Vitrine en trompe-l'oeil rue de Bretagne, en juin 2011, sur un mur qui appartient à la Mairie de Paris. La véritable devanture de Subway est à l'angle, au 29 rue Debelleyme (IIIe).
Nous lui avons consacré un article en date du 7 juin 2011. Subway avait cru bon, en ouvrant sa boutique de restauration rapide d'inspiration anglo-saxonne, de supprimer un trompe-l'oeil qui représentait un bistrot ancien, dont on a gardé la nostalgie.
Mal lui en a pris. Les vandales-tagueurs se sont rués sur le nouveau décor pour en faire un dépotoir visuel. Cet été, le commerce a changé de mains. Il est dirigé aujourd'hui par deux associés qui témoignent d'une volonté évidente de soigner leur image. Ils manifestent un désarroi profond face à la situation.
Régulièrement, ils font appel au service de nettoyage des tags de la Mairie de Paris (0 800 004 626), la société "HTP Graffiti". Ces professionnels repeignent les panneaux latéraux mais déclarent n'avoir pas le droit de toucher à la partie centrale car il s'agit, selon eux, d'une création artistique qui appartient à son auteur.
On se croit à Clochemerle, mais ce n'est pas tout : un quidam s'est présenté aux gérants et leur a demandé l'autorisation de peindre une oeuvre de son cru. N'ayant aucun droit sur ce mur, ils se sont défaussés. L'artiste, émule sans doute de Jean-Michel Basquiat, s'est alors installé et, dans l'indiférence totale et en plein jour, sans autorisation et sans que le moindre agent de la mairie ou de la police intervienne, il a commis cette oeuvre que tout un chacun peut admirer en ce début du mois de septembre.
Le nouveau décor de septembre 2011
Pas terrible, chacun en conviendra, comme le reconnaissent les deux gérants, un brin penauds ! N'ayant pas réussi à intéresser la mairie du IIIe à leur problème d'identité visuelle, ils nous ont interrogés ce matin : "dites nous ce que nous pouvons faire !"
Nous leur avons suggéré de rétablir le décor d'origine. Il plaisait à tout le monde et, comme on peut le constater sur la photo, les tagueurs, peut-être pas si vandales et béotiens qu'on pourrait le croire, l'avaient épargné.
Quant à la Mairie de Paris, il faut qu'elle prenne enfin conscience que ces dégradations qui frappent les façades, le mobilier urbain, les devantures de magasins et autres surfaces qui sont notre cadre de vie, appellent un traitement à la base qui doit compléter la politique indispensable de nettoyage qui est en oeuvre aujourd'hui.
Il suffit de faire un tour rapide dans les quartiers du Marais pour constater que les vacances ont été fatales au paysage de la rue et que l'entreprise de nettoyage des tags, loin de rattraper un retard qu'elle a pris au changement de prestataire, l'a vu s'aggraver.
Bertrand Delanoë ne parait pas prendre ce problème suffisamment au sérieux. En attendant qu'une stratégie de traitement à la base soit décidée et porte ses fruits, nous insistons pour dire qu'il faut accentuer les moyens d'intervention. Si le taux d'éradication des graffiti est plus faible que leur renouvellement, nous allons tout droit vers une ville sinistrée où les habitants n'auront plus qu'à pleurer sur la saleté de leurs immeubles, les commerçants sur leurs vitrines défigurées. Quant aux visiteurs de la ville la plus fréquentée au monde, il y a fort à parier que leur jugement sur l'état de propreté de notre capitale, déjà médiocre, ne sera pas à l'honneur des gestionnaires de la Ville.
Il ne s'agit pas de majorer nos impôts locaux, déjà sollicités au-delà du raisonnable ces deux dernières années. La Mairie de Paris accorde plusieurs centaines de millions d'€ chaque année aux associations, sans réel souci de leur efficacité. Qu'elle fasse la chasse aux subventions inutiles ou inappropriées en affectant les économies au renforcement de la lutte pour la préservation du cadre de vie. Il suffirait de 2% sur 250 Millions d'€, pour dégager 5 Millions d'€ supplémentaires (source : fichier des subventions de la Ville pour 2004 ; c'est l'année où le document est le plus lisible et fournit un total. Notez que 50 autres millions d'€ sont versés par le "département" de Paris) Accéder au fichier
Partant d'un constat local, on en arrive à des choses plus graves. Nous sommes à la veille d'une année difficile où il faudra choisir ceux qui seront appelés à nous gouverner pour cinq ans, dans un environnement économique et social dont il n'échappe à personne qu'il est menaçant. Dans ce contexte, tous les gestes, y compris ceux de nos édiles municipales, parce qu'elles sont représentatives d'un courant politique, seront regardés et évalués à la loupe.
L'urbanisme est intervenu auprès du Subway pour leur demander de retirer drapeaux-flammes publicitaires et autres, ainsi que les tables qui encombraient le trottoir rue Debelleyme sans autorisation. Si les tables ont été retirées, les drapeaux-flammes et les panneaux à leur enseigne sont toujours en place .
