Vue de Notre Dame le 14 mars 2014, voilée par la pollution
La France, et Paris en particulier, vit depuis plusieurs jours consécutifs sous un couvercle de pollution.
Quatre polluants atmosphériques sont particulièrement concernés et mesurés en raison de leur dangerosité pour la santé : les particules fines (PM 10 et PM 2,5), le dioxyde d'azote (NO2), le monoxyde de carbone (CO) et l'ozone (O3). Les particules fines en suspension dans l'air (« particulate matter », PM, en anglais) sont principalement émises par le trafic routier (dont 70 % proviennent, en Ile-de-France, de la combustion du gazole), du chauffage au bois, de la transformation d'énergie par l'industrie et de l'agriculture avec l'utilisation d'engrais (article du 14 novembre 2012).
Sur ce dossier, pour lequel nous avions alerté dès 2009 (article du 8 avril) et à plusieurs reprises ensuite, nous nous interrogeons sur l'attitude des autorités, de la Mairie de Paris en particulier qui n’a pas pris véritablement le dossier en main. Il faut que des mesures soient faites aux heures de pointe et dans les rues étroites de nos quartiers, envahies par des véhicules polluants. On donne de la nourriture BIO aux enfants des écoles mais on ne se préoccupe pas de ce qu'ils respirent. Il faut le savoir, AIRPARIF dispose sur Paris de plusieurs "stations de mesure permanentes" mais en nombre insuffisant . Pour ce qui nous concerne, la plus proche se trouvait sur l'esplanade des Halles et a été fermée depuis novembre 2010 en raison des travaux de réaménagement toujours en cours à cet endroit. Il ne reste donc que la station du 28 quai des Célestins (IVe), de surcroît en bord de Seine et celle place Igor Stravinsky (IVe). Ce qui est peu pour un quartier aussi dense que le Marais!
On ne cherche pas à connaître la pollution dans les rues encombrées, car les politiques ne veulent pas de décisions drastiques qui réduiraient la circulation des véhicules motorisés. *
Les mesures annoncées il y a quelques mois sont bien trop timides, qu’il s’agisse de celles pour les usagers des bicyclettes, de la multiplication des zones 30, de l’interdiction des véhicules les plus polluants, de la réduction de la vitesse sur le périphérique ou de développement des véhicules électriques.
Qu’en est-il aussi des deux roues motorisées qui polluent comme les autres véhicules à moteur et qui pourtant s'opposent depuis quatre ans à l'application du décret exigeant leur contrôle technique.
Nous entendons aussi souvent qu’"Il n'est pas question de faire du centre de Paris un sanctuaire !". Mais alors est-il préférable de laisser les gens s'asphyxier et s'inquiéter des récentes alertes à répétition ?
Nous suggérions dès 2009 que l'ensemble du trafic, au centre de Paris au minimum, soit réduit tous les jours. Vouloir réduire la vitesse de circulation est insuffisant comme est dérisoire la piétonisation une demi journée des rues étroites du Marais. Seul point positif la circulation alternée va enfin être appliquée.
Pourquoi nos politiques hésitent-ils tant à interdire la circulation des véhicules diesel alors que c’est le seul moyen d’éradiquer la pollution ? Des pays l’ont fait et ne connaissent plus ce que nous subissons !
Nous ne savions pas, en tirant une fois de plus la sonnette d'alarme en 2012, que nous étions si près de la crise. Nous y sommes aujourd'hui. La préfecture de police vient de décider la circulation alternée pour deux jours. Simultanément, des voix s'élèvent pour dire que cette mesure est inique car elle frappe indifféremment les véhicules pollueurs et les autres en ajoutant insidieusement que l'amende n'est que de 22 € et que la police n'aura pas les moyens humains de sévir. A bon entendeur ....
Un coup d'épée dans l'eau, par conséquent, comme le sont les mesures qui n'ont pas été réfléchies. Mais c'est bon à prendre. C'est le signe que la nation a pris conscience du danger d'un comportement irresponsable. Cette épreuve donne du sens également à notre campagne de sensibilisation contre la politique d'hyper-densification de Paris, prônée par les candidates des deux bords, qui porte en elle les germes d'une extension de l'activité elle-même génératrice de pollution sous toutes ses formes.
Dominique Feutry
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