Détritus square Renée Vivien rue des Haudriettes (IIIe) (Photo VlM)
Paris est sale, c'est même devenu une tautologie. La capitale de la France est sale, très sale et cela ne fait qu'empirer au fil des mois.
Les constats sont de plus en plus nombreux et cinglants. Ils arrivent de toute part, les habitants s'insurgent, les touristes comparent le taux de crasse. Tout concourt à ce terrible constat, les salissures, les papiers sales, les traces grasses, les poubelles qui débordent, les mégots, les gobelets jetables, le verre cassé, les canettes qui maculent les trottoirs comme aussi les épanchements d'urine, les flyers souillés ou collés, les crottes de chiens comme les crachats et les déjections canines sans oublier les multiples vomissures jonchant les endroits les plus fréquentés. N'oublions pas les affiches et les dépôts sauvages, les publicités peintes sur les trottoirs et la multiplication des tags. Quelle vision ! Quelles odeurs ! Quel laisser aller ! Pitoyable et inconvenant à la fois !
Et les transports en commun ne sont pas en reste, il suffit là encore de comparer notre métro à celui d'autres capitales.
Les auteurs de cette forme de saccage ont-ils un soupçon de décence à l'égard des agents de la propreté qui n'en peuvent plus mais de nettoyer autant qu'ils leur est possible ces souillures permanentes?
Affiche de la Mairie de Paris pour la campagne sur la propreté voulue par la Maire de Paris, si peu explicite qu'on se demande ce qu'elle veut dire !
Pourtant certains élus qui doivent de temps à autre se déplacer à pied ont des yeux pour constater, des oreilles pour entendre leurs administrés et un nez pour sentir les mauvaises odeurs de plus en plus prégnantes. Mais ils continuent à nier. L'annonce de la Maire de Paris de s'attaquer à la propreté et d'en faire la priorité 2015 (notre article du 27 octobre 2014), la récente opération "Paris fais toi belle" (voir notre article du 20 mai 2015) sont sans effet, elles sont aux antipodes de ce que réclame la situation. Certains édiles essaient même de persuader leurs interlocuteurs qu'il ne s'agit que d'une impression de saleté. Tout au plus concèdent-ils que les incivilités progressent !
Mais est-ce bien la réponse appropriée à l'importance prise par ce problème qui devient aussi une question de santé publique. Les rats, les corbeaux et autres oiseaux qui se repaissent des déchets n'ont jamais été aussi nombreux.
Sans commentaire rue du Square Sainte Croix de la Bretonnerie (IVe)
Paris ne peut plus jouer l'autruche face à cette très sérieuse question de la propreté qui n'est pas nouvelle (voir notre article du. ) mais prend une tournure inquiétante qui déclasse Paris et constitue un sérieux handicap aux yeux des habitants et des touristes qui comparent.
La municipalité, la RATP doivent prendre la mesure du phénomène qui gagne du terrain jour après jour et mettre en œuvre des plans d'actions puissants et efficaces qui passent par des moyens sensiblement renforcés, des sanctions plus nombreuses et plus chères à l'égard des contrevenants, une modification de l'approche actuelle en la fondant davantage sur des systèmes de mesure et des objectifs ambitieux comme le ferait une entreprise confrontée à une problématique de cette importance.
Avec un conseil à la Maire de Paris dont la réputation est en jeu : rien ne sert de postuler pour les Jeux Olympiques en 2024 si la ville donne le spectacle d'un dépotoir à ciel ouvert. Rien ne sert de coller des rustines ici ou là : c'est aux causes du fléau qu'il convient de s'attaquer. Méditez l'équation : attractivité entraine densification, sur-activité et sur-fréquentation, avec toutes les conséquences de plus en plus insupportables que doivent subir malgré eux les parisiens. Il est grand temps de se ressaisir !
Dominique Feutry