Vue du marché et de l'Estaminet ds Enfants Rrouges (IIIe)
Situé au 39 rue Bretagne (IIIe) et bénéficiant de deux autres entrées, rue de Beauce et rue Charlot en plein quartier du Marais dit "Bobo", le Marché des Enfants Rouges, enchâssé, voire presque caché, entre des immeubles, est une véritable institution. Près de son emplacement actuel existait depuis 1536 et jusqu'en 1772, l'Hôpital-Orphelinat des Enfants Rouges créé par la soeur de François Ier. Cet établissement recueillait des orphelins de l'Hôtel Dieu. Ces derniers, vêtus de Rouge en signe de charité chrétienne, ont finalement donné leur nom au marché.
Le Marché des Enfants Rouges est né en 1615 par lettres patentes de Louis XIII. En effet, le quartier prend alors de l'importance et il est nécessaire d'installer un marché. Le Petit marché du Marais était au départ une halle en bois reposant sur 16 piliers de chêne. Il est équipé d'un puits, puis d'une étable dite "vacherie" comprenant 12 vaches qui donneront leur lait au quartier jusqu'en 1914. Devenu Marché du Marais du Temple. Passant entre les mains de différents propriétaires dont l'astronome de Louis XIV Jean-Dominique Cassini, objet de spéculations qui n'ont jamais pu se réaliser, le marché qui entre temps a pris le nom de Marché de Beauce puis de Marché des Enfants Rouges, sera cédé à la Ville de Paris en 1912. Son classement à l'ISMH (inventaire supplémentaire des monuments historiques) est intervenu en 1982.
(Vers 1900) Entrée rue de Bretagne (Actuellement)
Aujourd'hui la polémique des années 90 née de la fermeture du marché pour le transformer en parking, crèche et biblothèque est oubliée. Sans la volonté des habitants du quartier et du maire actuel du IIIe arrondissement, ce lieu aurait disparu. Le plus ancien marché de Paris entièrement rénové par l'architecte Florence Bougnoux a rouvert ses portes en 2000, il était fermé depuis 6 ans. Quelques camelots s'étaient installés en attendant, rue de Bretagne, le long du square du Temple.
Après un début difficile le marché est aujourd'hui extrêment dynamique et un lieu de rassemblement prisé, notamment le dimanche à l'heure du déjeuner où les allées bordant la vingtaine de stands sont souvent bondées. Chacun a le choix entre les plats exotiques (japonais, marocains, libanais, italiens, grecs, antillais), les produits bio et provençaux, le fromager, les fleuristes, les maraîchers, le poissonnier, le charcutier du terroir, les pâtisseries artisanales, la vente de vins, le boulanger et même un commerce de vieilles photographies qui a remplacé un torréfacteur.
Le potager des oiseaux
Bien entendu le marché compte aussi un restaurant bien connu des habitants du quartier, l' Estaminet des Enfants Rouges où il est possible de se restaurer, comme le propose aussi un certain nombre de stands où sont installés des tables, des chaises et des bancs. Enfin, il ne faut pas oublier de jeter un oeil du côté de la sortie rue de Beauce. Le passage qui relie le marché à cette rue est agrémenté d'un petit square et du Potager des oiseaux, un jardin de 120 m2 de parcelles gérées collectivement par l'Association des Jardiniers du IIIe, chacun des adhérents (environ une soixantaine) pouvant s'exercer ainsi au difficile métier ou passe- temps de jardinier.
Sans cet ensemble, le quartier des Enfants Rouges ne serait pas tout à fait ce qu'il est aujourd'hui.
Dominique Feutry