Façade de Saint Eloi des Barnabites devenue celle des Blancs-Mateaux
Sur ordre de Saint Louis qui revenait de la première croisade, une église dans le style de la Sainte Chapelle et un couvent sont construits en 1258 sur le site actuel de l’église des Blancs Manteaux. Le lieu est destiné à l’ordre mendiant des Serfs ou servites de Marie dont les membres qui portent un manteau blanc suivent la règle de Saint Augustin. Quelques années plus tard, l’ordre, comme tous les ordres ermites, est supprimé par Grégoire X et les bénédictins de Saint Guillaume de Maleval dits aussi « guillemites » leur succèdent. Bien que portant une robe noire, ils continuèrent à s’appeler Blancs Manteaux. Une nouvelle église consacrée en 1397 remplace l’édifice existant. A la suite du Concile de Trente, les guillemites, resté un petit ordre, est réformé par les bénédictins de Saint Maur. Les nouveaux moines qui arrivent ensuite entreprennent en 1685 la construction d’une église plus grande et le couvent est rebâti. Le monastère devient alors un centre d’érudition qui comprenait des bâtiments importants et des jardins. L’église actuelle est le seul « vestige » de l’ancien couvent. En effet en 1790, le couvent est fermé. La bibliothèque est saisie et devient un des fonds importants de la Bibliothèque Nationale (estimé à 20 000 volumes) et des Archives Nationales. Quant à l’église et au cloître, ils furent vendus en 1796 et 1797, le monastère a été détruit après avoir servi de garnison et l'annexion de certains bâtiments par le Crédit municipal (appelé alors Mont de Piété), nouvellement installé à cet endroit. Le presbytère reste un rare témoin des bâtiments conventuels.
Le Concordat transforme l’église conventuelle en église paroissiale à partir de 1802.
De l’extérieur, venant de la rue Aubriot, la façade est très sobre. Il est difficile d’imaginer qu’elle était celle d’une autre église détruite par Haussmann dans l’Ile de la Cité, Saint Eloi des Barnabites, datant du début du XVIIIème siècle. Démontée pierre par pierre, elle a été remontée par Baltard, une huitième travée étant alors adjointe à l’édifice. C’est seulement en 1929 que la fontaine du monastère datant de 1719 est remontée le long du mur de l’église donnant sur le square Charles Victor Langlois.
Vue interieure de l'église
A l’intérieur de l’édifice tout le mobilier a été acquis par la paroisse et les curés qui se sont succédé durant le XIXème siècle. Plusieurs pièces présentent un intérêt.
Les stalles sont du XVIIème et proviennent de l’ancienne église Notre Dame de Lorette et de celle de Sceaux. Les piliers au-dessus de ces stalles et le mur à l’arrière de l’autel sont habillés de précieuses boiseries du XVIIIème magnifiquement sculptées. Les balustrades qui ferment le choeur sont somptueuses, elles sont décorées de rinceaux et de coquilles, elles ornaient autrefois le château de Bercy détruit en 1861 (quelques pavillons sont encore visibles à Charenton le Pont). La chaire est remarquable et unique, il s’agit d’un travail flamand, toute en marqueterie de bois d’ivoire et d’étain qui représente des scènes bibliques.
La chaire flamande toute en marqueterie
Le grand orgue a été construit en 1831. Il repose sur des piliers carrés ornés de panneaux sculptés XVIIéme ayant la même provenance que ceux du chœur. Après plusieurs agrandissements et restaurations, l’instrument est endommagé par des bombes allemandes en 1944. Ce n’est qu’en 1968 qu’il est rendu au culte après un premier relevage, un second ayant eu lieu en 1991. Paris dispose incontestablement avec cet orgue d’un grand instrument, souvent qualifié de « caractère nordique ».
Dominique Feutry