Anne Hidalgo entourée de Pierre Aidenbaum et Christophe Girard, Maires des IIIe et IVe. Rencontre avec "Vivre le Marais !" février 2014 (Photo "VlM")
Il se jetait à l'eau par crainte de la pluie ! Depuis son invention le personnage populaire de Gribouille n'a pas cessé de faire école. Voilà qu'il influence l'entourage de Mme Hidalgo à la Mairie de Paris. Le parallèle est saisissant : ne sachant pas comment combler le "trou financier" en 2015 de 400 Millions d'€ dévoilé récemment, elle décide de pousser la vapeur en annonçant 10 Milliards d'€ de dépenses jusqu'en 2020, au lieu des 8,5 Milliards prévus ("Le Parisien" du 5 décembre).
C'est donc 300 Millions d'€ de plus qu'il faudra trouver chaque année. On s'avise que le déficit à partir de l'an prochain pourrait atteindre des sommets inédits.
On connait bien la ligne de défense : il s'agit non pas de dépenses mais d'investissements, financés par l'emprunt. On en doute.
Voyons le logement : près de 3 Milliards sont prévus soit 500 Millions tous les ans. Ce serait un investissement si ces sommes dégageaient un taux de rendement interne satisfaisant. Mais ce n'est pas le cas. De l'aveu des gestionnaires du parc de logements sociaux, la Mairie de Paris leur verse collectivement 300 Millions d'€ chaque année, sans trop savoir s'il s'agit de subventions d'équilibre ou d'investissements réels. Dans une large mesure, les montants alloués au logement sont donc des dépenses. Elles compensent des loyers qui ne couvrent pas les coûts et qui de surcroît rentrent mal en cette période de disette générale.
Il faudrait être prestidigitateur pour démontrer par ailleurs que les montants affectés à "l'urbanisme et aux grands projets", soit 1,9 Milliard d'€, constituent de leur côté un investissement plutôt qu'une pure dépense. Quel retour sur investissement peut-on en attendre ? Que rapporte le réaménagement de la place de République ? Quid de la Bastille demain ?
Et que dire du hochet de 500 Millions d'€ offert aux citoyens sous le nom de "budget participatif" pour faire joujou avec quoi ? Il suffit de voir ce qui se passe dans les conseils de quartiers où des budgets fictifs leur ont été "affectés". Ne sachant qu'en faire, ils reportent le crédit d'une année sur l'autre jusqu'à ce que soit financée une dépense que les mairies d'arrondissement auraient dû ordonnancer d'elles-mêmes.
Autre justification : la création d'emplois. 200.000 en cinq ans. S'il suffit de recourir à l'emprunt public pour réduire le chômage, il faut demander à Mme Hidalgo de dépenser dix fois plus pour réduire de 2.000.000 le nombre des chômeurs français ! Elle aura droit alors à la reconnaissance nationale.
Elle ajoute : on peut accroitre la dette par habitant de Paris car elle est plus faible qu'ailleurs. Un directeur financier d'entreprise (un univers que les politiques connaissent mal) qui ferait une déclaration de ce genre devant un comité exécutif serait sans ménagement conduit vers la sortie. Anne Hidalgo, qui s'engage en même temps à ne pas augmenter les impôts, doit se rappeler que si les taux d'intérêt sont historiquement et incroyablement bas en ce moment, ils peuvent se réveiller brutalement et frapper alors de plein fouet le déficit actuel pour le faire exploser et avec lui les impôts qu'il faudrait bien alors lever, quelqu'engagement qu'on ait pris.
Anne Hidalgo, par ses prises de position depuis son élection, ne nous avait pas encore donné de raison décisive de nous faire regretter de l'avoir élue en mars. On se rappelle qu'elle a pris courageusement position contre des jeux olympiques à Paris en 2024 en dépit de l'annonce faite par le président de la République. Là, on a l'impression que la machine se dérègle.
Gérard Simonet