Les "Pierrots de la Nuit" (Photo Le Figaro)
Les "Pierrots de la Nuit" ont participé les 17 et 18 septembre à un "rendez-vous européen avec la nuit". Des rencontres qui comportaient une "traversée nocturne" organisée par les Pierrots de la Nuit, "l’Eurocouncil of the Night", autre comité créé par les Pierrots pour "exporter leur expertise" et le CSCAD (Chambre Syndicale des Cabarets Artistiques et Discothèques).
La restitution a eu lieu sur le "plateau médias", en haut des escaliers de l’entrée de la Gaité Lyrique, en présence d'un petit nombre de personnes, une trentaine au maximum, barman, organisateurs et une représentante de "Vivre Paris !" compris.
Le théâtre de la Gaîté Lyrique (IIIe) (photo VlM)
Il s'est avéré que sur les six itinéraires prévus, trois seulement ont été empruntés, sans doute faute de participants, chacun des trois groupes étant constitué de 5 ou 6 personnes organisateurs compris au lieu des 8 à 10 prévus initialement.
Les rencontres de la nuit ont eu lieu entre 01h00 et 04h00/05h00 du matin. A ces heures-là, surtout boulevard des Invalides, il n’y a pas grand monde dans les rues. Si peu de monde qu’en dépit de tous les papiers/questionnaires que les participants avaient à remplir, un des groupes a réussi à dire qu’il n’avait interviewé personne parce qu’il n’avait rencontré personne.
Pour le reste, les orateurs ont surtout parlé de l’éclairage et remarqué que Paris était hyper calme et silencieux. Une très jeune participante a même repris la parole pour dire qu’il n’y avait rien de ce qu’on lui avait décrit rue Oberkampf. Nous avons bien compris que son groupe s’y était rendu autour de 04 h00 du matin.
Un bar quartier Oberkampf (Photo JFR)
Les deux autres groupes ont interviewé un radiologue urgentiste qui faisait une pause cigarette à Lariboisière et une barmaid du côté de Bastille. Parmi les autres infos collectées, un peu de prostitution africaine à Château rouge, « quartier très, très sale », rats, souris, un peu de prostitution chinoise vers Belleville, Bastille place horrible qu’on n’arrive pas à traverser, République, ça c’est une place super, mais c’est la place Clichy qui est la plus appréciée parce que même à 04h00 du matin, il y a des lumières.
Sinon, rien d’extraordinaire à signaler, rien d’ouvert ou presque (pardi, à cette heure-là), pas beaucoup de lumières, pas de musique, plein d’endroits pas accueillants, voire sinistres mais aucun où ils ne se sont pas sentis en sécurité, sans doute, disent-ils parce qu’ils étaient en groupes.
La longueur des itinéraires a paru ambitieuse, les arpenteurs ont souffert. Les quartiers traversés sont moyennement représentatifs mais vue l’heure à laquelle les traversées ont eu lieu, ils ne risquaient pas de représenter de grand-chose et tout ce foin pour « aller à la rencontre de la nuit » aurait aussi bien pu se passer sur la lune (ou à Rodez).
Frantz Steinbach, le Pierrot qui modérait la restitution, a plus parlé que les arpenteurs, notamment pour s’étonner lui aussi que Paris ait été aussi calme ce jour-là, ce qu’il ne s’explique pas. (Il n’est peut-être pas au courant des horaires de fermetures.)
Bruno Blanckaert, Grand Rex, CSCAD, vice-président des Pierrots et administrateur de l’Office de Tourisme de Paris, a tout de même dit que ce « calme » ne reflète pas tout à fait ce qui se passe d’ordinaire la nuit à Paris. Revenant sur les remarques concernant la saleté des rues et les rats, il a dit que c’était une des grandes préoccupations de l’Office.
Concernant le dossier de travail (pas moins de 10 feuillets de cases et autres grilles d’observation à remplir) remis aux participants, on peut présumer qu’il a été établi par les deux doctorants en urbanisme et aménagement figurant dans la plaquette de présentation qui bossent sur la question. Le sujet de thèse de l’un des deux est : « Le noctambulisme à Paris, Londres et Madrid. Une micro écologie des pratiques déambulatoires juvéniles au style festif qui publicisent l’espace ».
