Le comité de suivi des "états généraux de la nuit" qui se sont tenus il y a trois ans déjà, réuni à l'initiative de Philippe Ducloux, Maire-Adjoint de Paris, a repris ses travaux le 19 décembre dans un climat plus serein que les fois précédentes.
Y participait "Vivre Paris !" et des associations locales dont "Vivre le Marais !", des représentants des commerçants et exploitants, la Préfecture de Police, des élus et les Pierrots de la Nuit. De l'avis unanime les échanges ont été de qualité.
Une typologie de mesures contre les nuisances sonores a d'abord été dressée à partir d’un panel de 31 villes. Ces mesures comprennent des chartes d'engagements (horaires, volume sonore...), de la médiation terrain, des contrôles (mesure du bruit...), des commissions de médiation, des campagnes de prévention, des mesures réglementaires (PV, avertissements, fermetures...).
La fête la nuit à Paris (illustration Joe Hye Ryun)
Des représentants de la Ville de Strasbourg ont exposé ensuite la situation locale en la matière. Dès 2009 les travaux d'élaboration d'une charte. La ville qui dispose de 150 policiers s'est dotée d'un personnel formé sur le bruit dont un ingénieur acousticien. Elle a mis en place un guichet unique au service des débits de boissons et des habitants. Elle y reçoit systématiquement les exploitants qui souhaitent s’installer pour envisager les conditions de leur exploitation.
Des réunions régulières de commissions avec tous les intervenants (y compris la police les riverains et les professionnels) aboutissent à la mise en place de plans d'actions. 350 caméras, très bien acceptées par la population, ont été installées et des sonomètres sont actuellement en test.
Dés médiateurs règlent les conflits et agissent en prévention. L'instauration d’un timbre amende (contravention de 3° classe : 45 €) pour nuisance sonore comme le permet la loi est infligé pour des nuisances entre particuliers. Enfin des contraventions sont dressées à l’encontre des personnes alcoolisées se trouvant sur la voie publique (38 €) puisqu’un arrêté l'interdit. Il n'est donc pas possible de sortir dans la rue avec un verre à la main et de fait il n'y a pas de terrasse debout. Les autorisations de terrasse sont très réglementées car la ville est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO ce qui crée des obligations.
Les représentants de la cité alsacienne, résument ainsi la situation, «la ville a mis en œuvre les moyens de parvenir à une vie nocturne maîtrisée mais apaisée».
Strasbourg, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO
Cette expérience doit nous servir d’exemple même si les deux villes sont différentes car les nuisances sont identiques. Le dialogue est érigé en pratique. Dans cette ville point n'est question de réserver des quartiers entiers à la nuit. Une charte des terrasses existe et bientôt sera discutée l'élaboration d'une charte des organisateurs de soirées privées.
C'est un fait que les trop fortes concentrations d’établissements dans un même lieu posent trop de problèmes comme tous types de mono activité. Plusieurs associations l'ont souligné et les élus présents (IIe , IIIe , IVe , IXe, Xe et XIe ) ont renchéri en proposant de légiférer pour cela,
Enfin la Préfecture a indiqué que sur les 11 premiers mois de l’année il y avait eu 40 fermetures d’établissements avec, outre le cas spécifique du XVIIIe, une augmentation dans les Ier, IIIe, IXe et Xe arrondissements. Il y a eu 104 fermetures pour tapage nocturne, 141 pour travail illégal et plusieurs fermetures d’épiceries (vente d’alcools) dont des grandes enseignes. Au total 1 400 établissements ont été sanctionnés en 2013.
Les participants notamment les associations ont insisté sur le fait qu’il était donc possible de mettre en place des dispositifs visant à réduire les nuisances sonores et induites comme l’alcoolisme dès lors qu’existait une volonté de la part des différents acteurs, une bonne coopération, des moyens et un suivi adaptés. Tous les maires d'arrondissement présents ont approuvé ces propos.
Dominique Feutry