L'imposant portail de l'Hôtel de Montmort 79 rue du Temple (IIIe)
Parmi le grands hôtels particuliers du Marais figure un hôtel dont on parle peu, l'Hôtel de Montmort, situé 79 rue du Temple et érigé au XVIIe siècle. Il jouxte l'Hôtel de Saint-Aignan qui abrite le musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme.
Nous devons cet imposante construction à Jean Haber de Montmort, Trésorier de l'Epargne (chargé de recevoir les revenus du domaine royal et des impositions et contrôler les recettes et les dépenses de la monarchie).
Son fils Henri-Louis en héritera en 1641. ce dernier Conseiller au parlement, académicien encourage les arts et les sciences pour lesquelles il tient même salon où sont exposées les dernières découvertes. Ces réunions scientifiques sont à l'origine de la création, en 1666, de l' Académie des Sciences. Montmort abritera ainsi en son hôtel l'abbé Gassendi, le philosophe, astronome et physicien, qui légua à son hôte la fameuse lunette astronomique de Galilée que ce dernier lui avait donnée. Les manuels d’histoire relatent que Melle de Montpensier fut elle aussi hébergée en ces lieux mais pour d'autres raisons, elle souhaitait se protéger, après que la fronde ait échoué, alors qu'elle avait soutenu Condé.
C’est en 1751 que l'Hôtel quitte la famille Montmort pour échoir à la famille Charron dont l'un des membres sera Fermier Général. Remanié, l’hôtel restera dans cette famille jusqu'à la Révolution. Puis, comme la plupart du temps dans le Marais, la bâtisse est investie par des artisans. Les murs voient alors produire des bougies, des bijoux dont à partir de 1889 la production "industrielle" de tours Eiffel en or à la suite de l’obtention du monopole par son initiateur.
Dégradé et un temps propriété de l’Institut de France, l'Hôtel fut l'objet d’une lourde restauration en 1999.
Le corps de logis de l'Hôtel de Montmort et le passage correspondant à l'ancien vestibule
Ce qui fait le grand intérêt de ce bâtiment est sans aucun doute son magnifique portail en cintre surmonté d'un homme casqué encadré de deux pavillons dont l'un contient un escalier. A noter, à l'arrière du porche, un médaillon contenant le profil de Mme Charron une des propriétaires. Dans le cour les deux ailes disposent chacune d'une lucarne qui servait à acheminer les charges lourdes dans les greniers. Une remarquable méridienne, à ne pas confondre avec une horloge solaire dont elle se se distingue par le fait qu’elle ne fonctionne qu’aux alentours de midi, a été installée sur l'aile nord.
Le passage ouvert en 1840 sous le corps de logis correspond à l'ancien vestibule qui donnait accès à l'escalier à rampe, toujours visible, en fer forgé d'une grande finesse d'exécution, il est surmonté d'une corniche avec en médaillon une figure d'Hercule au-dessus duquel est un balcon en fer forgé de belle facture entre deux jolis pilastres que termine un fronton. Dans ce fronton sont représentés un enfant se mirant dans un miroir (allégorie de la Vérité) et une chouette symbolisant la connaissance rationnelle. De l'autre côté du passage, le jardin est entouré d'autres édifices érigés, dans le style de l'Hôtel, sous Louis-Philippe et qui sont en vis à vis avec une autre jardin, le jardin Anne Franck auquel on accède par l'impasse Berthaud (IIIe).
Il est possible de pénétrer dans la cour de l'Hôtel de Montmort en semaine.
Dominique Feutry
NB: Ce résumé sur l'Hôtel de Montmort a été établi à partir de différents articles et du livre de Danielle Chadych intitulé "Le Marais, évolution d'un paysage urbain" Ed Parisgramme.