Le Journal Officiel l'annonçait le 28 décembre 2009, les discothèques de France pourront désormais rester ouvertes jusqu'à 7 heures du matin. (photo les nuits d'Ibiza)
L'initiative jusque là appartenait au Préfet. C'est lui qui fixait pour son département l'heure de fermeture. Cette liberté d'appréciation lui est retirée. Le gouvernement décide à sa place en faveur d'un horaire unique censé contribuer à libérer l'économie des contraintes existantes : ce sera 7 heures du matin, le maximum, de façon générale.
"Une uniformisation qui satisfait tout le monde" commente "L'Union" de Reims. Tout le monde, c'est à dire tous les professionnels de la nuit, représentés notamment par la "Fédération Nationale des Cafés, Brasseries et du Monde de la Nuit", dont le Président se frotte les mains en faisant ses comptes.
Les arguments utilisés par les uns et les autres pour prétendre que cette mesure est salutaire ne résistent pas à une analyse de bon sens : si ces professionnels, qui vivent de la vente de boissons alcooliques, se réjouissent et annoncent investissements et création d'emplois (on a déjà entendu cette profession de foi à propos de la TVA), c'est qu'ils tablent sur une augmentation de la consommation de boissons par les jeunes, cibles de leurs discothèques. Ils en font la chair à canon (de rouge) de leur commerce. Il était malsain de les laisser partir à deux heures du matin "pour consommer ailleurs", disent-ils, on va s'en occuper jusqu'à sept heures.
Ils ont l'obligation d'arrêter de servir à 5h30. Dans les pays où cette mesure est en place, un haut-parleur prévient les consommateurs avant l'échéance et ils se précipitent au comptoir pour faire des réserves. Au bout du compte, cette disposition est génératrice de surconsommation.
Nous ne cherchons pas à accentuer le trait. Ceux qui vivent comme nous dans des secteurs où les nuits sont festives et chaudes connaissent parfaitement l'ambiance des petits matins, car c'est souvent l'heure où ils partent travailler en slalomant entre les plaques de vomi, les déchets en tout genre et les clients ivres qui hurlent ou se battent, quand ils ne gisent pas inconscients en travers du trottoir.
Il y a peu de discothèques dans le Marais. Il est possible que cette loi ne nous concerne pas. Il ne faudrait pas toutefois qu'elle serve de prétexte à l'extension du nombre déjà trop élevé des établissements qui ont l'autorisation de nuit, véritables jalons d'un parcours de buveurs noctambules qui n'est pas compatible, avec la tranquillité des habitants, compte tenu de leur densité et de l'étroitesse des voies.