Dans un article du 19 novembre 2009, nous révélions que la "Commission du Vieux Paris" s'opposait à la restauration de l'Hôtel de Mayenne (Ecole des Francs-Bourgeois, 21 rue St Antoine - IVe), dont on voit ici l'état avant travaux à gauche (Photo VlM) et son aspect actuel à droite (Photo Emmanuel Delarue, "L'Indépendant du 4e")
Dans cette affaire qui nous a tous motivés (on a relevé pas moins de 24 commentaires sur notre site), la commission - dont l'avis n'est que consultatif - s'était opposée à la suppression de l'ajout central du XIXème siècle, sur la base d'arguments inspirés par la charte de Venise. Personne n'a envie de lui donner raison aujourd'hui, quand on réalise l'élégance des formes de l'architecture originale ressuscitée !
C'est dire qu'elle n'a pas toujours eu la main heureuse.
Cependant, elle a souvent fait preuve de pertinence et de courage. Notamment sur la démolition des serres d'Auteuil, où elle n'a pas hésisté à aller au clash.
Aujourd'hui, Anne Hidalgo Maire de Paris nous inquiète. Elle a déclaré au cours de la précédente mandature, où elle assumait la fonction de Maire-Adjointe chargé de l'urbanisme, qu'elle voulait pour Paris "un urbanisme déjanté". La Commission du Vieux-Paris n'avait pas de pouvoir mais elle était "une voix qui parle dans le désert", à l'image de ces anachorètes qui ont façonné l'humanité. Il arrivait que ses prises de position, reprises par les associations et amplifiées par les médias, finissent par peser de façon décisive.
Paris et ses trésors historiques et architecturaux s'accomodent mal d'une politique qui voudrait à tout prix surprendre et provoquer. Au prix de destructions irrémédiables. Si Madame Hidalgo veut le faire, elle doit postuler pour prendre la tête du "Grand Paris" et choisir des espaces où la fantaisie et l'audace ne risquent pas de détruire le caractère et l'harmonie des sites. La petitesse et l'extrême densité de notre capitale ne le permettent pas sans que soit mis en péril tout ce qui fait de Paris la plus belle ville du monde et la plus recherchée.
Dans ce contexte, la décision de supprimer une structure même imparfaite capable de statuer sur des projets comme Roland Garros, la Samaritaine, la Halle Freyssinet ou la Poste du Louvre et, qui sait, bientôt sur l'avenue Foch, nous fait craindre une volonté à l'Hôtel de Ville de prendre des décisions sur des sujets sensibles, sans s'exposer au risque d'une contestation structurée.
Gérard Simonet