Le "Golden Gate Bridge", si caractéristique de San Francisco
Plusieurs reportages et émissions de télévision ont été réalisées sur le pari pris en 2009 par la ville de San Francisco, et que s’apprêtent à prendre d’autres villes, sur l’élimination des déchets. L’objectif étant de parvenir à zéro déchet en 2020, c’est-à-dire demain.
Ce plan, exigeant et lourd à mettre en œuvre, a commencé pour les habitants, à obligatoirement trier leurs déchets sous peine d’amende. Des puces ont été posées au fond des poubelles. Les sacs plastiques sont interdits (remplacés par des sacs papier payants recyclables). Des taxes sont perçues sur les débris non recyclables.
Chaque maison, chaque immeuble, dispose de 3 poubelles (verte, noire et bleue). Elles sont utilisées en fonction du type de déchet mis au rebut. La ville peut déjà aujourd’hui se targuer d’éliminer elle-même 80 % des déchets produits (contre 40 % pour la plupart des autres grandes villes américaines), ce qui est énorme.
Toute infraction due au non-respect du tri demandé est passible, selon son importance, d’une amende de 100 à 1.000 $.
Alignement de containers dans une rue de San Francisco
Au fil des années les habitants ont appris et compris que ces déchets ne sont plus une charge mais constituent des ressources qu’il faut savoir gérer tout en acceptant que la collecte reste payante afin de financer le « système ». La nourriture constitue à l’évidence une part significative du tonnage de déchets ramassés quotidiennement ce qui a conduit les autorités à sensibiliser la population et les fabricants sur l’utilité de redistribuer vers les banques alimentaires, plutôt que de gaspiller et de jeter les aliments qui finiront brûlés.
Afin de ne rien perdre, les textiles aussi sont récupérés (20 0000 tonnes étaient habituellement mis à la décharge chaque année). Ils sont maintenant déposés dans des containers en toute sécurité chez les commerçants (ce qui justifie une réduction sur les achats dans certaines enseignes) évitant ainsi qu’ils en soient pillés. Ils sont ensuite triés et recyclés (en matériau d’isolation par exemple).
L'année 2016 verra l’application d’une nouvelle mesure du plan élaboré par la ville portant sur l’interdiction de vendre et de distribuer des bouteilles d’eau à usage unique sur la voie publique (des fontaines à eau seront installées dans toute la ville et seuls des verres biodégradable pourront être distribués lors d’événements publics), la récupération, le recyclage des bouteilles plastique et leur traitement étant particulièrement onéreux. Ce plan, notablement critiqué pourtant lors de son lancement, est en passe de réussir. Ses résultats ont d’ailleurs convaincu ceux qui étaient les plus opposés à sa mise en place. Il a permis aux habitants d’adopter un comportement citoyen chacun ayant compris en l'appliquant tout l’intérêt qu’il présentait tant au plan économique qu’au plan environnemental.
La ville, il faut le signaler, y gagne également en propreté, sujet lié à l'élimination des déchets.
D’autres villes américaines, des villes étrangères et même des états de l’Union sont acquis à l’idée de mettre en œuvre un type de plan identique, tout n’étant finalement qu’une question de volonté.
Pourquoi alors Paris qui rêve d'être à la pointe dans bien des domaines ne suivrait-elle pas les traces de San Francisco en mettant en place un plan pluri-annuel ambitieux de cette ampleur ? Elle en deviendrait le fer de lance en France et en Europe où des expériences commencent à être engagées. La ville et ses habitants en seraient les grands bénéficiaires avec comme corollaire une propreté, dont nous dénonçons les insuffisances (voir notre article du 17 août 2015), en nette amélioration, la capitale en a vraiment grand besoin !
Dominique Feutry