Les gérants prétendent avoir reçu l'autorisation de la Mairie du 3e pour ouvrir le restaurant côté rue de Bretagne, ce qui voudrait dire que l'on risque de voir en toute légalité tables et chaises envahir le trottoir.
Concernant le graf (ou gribouillage) peint il y a quelques jours, il est tout simplement immonde...
La Mairie laisse faire et ne joue pas son rôle. Son accord avec la société "htp Graffiti" semble autoriser cette dernière à ne rien faire, j'en fait l'expérience depuis maintenant 4 mois. J'ai eu plusieurs échanges avec l'élue chargée du service de la propreté, mais rien ne bouge pour autant.
A quand une municipalité qui agit ?
Bruits et saleté envahissent notre quotidien avec l'accord tacite d'une mairie passive...
Marie Isabella
Rédigé par : marie isabella | 12 septembre 2011 à 13:54
Encore merci d'être toujours "sur la brèche" !
Au sujet, si sensible, des tags et autres graffitis, je voulais porter à votre connaissance le fait suivant.
Ce matin, l'entreprise HTP passant dans ma rue ( rue Ste Anastase) pour enlever les tags fortement présents, j'en ai profité pour discuter avec l'un des deux employés présents.
Je lui ai d'abord fait part de mon étonnement quand à la prolifération des dégradations et le peu de réponse de l'entreprise ( cela faisait plus d'un mois que j'avais appelé - et ce à plusieurs reprises, passant même par le service de propreté de la mairie du troisième qui m'avait assuré faire le nécessaire, sans résultats, ce qui fait que les tags appelant les tags, cela était devenu une véritable horreur ).
Après quelques atermoiements, l'employé a finis par reconnaître que HTP était complètement dépassé et n'arrivait pas à "suivre" et ce pour une raison simple : lors de l'obtention du contrat, celui-ci s'est fait sur la base d'un nombre de m2 tagués estimé par la ville la Mairie de Paris, estimation qui s'est révélée en réalité trois où quatre fois ( dixit ) inférieure à la réalité.! Ce qui fait, toujours d'après l'employé, qu'ils auraient besoin de bien plus de personnel et un contrat revu à la hausse ( c'est le moins qu'on puisse dire).
Si tel est vraiment le cas - et je ne vois pas pourquoi mettre la parole de cette personne en doute , surtout que cela explique alors parfaitement le problème, cela est parfaitement honteux et malhonnête - tant vis à vis de HTP que ( surtout) des parisiens que l'on prend un peu pour des imbécile dans les mairies et notamment à la mairie de Paris.
Cordialement.
Jean-Pierre Parmentier
Rédigé par : jean-pierre parmentier | 12 septembre 2011 à 13:51
L'effacement des tags est certes nécessaire mais ce n'est pas une solution, comme on peut d'ailleurs le constater. Il faut une tolérance zéro et une répression adaptée. C'est là que nos édiles sont pris dans le politiquement correct de leur sensibilité politique. Le débat est donc effectivement politique dans le sens des attitudes, et non dans le sens budgétaire. Du genre "on n'a pas le moyens de financer l'effacement des tags" versus "on peut s'en donner les moyens en supprimant des subventions inutiles". Je suis évidemment d'accord pour la suppression de ces subventions, mais elle est encore plus politiquement (électoralement) sensible. Et en plus cela ne réglera pas le problème.
Jean Coret
Rédigé par : coret jean | 12 septembre 2011 à 10:34
Bonjour,
La voix de la raison et la voie de la passion -du patrimoine et du cadre de vie- est effectivement celle de notre association.
Revenir au décor initial en accord avec tout un chacun est effectivement le sens qui convient pour ne pas dire le "bon sens" qui semble ces derniers temps échapper à des décideurs qui décidément ne doivent pas habiter dans le Marais ou qui ne regardent peut-être que les environs immédiats de leur ci-devant logement.
Une suggestion, si tant est qu'elle soit praticable, serait d'inviter le service concerné de la Mairie a faire une fleur au patrimoine en intégrant à proximité immédiate de cette devanture refaite à l'ancienne un panneau borne ou autre formule solide et stable pour inviter le passant à visiter la salle des enseignes anciennes parisiennes du musée Carnavalet qui est de toute beauté et sans doute la plus belle collection nationale et mondiale sur ce thème ; c'est au début (Moyen-âge) de la visite du musée et cela vaut le déplacement en soi.
Une sorte de publicité pour le musée Carnavalet en signalant spécifiquement cette salle au passant regardant cette vitrine à l'ancienne (d'inspiration juste centenaire)
En tous les cas oui au retour
Basquiat au musée ou chez soi pour ceux qui aiment et ont les moyens: oui ! Le produit dérivé et misérable (sorte de subprime de la culture) sous notre nez: neni !
Espérons que cette amélioration de bon goût (le retour à la devanture initiale) sera le cadeau de rentrée des habitants au moment où on se prépare pour les journées du patrimoine...
michel t.
Rédigé par : michel t. | 12 septembre 2011 à 09:56