Touristes dans une de nos rues du Marais (Photo VlM)
Nous avons eu accès récemment aux premiers éléments concernant l’élaboration du « Schéma de développement touristique à l’horizon 2020 » souhaité par la Mairie de Paris dans le cadre du "Comité de la destination Paris". Rappelons les propos de la Maire de Paris à ce sujet « Notre ambition est de faire que Paris reste la ville qui accueille le plus au monde, mais aussi celle qui accueille le mieux. »
A la suite de premières analyses, la mise en place d’instances ad hoc et l’organisation de la réflexion autour de groupes de travail à constituer, quelques éléments sont fournis pour nourrir la réflexion. Nous les résumons ci-après. Les chiffres et les prévisions à retenir concernant Paris mais aussi l’Ile de France montrent que la capitale a reçu en 2014, plus de 25 millions de touristes (35 millions selon certaines statistiques, dont 35 % de touristes d’affaires) et la région près de 46 millions. La durée moyenne de séjour à Paris est d’un peu plus de 4 nuits. Cette statistique conduit à 350.000 personnes visibles en permanence, qui s'ajoutent à la population parisienne (la plus dense d 'Europe) de 2.200.000 habitants.
Les arrivées hôtelières donnent comme pays d’origine des touristes, pour le Grand Paris et par ordre d’importance, les États-Unis (1,8 million), le Royaume- Uni (1,2 millions), l’Allemagne (800 000) et l’Italie (750 000). La Chine n’arrive qu’en 7ème position (530 000). L’hôtellerie parisienne est considérée comme chère et la culture reste le premier motif de visites à Paris (Notre Dame, la Sacré Cœur, le Louvre et la Tour Eiffel étant en 2013 les 4 monuments les plus visités).
Il est souligné combien l’Ile de France doit tout faire pour conserver sa position de leader du tourisme d’affaires. Les salons et congrès rapporteraient en effet en retombées économiques plus de 5 milliards € par an. L’évolution future se fonde sur les prévisions de l’Office Mondial du Tourisme qui prévoit à Paris d’ici 2030, une augmentation annuelle de 2,5% du nombre de touristes ! La forte croissance des compagnies aériennes à bas coût est par ailleurs prise en compte.
Une enquête menée auprès de 18 pays avec 7 000 observations collationnées fait ressortir les forces de Paris mais aussi ses faiblesses. Si la capitale est perçue comme une ville d’art et d’histoire, de mode et de shopping, de luxe, romantique, festive… elle est aussi considérée, par rapport à d’autres villes étrangères, comme insuffisamment propre, insuffisamment verte, avec trop d'affluence touristique, et qui pourrait mieux faire en termes d’accueil, de sûreté, de connaissance des langues étrangères, d’amabilité et de prix d'hébergement (restauration notamment).
Des freins existent donc quant à l’image de Paris du fait de constats négatifs dont les plus prégnants sont des prix élevés, une certaine insécurité, un afflux trop important de touristes et une insuffisante propreté. Une critique est soulevée celle d’une offre de loisirs alternative jugée « trop confidentielle…parfois anarchique à structurer et à valoriser». Voilà des pistes qui pourraient aboutir souhaitons-le à des propositions intéressantes mais elles devront être bien mûries.
Il serait dommage en effet de ne pas profiter de ces informations pour prendre des décisions à l’aune des constats mais aussi des souhaits des habitants. Est-il judicieux de vouloir continuer à développer le nombre de touristes alors que les parisiens pointent déjà l’afflux trop important de touristes et que certains quartiers tels que le Marais sont saturés ? Il faut trouver les moyens pour encourager le développement de l’offre hôtelière à des prix raisonnables, car elle est jugée insuffisante et coûteuse, et offre ainsi la part belle aux locations saisonnières pour lesquelles nous émettons de nombreuses réserves.
La propreté dont nous avons récemment parlé est devenu un véritable enjeu non seulement pour les parisiens mais aussi pour les touristes. Il faut en ce domaine mettre en place un véritable plan de bataille. Quant au côté insuffisamment festif de Paris, qualifié de faiblesse, nous sommes très opposés à cette interprétation qui ressortit plutôt du lobbying des professionnels de la boisson et de la nuit. Cela ne doit pas être le prétexte à plus de fête la nuit notamment, mais plutôt d’un développement raisonné et harmonieux du festif entre les « fêtards », les habitants, ceux qui l’organisent et/ou en font commerce et les élus.
Les abus constatés ces derniers temps, cristallisés autour de deux lieux emblématiques qui ont fait la une de la presse, la rue Jean-Pierre Timbaud (XIe) et le Canal Saint-Martin sont à prendre comme des cas d’école qui ne doivent en aucun se reproduire ailleurs. La responsabilité des élus sur ce plan, au vu des décisions qui seront arrêtées, peut être lourde de conséquences… !
Dominique Feutry