Vue du jardin le 28 mai 2013. Au fond, une construction nouvelle sans charme vient lêcher le corps de l'hôtel Aubert de Fontenay, dit hôtel Salé, du XVIIème siècle. Tout autour du jardin, la pergola litigieuse. (Photo VlM - cliquez pour agrandir)
Un groupe de riverains vient d'adresser un recours gracieux à l'autorité compétente, le Directeur régional de l'équipement et de l'aménagement de l'Île-de-France, sous l'égide de l'association "Vivre le Marais !".
En effet, le 8 avril 2014 était affiché sur la façade du musée, un avis de permis de construire rectificatif du permis initial du 18 février 2013, pour des changements substantiels du projet, à savoir : "Modification de l'organisation de l'accueil de l'auditorium, suppression de réserves pour l'implantation de locaux spéciaux au niveau A et redistribution de locaux et création d'une salle pédagogique au niveau B du musée au 5 rue de Thorigny - Paris - IIIe"
En réalité, selon de nombreux témoignages, les travaux couverts par ce nouveau permis ont été initiés en 2013 bien avant l'obtention du permis, ce qui a permis à la direction du musée, dès fin juin, d'annoncer - très acrobatiquement - que ces travaux étaient achevés.
Lorsqu'un particulier entreprend des travaux sans autorisation, un inspecteur de la Mairie de Paris dresse un procès-verbal et demande la remise de l'ouvrage dans son état initial. Le constat est envoyé au Procureur de la République qui fait traduire l'auteur en correctionnelle. L'établissement public du musée Picasso n'est pas à l'abri des lois. Si un citoyen ordinaire peut se prévaloir d'ignorance, l'argument est irrecevable de la part de la direction du musée.
C'est pourquoi nous demandons dans notre pourvoi l'annulation du permis et la remise dans l'état initial des lieux.
A titre subsidiaire, deux dispositions du projet soulèvent l'indignation des habitants du secteur : la pergola en acier galvanisé dans le jardin et le recours à des autocars pour amener des visiteurs au musée. L'incongruité de cette construction a été soulignée par les observateurs. Quant aux autocars, leur présence dans cette partie étroite et peuplée du Marais est inconcevable tant pour des raisons d'encombrement que de pollution. Leur évacuation par la rue Vieille du Temple ou par l'axe Quatre-Fils-Haudriettes-Michel le Comte, où le bus 29 a déjà beaucoup de mal à circuler, est tout simplement impossible.
Nour demandons par conséquent le retrait complet de la pergola et le renoncement à l'arrivée des cars sur le site.
Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, nous annonçait le 6 mai l'enlèvement partiel (4 travées) de cette pergola. Rien n'a bougé depuis mais c'est bien la totalité de cette structure inutile et les compléments annoncés, dont nous demandons le retrait. On nous parle en effet de la construction "dans l'axe central d'une demi-sphère en escaliers qui sera le pendant du grand escalier classé" (que ceux qui peuvent comprendre comprennent !)
Il suffir de regarder le jardin tel qu'il était avant ces travaux funestes. Le musée doit faire l'économie (sur nos deniers, du reste) d'une dépense inutile qui n'a pour résultat que d'enlaidir le site.
Le jardin en 2009, dans sa grandiose simplicité (Photo VP)
Le recours gracieux que nous entreprenons a la particularité d'ouvrir une fenêtre de tir de deux mois à partir du 8 juin, pendant lesquels nous pouvons former un recours contentieux. Nous ne sommes pas les seuls à réagir. Nous apprenons que la SPPEF (société de protection des paysages et de l'esthétique de la France) dont le président est Alexandre Gady, professeur à Paris IV et spécialiste du Marais sur lequel il a écrit un livre qui fait autorité (Le Marais - Le Passage), se dispose à déposer un recours et une plainte devant la juridiction compétente.
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