Paris dans le SMOG, septembre 2012. Photo François Bouchon, Le Figaro
On n'a jamais vu et entendu autant de réactions de la part des médias que ces dernières semaines à propos de la pollution à Paris et dans les grandes villes. Il est vrai que c'est la confirmation d'un revers pour la Mairie de Paris qui avait annoncé en fanfare dès 2001, sous l'impulsion des "Verts", qu'elle faisait de l'amélioration de la qualité de l'air son combat prioritaire.
Tout en découlait : promotion du vélo, aménagements de voirie en vue de dissuader la voiture, couloirs de bus et, plus tard, Vélib et Autolib. Aujourd'hui, considérant que la Ville de Paris n'a pas respecté ses engagements en la matière, la Cour Européenne de Justice se prépare à nous condamner à une pénalité qui pourrait atteindre 40 millions d'€. Comment en est-on arrivé là ?
Dans le Marais, on annonçait en 2008, sous l'étiquette "Paris respire", la piétonisation le dimanche de la rue des Francs-Bourgeois. Un débat houleux avait précédé cette décision prise conjointement par les Maires des IIIe et IVe arrondissements. Notre association avait soutenue, mais sans enthousiasme excessif, cette initiative qui ne faisait pas que des heureux. En revanche, au terme d'une enquête auprès des organismes compétents, notament AIRPARIF, nous avions rappelé avec insistance que la limitation des véhicules thermiques, dans une rue ou même quelques unes, un jour seulement pas semaine, n'aurait aucune incidence sur une pollution qui, déjà en 2008, était inquiétante.
Bien avant que l'actualité ne s'en empare, dans un article du 8 avril 2009 (il y a donc trois ans et demi déjà !), nous dénoncions l'attitude anesthésiante des autorités publiques qui annonçaient l'amélioration de la qualité de l'air alors que les statistiques disponibles indiquaient le contraire, à propos notamment des particules microscopiques qui résultent principalement de la combustion du diésel et qui sont hautement cancérigènes pour les bronches.
Nous devons à ce sujet ouvrir une parenthèse : ceux qui se revendiquent d'un engagement écologique ne s'attaquent pas toujours aux vrais sujets. A-t-on déjà entendu un "Vert" dénoncer le gaspillage d'énergie et la production de CO², qui résultent des torchères qu'on voit partout dans le monde et, hélàs, en France, au sommet des tours de raffinage ? Sait-on que ces torchères brulent 145 milliards de mètres cubes par an d'hydrocarbure léger (méthane) qui pourrait être récupéré ? L'équivalent de 30% de la consommation totale de gaz en Europe pour une année !
Torchères sur une installation de production de gaz naturel
Peut-être est-il trop difficile d'affronter les pétroliers. Alors c'est la voiture qui essuie la vindicte de ceux qui ne s'intéressent qu'à la couche d'ozone. C'est ainsi qu'on a tout fait pour chasser la voiture de Paris. En retour, on a provoqué l'explosion du nombre de deux roues motorisés. Et au lieu de maitriser le phénomène, on a cédé et on continue à céder aux injonctions de leur association qui se dit statutairement "en colère". Une charte signée en 2007 par le Maire de Paris (déclarée heureusement illégale par le Préfet de Police), les autorise à rouler et à se garer sur les trottoirs. Les parkings deux-roues sont gratuits, et il n'est pas exigé de contrôle technique comme pour les voitures. Ces engins qui polluent autant sinon plus que des voitures contribuent lourdement à polluer l'atmosphère des villes.
Que doit-on faire alors ?
Surement pas, comme le suggèrent certains membres de l'entourage du Maire, créer de nouvelles zones piétonnes ciblées opportunément pour satisfaire l'appétit de certains débits de boissons en fermant des rues le soir les vendredi, samedi et dimanche de 19h00 à 01h00 du matin et en élargissant simultanément les autorisations d'occupation de l'espace public. Même en baptisant cette initiative "Paris respire ... la nuit", on ne nous fera pas passer des vessies pour des lanternes. On ne respirera pas mieux. En revanche il est certain que ce serait une nouvelle calamité pour les riverains, que nous ne manquerions pas de dénoncer !
Plus sérieusement, il faut cesser de considérer que la réduction des émissions de CO² est le seul combat à mener. Qu'on obtienne déjà la disparition des torchères. Il faut revenir sur la politique de bonus-malus, qui a provoqué l'augmentation du nombre de petites voitures diesel qui n'ayant pas de filtre à particules les rejètent dans l'atmosphère. Il faut interdire progressivement les véhicules diesel de livraisons en commençant par les plus vétustes. Il faut multiplier massivement le nombre de taxis et les prévoir électriques. Il faut aligner les deux roues motorisées sur le régime des voitures : contrôle technique, parking payant etc ... Enfin, il est temps de revenir sur la politique d'incitation au diesel, responsable du rejet de particules qui sont la cause d'une hausse des pathologies respiratoires et cardiovasculaires.
Gérard Simonet