motif que le bruit dans la ville étant essentiellement routier, il est directement corrélé au trafic. Bien entendu, on a introduit quelques modulations intelligentes mais la cartographie du bruit de Paris ignore les émergences, donc le bruit de la moto au pot d'échappement frelaté, les klaxons dus aux embouteillages, les sirènes des pompiers, les vociférations des fêtards la nuit et bien d'autres motifs de notre allergie à cette nuisance majeure.
A écouter les déclarations des participants, la lutte contre le bruit se présente comme une politique d'aménagement qui fait une part plus importante à l'isolation phonique, aux écrans anti-bruit, à la couverture des axes routiers, aux quartiers verts et autres dispositions de voirie, tout à fait louables au demeurant, mais qu'on ne s'attendait pas à trouver en réponse frontale au problème.
Car la lutte contre le bruit passe avant tout par l'élimination des causes. On retrouve là le syndrome du pianiste : il était trop facile pour lui de rapprocher son siège !
Au risque d'agacer nous répétons qu'il faut une réglementation plus contraignante à l'égard des deux-roues motorisés, plus limitative à l'égard des klaxons (où en est-on de l'idée d'un précédent Préfet de Police de Paris, de coupler le klaxon avec les feux de détresse, reprise d'ailleurs dans le plan de lutte contre le bruit de Paris, mais toujours dans les limbes quant à son implémentation), une attitude plus déterminée de la part de la police, qui ne verbalise pas ces types d'infractions.
La démarche des élus est respectable car elle est bonne en soi mais, à l'égard du bruit, problème plus que présent, elle fait figure de projet à très long terme, qui laisse les administrés sur leur faim.
Dans cet ordre d'idées, on prépare la "Technoparade 2008" à Paris. Il est désolant de constater les moyens que la Ville déploie à cette occasion pour protéger les participants de l'agression des décibels qui seront déversés sur les participants et notamment les plus jeunes et les plus vulnérables, alors que le bon sens recommanderait qu'on limite la puissance des sonos installées sur les chars.
Il faudrait aussi penser aux riverains qui voient venir cet évènement avec appréhension. Nous rappelons, à cette occasion, à la Préfecture de Police, notre souhait que l'itinéraire traditionnel autour du Marais soit modifié : il n'est pas normal qu'on inflige cette épreuve chaque année aux mêmes personnes. Les jeunes veulent cette manifestation, soit, mais que chacun ait sa part de la croix.