Les deux hangars sur cours pavées des 5 et 5bis rue des Haudriettes (IIIe). (Cliquer sur la photo pour l'agrandir).
Ces constructions parasites prolongent sur les cours intérieures, dont ils détruisent malheureusement les proportions et l'esthétique, un local commercial qui occupe les pieds d'immeubles des 5 et 5bis sur la rue. Propriétés de la famille Quesnel au milieu du siècle dernier, les immeubles des 3,5 et 5bis sont de la même facture, une architecture XIXe siècle, lourde mais plutôt bien intégrée dans l'urbanisme de la rue.
En 2001, la municipalité nouvellement élue à la tête de la Mairie de Paris, décide l'acquisition des immeubles du 3 et du 5, pour la somme de 130 Millions de Francs. Ils sont alors occupés à 60%. La SAGI, bailleur social de la Ville de Paris, procède à une rénovation sérieuse et les appartements libres sont affectés à des bénéficiaires de logements sociaux. On y relogera en particulier des familles victimes de l'incendie du squatt du "Roi Doré".
Le 5bis n'est pas concerné. Pour faire face à ses charges, les propriétaires l'avaient préalablement vendu en copropriété.
Un grossiste-importateur en maroquinerie occupait un local sur rue à l'enseigne "DIXIMPORT", prolongé sur les cours intérieures, par des hangars avec verrières, pour une surface totale de 400 m². Comme nous le disions dans notre journal "Vivre le Marais !" n° 31, le commerçant a déménagé en mars laissant ses locaux libres de toute activité.
Au titre du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, les deux hangars figurent respectivement en tâches jaune (pour le 5) et orange (pour le 5bis), ce qui veut dire que "leur démolition pourra être imposée à des fins de mise en valeur ou en raison de leur vétusté (sauf pour les tâches orange tant qu'il y a maintien des activités)". L'activité ayant cessé, les deux constructions sont vouées au même sort.
Comment se peut-il, dans ces conditions, que la mairie du IIIe vienne de confirmer au conseil de quartier Ste Avoye, que ce local accueillera prochainement un MONOP', au grand dam des habitants copropriétaires du 5bis, qui viennent de distribuer un tract révélateur de leurs inquiétudes mais aussi du ressentiment qu'ils éprouvent à la constatation qu'une transaction, dont ils sont partie prenante, s'est déroulée au-dessus de leur tête.
Cette affaire présente plusieurs facettes.
Un volet patrimonial, tout d'abord.
Le PSMV a pour vocation de mettre en valeur le Marais en lui donnant une respiration qui lui fait encore défaut. Il ne fait de doute pour personne que les deux verrières que nous voyons sur la photo enlaidissent une cour pavée qui ne demande qu'à retrouver ses proportions originelles.
Le PSMV est en révision et nous savons que les orientations prises, même si elles ne seront approuvées qu'à l'issue d'un processus de près trois ans, recommandent plus de considération pour la mémoire du XIXe siècle, son architecture et son héritage industriel. Peut-on affirmer que ces verrières entrent dans cette catégorie ? Certainement pas. Au nom de quels principes, l'agence Blanc-Duché chargée de sa révision et les architectes de Bâtiments de France pourraient-ils renoncer à une injonction de démolir ?
Un volet économique, ensuite.
La disparition du monopole du commerce de gros, et singulièrement de la maroquinerie d'importation, est un objectif que la mairie du IIIe partage avec les habitants. Il faut bien entendu accepter qu'il soit remplacé par autre chose. Un MONOP' de ce point de vue n'est pas forcément une mauvaise affaire si sa direction fait preuve d'une bonne écoute à l'égard des riverains.
Un volet foncier, aussi.
La démolition a un coût. Sans doute la RIVP, qui a pris la suite de la SAGI comme bailleur social du 5, pourrait y faire face, mais quid des copropriétaires du 5bis ? Sur quelle base indemniser le propriétaire de la verrière (qui ne vaut théoriquement que le prix du terrain) et y aurait-il accord pour financer les travaux de réhabilitation de la cour ?
Un volet règlement de copropriété, enfin.
