La fontaine Stravinski. Au fond le Centre Pompidou
Dans quelques semaines le Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky fêtera ses 100 ans. Le célèbre ballet fut en effet créé en mai 1913 au Théâtre des Champs Elysées, en présence notamment de Debussy et Ravel, il it scandale. Certains commentateurs n’hésitant pas à parler, alors, du « Massacre de Printemps » ! Avec le temps beaucoup reconnaissent qu’il s’agit d’une œuvre majeure de son compositeur. Mais la polémique a d’une certaine façon été perpétuée lorsqu’au début des années 80, le Maire de Paris, le Centre Pompidou et le Ministère de la Culture décidèrent de confier l’élaboration et l’installation d’une fontaine dédiée à Igor Stravinski, entre le nouveau Centre Pompidou et l’ancienne église Saint- Merri, à deux artistes alors en vogue, Niki de Saint Phalle et Jean Tinguily. Le bassin rectangulaire de près de 36 m sur 16 m comporte 16 sculptures /automates animées par un système informatique sophistiqué réglant la marche des moteurs. Les noms des différentes sculptures est parlant : clé de sol, l’oiseau de feu, la sirène, le cœur, ragtime…la plupart sont en aluminium et en acier peints en noir, certaines figurent sont en résine polyester peinte. Lorsque la fontaine fut terminée en 1983, les railleries allaient bon train allant jusqu’à la qualifier de provocation. Sait-on que des problèmes techniques ont été rencontrés dès la fin de la mise en route ?
La sirène qui posa des problémes peu après son installation
La sirène par exemple trop lourde pour le moteur qui l’actionnait a été remplacée par une naïade disposée sur un rocher de couleur bleue puis l’artiste a souhaité remettre sa sirène en l’allégeant. Pourtant aujourd’hui ce bassin reste critiqué mais au fil du temps, il fait partie du paysage du quartier (IVe), à la fois insolite, ludique, agréable, plein de couleurs et qui reste très moderne malgré ses 30 ans. Une restauration a été entreprise par la Ville de Paris en 2010 dans les ateliers qui l’avaient fait naître. Il était temps car le pauvre bassin et ses automates étaient mal en point. Vivre le Marais ! comme les descendants de Niki de Saint Phalle, avait d’ailleurs alerté les autorités sur l'état de cet ensemble (articles des 11 février et 02 juillet 2010), dégradé, sale et ne fonctionnant plus. L’aspect de saleté était de surcroît renforcé par les tags environnants notamment sur le grand mur nu servant de fond au bassin lorsque l’on arrive de la rue du Renard.
Cet ensemble reste fragile, très fréquenté, soumis aux aléas du temps, à la pollution, au calcaire de l’eau et aux dégradations environnantes tels les papiers cannettes, bouteilles … et les tags. Le gigantesque pochoir qui lui fait face, intitulé « Chuuuttt ! » du street-artist Jef Aérosol, n’y peut pas grand-chose malheureusement. Les services de nettoyage de la Ville doivent donc rester particulièrement vigilants.
Dominique Feutry