La construction de l'Hôtel, commandée par Denis Amelot de Chaillou, 47 rue Vieille du Temple (IVe) remonte à la seconde moitié du XVIIe siècle. C'est son fils Jean-Baptiste Amelot de Bisseuil qui lui a laissé son nom. Il hébergea les ambassadeurs de Hollande autour de 1715 et connut d'autres occupants prestigieux, notamment Caron de Beaumarchais, qui composa dans ses murs en 1778 son frivole "Mariage de Figaro". A droite, portail et fronton. A gauche, vue générale et magasin Oliviers & Co, spécialiste en huiles d'olives.
Détenu aujourd'hui par une société civile immobilière, la SCI Amelot de Bisseuil, qui gère les biens de la fondation Paul-Louis Weiller du nom de l'industriel et mécène qui fit l'acquisition de l'Hôtel en 1951, ce patrimoine remarquable cherche un nouveau souffle. Plusieurs options sont étudiées actuellement par les propriétaires pour que ces bâtiments en jachère soient désormais le cadre d'activités économiques ou culturelles dignes de ce qu'ils sont.
La restauration entreprise avant la seconde guerre mondiale, et qui s'est poursuivie ensuite avec le concours et sous le contrôle de Jean-François Lagneau, Architecte en Chef des Monuments Historiques, en a fait un ensemble architectural parmi les plus riches du Marais, même si beaucoup encore reste à faire, notamment le ravalement de la façade et du fronton qu'on voit sur la photo.
Pierre Kjellberg, dans son "nouveau guide du Marais" en décrit la richesse : "portail avec vantaux en quatre parties, sculpté par Thomas Regnaudin, fronton où sont représentées des figures de la guerre et de la paix. Au revers, Romulus et Remus. Vantaux décorés de médaillons d'enfants tenant des masques de méduses. Les bâtiments s'organisent autour d'une cour d'honneur étroite avec balcon à balustres de pierre et fronton soutenu par quatre termes d'enfants, et seconde cour plus vaste avec façade élégante percée de quatre niches ornées de statues. L'intérieur conserve quelques pièces exceptionnelles avec décors et plafonds intacts ou bien restaurés".
Oliviers & Co, distributeur mondial d'une carte de 25 crus exceptionnels d'huiles d'olives, tient boutique au rez-de-chaussée. Rose-Marie Fournier, qui gère le magasin, craint pour la pérennité de son bail. Dans le doute, le président Albert Baussan a décidé de le déplacer. Pour l'installer où ? nous en sommes ravis, dans le local de la fameuse pharmacie du 36 rue des Francs-Bourgeois (IIIe). On se souvient qu'elle défraya notre chronique avec la tentative de Tara Jarmon d'y implanter un magasin de vêtements, dont le projet de devanture sur l'Hôtel Poussepin souleva l'indignation des copropriétaires et autres amoureux du Marais.
Oliviers & Co promet de conserver la devanture en l'état, comme l'exigent les Bâtiments de France. Ils se contenteront, ce qui est admis, de remplacer le bandeau "pharmacie" par leur propre enseigne. C'est l'épilogue d'un combat amorcé en août dernier par les riverains, soutenu par notre association, contre un projet qu'ils désapprouvaient. www.vivrelemarais.typepad.fr/blog/2008/08/index.html (archives, article du 30 août 2008).
Nous restons très attentifs au devenir de l'Hôtel lui-même. Pour en avoir parlé avec le président de la société qui le gère, nous avons le sentiment qu'il agira dans le respect du cadre architectural du Marais et avec le souci de protéger les riverains d'une atteinte à leur environnement.
Gérard Simonet
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