Carte des zones 30 et 20 (Mairie de Paris)
La Mairie de Paris vient d'annoncer qu'elle réfléchissait à l'extension dans plusieurs quartiers, notamment des arrondissements centraux, de zones de rencontre ou zones 30 et zones 20 qui totalisent déjà 560 km de voies pour la seule capitale.
Présenté comme un moyen de réduire la pollution en dissuadant les automobilistes prendre leur véhicule, l'idée peut séduire. Et c'est le cas, puisque toutes le grandes villes de France et de l'étranger ont recours à ce moyen pour donner plus de place aux pétons et aux cyclistes. Cette formule a pourtant ses détracteurs.
En 2012 un rapport commandé à un groupe d'experts-ingénieurs par les commerçants de la ville de Lausanne a fait grand bruit. Ne concluaient-ils pas qu'il n'y avait aucune différence d'émission polluante que le véhicule roule à 30 ou à 50 km/h et que les décibels baissaient très peu entre ces deux vitesses! Bien entendu ce rapport a été critiqué notamment par les élus locaux, il n'en demeure pas moins que le doute subsiste. On peut aussi s'interroger sur le fait que des passages piétons soient maintenus sur ces zones alors que les piétons sont toujours prioritaires ?
La question est davantage celle de savoir dans ce cas, si cette solution n'est pas comme le disent certains un simple pis-aller alors qu'il faudrait sans doute être plus clair, aller plus loin en transformant ces voies en zone piétonne. Mais face à une telle décision, nous risquons de voir se lever des haies de boucliers. La voie piétonne n'est pas non plus la solution idoine, les commerçants en prennent souvent à leur aise en annexant de l'espace réservé aux piétons pour y installer leurs terrasses et leurs étales, ce qui ne manque pas de créer des confits avec les riverains. Le bruit a aussi tendance à augmenter du fait d'un nombre de piétons plus élevé attirés par la «piétonisation». Enfin il y a déplacement de la circulation motorisée vers d'autres axes ce qui ne contribue pas vraiment à faire diminuer la pollution atmosphérique.
Toutes les solutions, quelles qu'elles soient, mises en œuvre pour favoriser les moyens de transports «doux» et les piétons et ainsi diminuer l'usage des automobiles, cars et motos et avec eux l'émission de gaz polluants comme le bruit inhérent au trafic, ont leurs défauts. Mais alors seul celui qui ne ferait rien éviterait les méprises ?
Nous estimons pour notre part qu'il faut plus que jamais combattre la pollution de l'air, sans doute le dilemme contemporain le plus important. Or cela ne peut être fait en croisant les bras, les zones 30 même si elles sont l'objet de critiques, même si elles sont parfois malmenées, ont un mérite, celui de faire prendre conscience que le «tout automobile» dans les grandes villes faisait désormais partie du passé.
Dominique Feutry