La création d'un nouveau commerce implique des travaux d'aménagement intérieurs et extérieurs (devanture, enseigne) dont certains doivent être acceptés en assemblée générale. A défaut, la Direction du Permis de Construire et du Paysage de la Rue, puis les Bâtiments de France, dans le cadre de leurs compétences, ne peuvent examiner le dossier de façon formelle. Aux dires des membres du conseil syndical du 5bis, le dossier ne leur a pas été présenté. On observe, du reste, qu'aucune "Demande Préalable d'autorisation de Travaux" n'a été déposée bd Morland, au siège de l'urbanisme.
Il ne faut pas s'étonner, en l'absence d'information, que des commentaires désobligeants circulent : pouvoir de l'argent, entregent, mépris du patrimoine collectif au bénéfice du lucre, volonté de passer en force .... Il existe une façon très simple de l'éviter : INFORMER, JUSTIFIER et NEGOCIER.
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Je ne connais pas toute la législation en matière de copropriété, je suis néammoins surprise que la copropriété n'ait pas été au moins consultée : il faudrait peut-être voir un juriste d'une association spécialisée (l'ARC par ex); ne faut-il pas une autorisation d'AG de la copropriété pour ce type d'opération ? Les réglements de copropriété ont malheureusement établis dans le quartier par des commerçants pour des commerçants, avec tous les abus que cela entraîne. Mais il reste que les lois sont au-dessus des réglements de copropriété : il reste peut-être au moins un recours juridique, ce qui a hélas un coût mais à le mérite d'exister...
Rédigé par : Monique B-F | 16 avril 2010 à 11:32
Le problème de l'indemnisation revient régulièrement dans toutes les réunions où le problème des taches jaunes ou oranges du PSMV est évoqué, or :
- le PSMV n'a pas encore été révisé, la législation qui s'applique à ces taches est toujours valable
- pourquoi parler d'indemnisation de propriétaires qui ont acheté ces taches à bas prix et en toute connaissance de cause (cees restrictions inhérentes au PSMV devant figurer dans l'acte de vente)?
- le problème reste la détermination des Bâtiments de France à faire appliquer ce réglement lorsque c'est possible et les moyens dont ils disposent pour le faire, en supposant qu'ils aient été préalablement saisis d'une demande de démolition(à ma connaissance, ils n'interviennent pas spontanément)
NB : D'après Didier BERTHELOT, de la Direction de l'Urbanisme de la Mairie du 4ème, si j'ai bien compris, on ne pourrait toucher à ces taches que dans le cadre d'une intervention sur toute une parcelle ; si les parcelles ont appartenu en des temps lointains, à un seul propriétaire, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Ensuite, qui paie cette démolition : théoriquement, ce devrait le propriétaire du lot incriminé, qui a acheté en toute connaissance de cause. Toutes les conditions sont donc réunies pour que les prescriptions du PSMV en la matière ne soient pas appliquées !
Rédigé par : Monique B-F | 16 avril 2010 à 11:23
Si ce super marché s'installe, les livraisons vont boucher la rue étroite et on va subir des concerts de klaxons. Il faudrait obtenir de la police que le temps que les opérations se déroulent on interdise l'accès à la rue par un feu rouge ou autre moyen. Question : que faire avec les bus ?
André
Rédigé par : andré | 16 avril 2010 à 08:54
Ok des commerces de proximité, je suis pour
Rédigé par : Gérard | 14 avril 2010 à 18:29
Je pense qu'il serait temps de lever ce qui est bel et bien une hypocrisie : Les Bâtiments de France nous disent que ce foncier "ne vaut rien", mais cela se vend dans nos quartiers autour de 5000 € du m2; Ils n'ont pas les moyens financiers pour "imposer" la démolition de ces verrières et les riverains non plus.... Alors le pragmatisme ne serait il pas d'autoriser leur réhabilitation en imposant certaines normes à définir et en faisant une liste des occupations à exclure. Un supermarché... je compatis ! Il y a de très belles réhabilitations,en haut de la rue de Sévigné par exemple, dans ce magasin très chic dont j'ai perdu le nom..
Rédigé par : jeanine Le Bihan | 14 avril 2010 à 17:00