Maison XVIIème siècle, 40 rue St Antoine (IVe), momentanément condamnée (Photo VlM)
Nous sommes nombreux à considérer que la rue Saint Antoine est la voie la plus attachante du Marais. Large (10,50 à 21,50 mètres) et vaguement sinueuse, elle est bordée d'immeubles inégaux et pleins de charme des XVIIème et XVIIIème siècles, dont on aperçoit la nuit tombée, à travers les fenêtres, les poutres aux plafonds et les murs de refend en bois. Il règne ici le souvenir des rois qui y fixèrent leur résidence (hôtel St Pol fin du XIVème siècle et hôtel des Tournelles du XVème au XVIème siècle).
Rehaussée par la présence de monuments somptueux, l'hôtel de Sully et l'hôtel de Mayenne, tous deux dans le même style Louis XIII, l'église St Paul-St Louis rénovée depuis peu et le précieux Temple de la Visitation Sainte Marie surmonté de son dôme et de ses quatre pots à feu, il ne lui manque que la Bastille qui était son aboutissement, une forteresse morte d'avoir été un symbole, à l'image du donjon du Temple dans le IIIe.
Nous sommes ici à mille lieux de la vision du baron Haussmann et de ses perspectives rectilignes. Aucune maison n'a sa pareille. Généralement étroites, elle s'offrent deux, trois ou quatre fenêtres sur rue et un nombre variable d'étages, généralement quatre ou cinq. Les commerces de la rue sont légion. On compte parmi eux des magasins de bouche appréciés (primeurs, traiteurs, fromageries, boulangeries-pâtisseries, chocolatiers, apiculteur, confiseries ....), les inévitables supérettes et de nombreuses boutiques de mode (trop disent certains).
Ce caractère est dans la ligne du passé. On voit sur les photos du XIXème siècle que cette rue était marchande, active et fréquentée.
Rue St Antoine au niveau du n° 33. Marchandes des quatre-saisons (Photo "Mémoire des rues" - Parimagine)
Une de ces maisons se distingue particulièrement. Elle est au 40 de la rue (photo du haut). Une seule travée, une seule fenêtre par étage qui éclaire la pièce en façade. On imagine quelle doit être l'étroitesse du couloir qui jouxte le local commercial et le tour de force qu'a dû être l'ordonnancement des liaisons verticales.
Elle est manifestement en attente d'une réhabilitation qui, à notre connaissance, n'est pas encore annoncée. Nous espérons qu'aucun péril ne la menace car il serait dommage qu'elle soit démolie, sacrifiée et livrée aux appétits d'architectes en mal de reconnaissance, prêts à n'importe quelle facétie pour que leur ouvrage fasse parler d'eux.
Gérard Simonet
Bibliographie : Danielle Chadych - Le Marais - Parigramme
IMPORTANT : Rejoignez l'association ! Notre force est dans le nombre. Pour devenir membre, cliquez ICI et complétez le bulletin d'adhésion.
On peut aussi se retrouver et partager sur Facebook !