L’autre doctorant travaille sur "la régulation des bruits nocturnes dans le quartier Oberkampf" et ses thèmes de recherche tournent autour de l’espace sonore, l’occupation de l’espace public, les conflits temporels, et plus largement la nuit urbaine. Ceci explique l’orientation des grilles d’observation. Par ailleurs, l’un et l’autre semblent très intéressés par l’éclairage nocturne, d’où la part surprenante accordée aux lampadaires et néons de notre ville-lumière dans les restitutions. Quant aux nuisances sonores, aucun traitement particulier ne leur est accordé, il me semble que le sujet ne figure même pas en ces termes dans les grilles.
On ignore si ce sont les "Pierrots" qui sont allés chercher ces doctorants pour donner un peu de structure à leurs traversées nocturnes ou si ce sont les étudiants qui ont sollicité les "Pierrots" pour recueillir des données pour leur thèse.
Conclusion de la représentante de "Vivre Paris !" :
Beaucoup de bruits et beaucoup d’argent dépensé pour pas grand chose. Outre l’open bar de la restitution et les dossiers de travail des arpenteurs glissés dans une très esthétique chemise cartonnée, un pratique sac en toile sérigraphié était généreusement mis à disposition avec dedans plein de choses intéressantes comme une sucette, des trucs pour mettre sous les verres, des stickers, un cendrier et ses allumettes, etc. Et un joli petit programme de 40 pages avec la photo et la bio des intervenants et des organisateurs. Très instructif.
C’est merveilleux d’être subventionné par la Mairie. Ça permet aussi de payer les frais des jeunes participants venus de province et d’ailleurs et de fabriquer un beau "diplôme" prêt à encadrer remis à tous attestant qu’ils ont traversé Paris la nuit. Pour le coup, j’ai eu l’impression non plus d’être à la cafet’ de la fac mais d’assister à la remise des prix de la grande section de maternelle.
Bon, inutile de s’énerver. Mais il ne faudrait pas qu’on nous "prestidigite" un jour un rapport basé sur la formidable expertise acquise grâce à ces traversées. Ces rencontres bidules c’est du flan, de l’esbroufe, du vent ; les traversées, un mise en scène puérile, scolaire et vaine. On n’est pas loin de la manipulation. Bref, rien de nouveau sous le soleil. Ces "Pierrots" sont des mystificateurs.
Question traversée de Paris nocturne, je préfère de loin la version Gabin-Bourvil.
Janvier ! Janvier ! Janvier ! J'veux deux mille francs, Janvier, 45, rue Poliveau !
Rédigé par : Phil75 | 04 octobre 2015 à 07:51
Encore un article bien intéressant ! Quels clowns, ces Pierrots ! On pourrait en rire car, quelle vacuité !Hélas, ils coûtent à la communauté ! Quand donc la Mairie finira de soutenir leur inefficacité
Rédigé par : Esten | 27 septembre 2015 à 22:37
Merci pour cet article, ça fait du bien à lire, encore que, bien sûr, on aurait préféré qu'il n'y ait pas matière à...
Intéressant de suivre l'avenir des thèses en préparation !
Un petit tour dans le fichier des thèses qui rassemble tous les sujets déposés, nous apprend que :
- "La régulation des bruits nocturnes dans le quartier Oberkampf" n'y figure pas (pas encore ?).
- L'auteur du sujet comparatif Paris/Madrid se propose de "mettre en avant les tensions entre temps nocturne et temps diurne, entre formel et informel, à la suite des travaux d'A. Cauquelin et de L. Gwiazdzinski". Ce dernier avait exposé des vues très personnelles en faveur des attraits du développement du noctambulisme lors d'un compte-rendu de mandat de Bertrant Delanoë en 2012.
Question à "Vivre le Marais" et à "Vivre Paris " : le thésard qui ^prépare son sujet depuis près de 3 ans a-t-il, lui, demandé à vous auditionner ?
Parce que question tensions, vous, les associations, vous avez une certaine expérience on dirait ! De la bonne vraie expérience de terrain, avec plein de documents qui en disent long sur ce qui se passe en vrai. Une mine d'or pour un chercheur.
