Notre Dame et ambiance feutrée sur les quais de la Seine, 20 janvier 2013 (photo Monique BF)
La neige a recouvert la capitale et nous sommes émmerveillés de découvrir les lieux habituels revêtus d'un manteau blanc. En revanche, avec l'arrivée du froid et de la neige, il devient difficile de se déplacer et lorsqu'une telle situation perdure, alors la vie quotidienne des parisiens peut être totalement bouleversée.
C'est en 1879 que la capitale, comme le reste de la France, a connu une des périodes la plus froide de son histoire. En décembre 1879, le thermomètre descend à –25,6 °, record absolu. Les Parisiens peuvent traverser à pied la Seine gelée. C'est l'épisode le plus dur jamais connu, avec 33 jours de gel consécutifs. Même durant le fameux hiver de 1794-1795 sous la Terreur, la température n'est pas allée au delà de -24°!
Caillebotte : vue de toits (effets de neige). Musée d'Orsay
Devant l'importance des chutes de neige qui sont toutefois moins abondantes que celles de mars 1846 (une couche de neige de 40 cm d'épaisseur tombée en 4 jours), les "sans travail" sont enrôlés par la Ville pour aider les cantonniers qui travaillent jour et nuit. Les tas de neige sont emmenés par des véhicules souvent réquisitionnés. La neige est jetée dans la Seine ou les égoûts. Les rues sont classées en 3 niveaux de priorité de déneigement. Il est fait obligation aux habitants de balayer la neige des trottoirs de leurs immeubles. On envisage même d'utiliser de la vapeur pour faire fondre la neige. Le sel est employé pour la première fois, d'autres capitales eruropéennes nous imiteront ? La taxe sur le sel est supprimée à cette occasion. Le chasse-neige sera inventé à la suite de cet événement et apparaîtra l'année suivante. Il se présentera comme une herse avec des balais serrés tirée par de chevaux.
Les bâteaux, nombreux sur la Seine, sont prisonniers des glaces. Les parisiens profitent aussi de ces conditions climatiques en utilisant la Seine et les plans d'eau des parcs jardins et du Bois de Boulogne pour s'adonner au patin à glace. D'autres utilisent le traîneau qui sert aussi à transporter les marchandises les plus lourdes.
Malheureusement, lorsque le dégel arrive le chaos s'installe dans la Seine en crue, le fleuve, tel un torrent démonté, charrie moult blocs de glace mêlés à des objets aussi divers que des poutres des tonneaux, des barges. La plupart se fracassant sur les béliers des ponts tels que le montrent des photographies de l'époque. Avant que leur bâteau ne soit emporté, les mariniers déménagent sur les quais ce qu'ils pouvent sauver de leurs embarcation
Le chaos au pied du pont St Michel
Le pont des Invalides, alors en travaux, voit plusieurs de ses arches et une partie de son tablier emportés par les eaux furieuses.
Le siècle passé a connu aussi des hivers rigoureux notamment celui de 1953-1954, le thermomètre est descendu jusqu’à –15 °. L’abbé Pierre a lancé l'appel qui est resté célèbre pour les sans abris.
Il est navrant de constater que malgré ces douloureuses expériences, dès que la neige tombe, tout est paralysé et les difficultés s'accumulent.Le citoyen a l'impression que la autorités sont rapidement dépassées et qu'il ne doit plus compter que sur lui...Atre anomalie, est-il normal que la neige tombée en abondance ces derniers jours ne soit pas ou peu enlevée des trottoirs ? Certes le week-end les agents sont moins nombreux mais ne faudrait-il pas qu'à cette situation exceptionnelle repondent des mesures exceptionnelles. Les habitants ne devraient ils pas eux aussi participer à un effort collectif en nettoyant le trottoir devant leur porte ? Combien le font ils réellement ?
Rassurons- nous cependant en pensant à ce proverbe italien qui apporte une note positive aux discours ambiants : Année de neige, année d'abondance!
Dominique Feutry