Cathédrale Sainte-Croix-Saint-Jean, rue du Perche (IIIe)
En plein Marais, à l’écart des circuits habituels de promenade, à l’angle de la rue du Perche et de la rue Charlot, se trouve un lieu de recueillement inattendu et discret, la Cathédrale Sainte-Croix-Saint-Jean située 13-15 rue du Perche (IIIe). Seul son clocheton est visible de la rue des Quatre Fils.
Elle s’appelait à l’origine église Saint-Jean-Saint-François. Elle a été construite en 1623 par Claude Charlot dont une rue toute proche porte son nom. Ce dernier fut en effet le lotisseur du quartier qui construisit l'église, en remplacement d’une salle de jeu de paume transformée en lieu de prière, ainsi que le couvent attenant où s’installèrent les pompiers volontaires d’alors, les frères capucins.
Le lieu de culte est reconstruit en 1715 puis arrive la Révolution. Les capucins sont chassés. L’église abrite un temps la paroisse Saint Jean de Grève mais retrouve rapidement son nom d’origine Saint-Jean-Saint-François. L’édifice est agrandi de 1828 à 1832 par Etienne Hippolyte Godde. En 1855, le porche modifié par Baltard est agrémenté de pilastres doriques. Au-dessus, la façade est recouverte d’une mosaïque de marbres sur le modèle des églises toscanes. On rétablit aussi dans cette paroisse en 1867 la fête et l'association dites de la Réparation, qui avaient subsisté pendant plus d’un demi- siècle à Saint-Jean-en-Grève et aux Billettes pour commémorer le souvenir du miracle de 1290 (notre article du 8 février 2013).
Fermée en 1965 faute de pratiquants, c’est en 1970 que la Ville de Paris affecte l'église à la communauté arménienne catholique, sous le nom de Cathédrale Sainte-Croix-Saint-Jean. Cet édifice, comme beaucoup d'autres lieux de culte appartenant à la Ville de Paris, mériterait une sérieuse restauration (notre article du 2 octobre 2013).
Statue dans une niche extérieure du mur de la cour devant la cathédrale
Le mobilier est à la hauteur de la qualité du monument. Tout d’abord il est assez rare qu’un lieu de culte possède deux orgues splendides construites par le même et célèbre facteur, Cavaillé-Coll mais hélàs en mauvais état (voir notre article du 27 novembre 2012). César Franck et Jules Massenet ont joué sur le grand orgue de la tribune.
On trouve aussi des éléments qui rappellent que l’église portait à l’origine le nom de Saint François. Ainsi peut être admirée une rare statue de Germain Pilon provenant du Louvre et représentant le célèbre saint. Lui fait pendant celle de Saint Denis, œuvre de Sarrazin à qui l’on doit les anges du célèbre maître autel de l’église Saint Nicolas des Champs (notre article du 13 octobre 2012). Certains pensent que cette statue est l'oeuvre des frères Marsy qui ont travaillé pour le château de Versailles. La chaire est de Baltard.
Le chœur dont les stalles du XVIIIe proviennent de l’église des Billettes (IVe) est dominé par 4 tableaux de facture modeste, du XVIIe, dus à Frère Luc. Ils représentent la création de l’ordre franciscain. A ce sujet il faut savoir aussi que l’un des autels latéraux renferme des reliques du saint. Autre relique inhabituelle, le presbytère a abrité une tunique de prière datant du XIIIe siècle ayant appartenu à la sœur de Louis IX, Sainte Isabelle qui date du XIIIe siècle.
Tableaux du choeur relatant la création de l'ordre franciscain
La sacristie fut un temps détentrice de la chasuble qu’aurait porté l'abbé Edgewort de Firmont pour la dernière messe de Louis XVI au Temple, le 21 janvier 1793, avant son exécution. Ce vêtement comme les reliques de Sainte Isabelle sont aujoud'hui dans l'église Notre Dame de Bonne Nouvelle. La cathédrale est ouverte en fin de semaine, la porte est en principe close les autres jours (sauf sur rendez-vous). De fréquents concerts y sont régulièrement organisés.
Dominique Feutry