La première mairie du IIIe arrondissement était installée au 11, rue Béranger. Il a été décidé d’en construire une nouvelle en 1862. Elle ne fut terminée qu’en 1867 après presque 4 années de travaux. Les travaux ont été dirigés par les architectes Victor Calliat (à qui l’on doit les locaux de la préfecture de Police) puis par Eugène Alexandre Chat qui a pris le relai (à qui a été confiée l’édification du lycée Turgot). Néo renaissance, comme la plupart des mairies bâties à cette époque sur un modèle inspiré par la mairie du 4° imaginée par l’architecte Antoine Nicolas Bailly à la demande du Préfet Haussmann, le bâtiment face au square du Temple, rue Eugène Spüller (du nom d’un proche de Gambetta plusieurs fois ministres) est en forme de H. Les ordres dorique, corinthien et ionique sont abondamment utilisés. On remarquera sur la façade principale un portique qui permettait le passage des voitures à chevaux et donnait un accès direct au vestibule.
La lucarne ou est installée l’horloge est surmontée de deux figures allégoriques intéressantes qui représentent l’industrie et le commerce. L’escalier d’honneur à l’intérieur du bâtiment est imposant, il se divise en deux volées qui lui donnent son caractère magistral. Les salons du 1er étage sont dans la même veine. Le salon d’accueil dit « Le Péristyle » dispose d’un plafond à caissons avec des bas- reliefs peints en 1860 par Jean Lagrange (1831-1908) illustrant notamment les arts, les métiers le mariage et le vote. Un vitrail occupe le centre du plafond.
Les fresques du salon « d’Attente » ont été exécutées en 1882 par Diogène Maillart (1840-1926), élève de Delacroix et Grand Prix de Rome. Plusieurs musées dont le Petit Palais exposent certaines de ses toiles. Dans la salle « des mariages », le plafond est décoré de motifs floraux et de réhauts à la feuille d’or. Une cheminée en pierre de grande taille est agrémentée d’une horloge et du buste de Marianne.
Détail d'une peinture des plafonds
Lorsque Napoléon III fut déchu, son portrait peint fut enlevé et remplacé ensuite par une figure antique «l’allégorie du mariage» tenant le code civil dans une main et la justice dans l’autre réalisée par Achille Sirouy (1834-1904) qui a réalisé les fameux décors de l’Hôtel de Salm. La salle des fêtes décorée de peintures représentant la peinture et la danse qui se trouve dans l’autre aile tient lieu de pendant à la salle « des mariages ». Elle est de taille plus modeste et présente moins d’intérêt. Elle est appelée Odette Pilpoul, en hommage à une grande résistante qui fut secrétaire générale adjointe de la mairie. Une mairie classique, bien représentative du style qui fleurissait à la fin du Second Empire et au début de la Troisième république et qui mérite d’être admirée tant au plan architectural que pour ses décors et la qualité des matériaux qui ont alors été utilisés pour son édification.
Dominique Feutry