Rédigé par : Michel | 27 septembre 2015 à 19:13
Encore un "projet" bidon de la Mairie ! Votre compte rendu est très clair, ce fut un fiasco coûteux pour le contribuable. Une critique cependant sur votre rapport. la référence péjorative quant à Rodez me choque en tant qu'Aveyronnais.......sauf si c'est une allusion à un ancien propos de Bertrand Delanoë....?
Rédigé par : François Douady | 26 septembre 2015 à 18:42
Cà sonne comme de la vieille politique qui prend littéralement les gens pour des "couillons"! Faux, les gens sont mieux informés de nos jours et se renseignent et réfléchissent, ce qui les amène à être écoeurés de telles pratiques comme le décrit très justement la représentante de "Vivre Paris".
Cà me rappelle aussi un énoncé de Richelieu (approximatif): " Donnez à un honnête homme dix lignes à écrire, et je trouverai toujours quelque chose pour le faire pendre". On nous prend vraiment pour des "canards sauvages"!
Rédigé par : PPJ | 26 septembre 2015 à 17:57
Ce qui me semble caractériser cette époque où la communication est reine, c'est l'aptitude des politiques à s'en servir et leur tropisme vers la pratique de l'intoxication à outrance.
Ainsi, et c'est bien que vous le dénonciez, ils essaient à la mairie de Paris, avec de gros mpoyens, de nous persuader qu'il faut que Paris s'agite la nuit sans préjudice de l'opinion des principaux intéressés, les parisiens, qui travaillent durement et veulent se reposer la nuit.
Il en est de même avec les Jeux Olympiques de 2024. La campagne qui vient de commencer à grands frais veut nous faire croire qu'on y est favorable à Paris. Pourtant, des enquêtes d'opinion font ressortir qu'à 85% les parisiens y sont opposés. Attendons nous à ce que les organisateurs et tous ceux qui y ont un intérêt économique fabriquent des sondages ad hoc qui affirmeront le contraire.
Rédigé par : Leonardo | 26 septembre 2015 à 17:43
En se promenant boulevard des Invalides un soir de semaine froid et pluvieux, on ne risque pas de rencontrer grand monde. On peut hâtivement en conclure que Paris est calme et que toutes les personnes qui se plaignent des nuisances sonores sont des affabulateurs. C'est comme si des extra-terrestres débarquaient en plein désert et en concluaient que la terre est inhabitée.
Et dire que la Ville et le ministère des Affaires étrangères donnent du crédit (dans tous les sens du terme) à ces clowns! L'argent public (notre argent) est bien mal employé.
Rédigé par : Gilles Pourbaix | 26 septembre 2015 à 17:16
Ahahah ! Ce compte-rendu m'a fait hurlé de rire ....merci de garder de l'humour face à cette pitoyable bêtise : Décidément, La Mairie de Paris brille par sa niaiserie .....j espère que les "blairots de la nuit " n'ont pas trébuché sur les familles avec enfants qui dorment sur les trottoirs parisiens ....ça me rappelle le journal que tenait Louis 16 : aujourd'hui : rien ! ....
Rédigé par : Marie | 26 septembre 2015 à 15:50
Ah oui, les Pierrots sont bien gourmands ... des horaires décalés et des subsides de la Dame Mairie
"Qu'importe les jours pourvu qu on ait les nuits", c'était une pub des années 80 pour une célèbre marque de spiritueux ...
Qu'il est doux et agréable de festoyer en dehors de ces voies balisées et finalement bien mal famées
Rédigé par : Michel | 26 septembre 2015 à 15:23
Du flan, de l'esbroufe, du vent que ces rencontres
une mise en scène puérile, scolaire et vaine que ces traversées.
La traversée historique de Paris, une stimulante exposition temporaire située dans la Grande Arche
Les promenades, les errances, les déambulations des surréalistes, de Louis Aragon, Paris est une fête même, Place Clichy justement ...
Les Pierrots et les thésards devraient faire un passage par la littérature sans pour autant en conclure qu il n'y a plus rien à Paris, ce qui ne serait vraiment pas de mise
Quand on baguenaude dans les rues de Paris à 4h, c'est pour être seul en général, ou pour régler une urgence
ou bien ouvrir un club de noctambules "Les insomniaques"
Vraiment l'auteur a bien raison: Rien de nouveau ni sous le soleil, ni sous la lune au demeurant...
Rédigé par : Michel | 26 septembre 2015 à 15:19